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Peut-on dire "C'est plus fort que moi" ?

Publié le 28/08/2004

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Les hommes refusent ce qui les blesse et y opposent une farouche résistance. Or, continue Freud : « Un troisième démenti sera infligé à la mégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison. « L'individu est pluriel : il n'est pas seulement une conscience maîtresse d'elle-même ; il subit un inconscient qui le pousse à agir malgré lui. Redécouvrir et explorer cette zone d'ombre en nous, cette force qui nous rend passif, ce déchirement de l'homme reste le principal acquis de la psychanalyse. Nous avons tous des névroses ou des phobies Certains hurlent à la vue d'une araignée (arachnophobie). D'autres éprouvent une peur panique dès qu'ils se sentent enfermés (claustrophobie). D'autres encore ont peur des grands espaces découverts ou de la foule (agoraphobie). Inutile de multiplier les exemples. Dans tous les cas, je peux dire de ma réaction: «c'est plus fort que moi!« La passion peut dominer la vie de l'esprit Si entre le plaisir de boire et l'alcoolisme, il y a un pas à ne pas franchir, c'est précisément parce que l'alcoolisme est un état de dépendance. C'est un désir passager est devenu capable de dominer la totalité d'une personnalité et de s'y installer durablement.

« Freud va être amené à concevoir que bon nombre de maladies, maisaussi d'actes quotidiens s'expliquent si l'on admet l'hypothèse del'inconscient.

Il y aurait en nous u « réservoir » de forces et de désirs(ou pulsions) dont nous n'aurions pas conscience, mais qui agiraient surnous..

Pour le dire brutalement, en ce sens, l'homme n'agirait pas (nechoisirait pas ses actes e toute connaissance de cause, dans laclarté), mais serait agi (c'est-à-dire subirait, malgré lui, des forces lecontraignant à agir) : il ne serait pas « maître dans sa propre maison »,il ne serait pas maître de lui.Empruntons à Freud un exemple simple.

Un président de séance, àl'ouverture dit « Je déclare la séance fermée » au lieu de dire « Jedéclare la séance ouverte ».

Personne ne peut se méprendre sur sessentiments ; il préférerait ne pas être là.

Mais ce désir (ne pas assisterau colloque) ne peut s'exprimer directement, car il heurterait lapolitesse, les obligations sociales, professionnelles, morales du sujet.Notre président subit donc deux forces contraires : l'une parfaitementen accord avec les obligations conscientes, l'autre qui ne l'est pas etqui ne peut s'exprimer directement, ouvertement.

Il y a donc conflit, ausein du même homme, entre un désir conscient, conforme aux normesmorales et un autre désir plus « gênant ».

Or, dans notre exemple, cesecond désir, malgré la volonté de politesse du président, parvient às'exprimer, mais de façon détournée, anodine : on dira que « sa langue a fourché ».Ici, l'exemple est simple dans la mesure où le président a sans doute parfaitement conscience qu'il ne veutpas être là.

Mais dans bon nombre de cas, quand ma langue fourche, je ne sais pas pourquoi, c'est-à-dire quej'ignore moi-même ce qui me pousse à dire tel mot plutôt qu'un autre.

Or pour Freud le cas est exactementidentique et s'interprète de même, comme le conflit entre deux désirs dont l'un est gênant et peut être ignorépar le sujet.

Il n'y a pas d'actes innocents ou anodins.

Tous sont révélateurs d'un affrontement en moi dedeux forces.L'hypothèse Freudienne de l'inconscient revient à dire que bon nombre d'actes « normaux » (oubli, actesmanqués, rêves), mais aussi « maladifs », pathologiques (névroses, psychoses, obsessions) s'expliquent engros selon le même schéma.

L'individu subirait un conflit psychique (dans son âme), conflit parfoisextrêmement violent entre les normes conscientes (morales, esthétiques, sociales) et des désirs quibousculent et négligent ces règles.

Ce second groupe de désirs, le sujet les trouverait, s'il en avaitconscience, tellement monstrueux, qu'ils ne peuvent parvenir à la conscience que sous une forme voilée,déformée, indirecte : le lapsus, le rêve, ou le symptôme maladif.Le symptôme est donc un compromis entre le désir inconscient et inavouable que je subis, et les normesconscientes et morales que j'accepte.

« Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'aipas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même,ce conflit, ce symptôme.L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, mapsyché) ne m'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi.

C'est ainsi qu'il faut comprendre notrepassage : la psychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propremaison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, endehors de sa conscience, dans sa vie psychique ».

La plupart des choses qui se passent dans l'âmeéchappent à la conscience.Pour Freud, on a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens :• De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et les rêves ;• De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agitele patient.Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir.Le but de la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et necontrôle pas , puisse recouvrer sa liberté.En effet, la psychanalyse découvre que « Je est un autre » pour reprendre Rimbaud.

Il y a en moi un autre ,un ensemble de forces, un inconscient qui me pousse à agir malgré moi.

Je subis un conflit dont je n'ai pasconscience, qui est souvent la trace d'un choc vécu durant l'enfance.

En ce sens je suis un être passif et agi,qui n'a ni le contrôle de lui-même, ni de son passé, un être scindé.

Le but de la cure est de faire en sorte queje prenne conscience de ce conflit, que je reprenne la maîtrise de mon histoire.

Au lieu de subir ce que je neconnais pas, je choisirai en toute conscience.

Au lieu de la « politique de l'autruche » de l'inconscient, il yaura le choix d'un sujet maître de lui-même.Enfin, notre passage est important en ce que Freud y explique les résistances à la psychanalyse.

« Dans lecours des siècles, la science a infligé à l'égoïsme naïf de l'humanité deux graves démentis ».

Avec Copernic,elle a montré à l'homme qu'in n'était pas au centre de l'univers.

Avec Darwin, elle est en train de montrer quel'homme est un animal comme les autres, qu'il y a en lui une origine animale.Ces deux sciences ont blessé l'orgueil humain, ont montré à l'homme que son sentiment de supériorité étaitnaïf et erroné.

C'est pourquoi les thèses de Copernic valut un procès à Galilée, devant l'Inquisition en 1633.C'est pourquoi les thèses de Darwin sont jugées à l'époque scandaleuse.

Les hommes refusent ce qui lesblesse et y opposent une farouche résistance.

Or, continue Freud : « Un troisième démenti sera infligé à lamégalomanie humaine par la recherche psychologique de nos jours qui se propose de montrer au moi qu'il n'est. »

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