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Peut-on dire que ce qui est vrai est ce qui réussit ?

Publié le 23/02/2004

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Le vrai fait problème depuis les débuts de la philosophie : il s'agit non seulement de le découvrir, mais, plus radicalement, de le définir, de savoir en quoi il consiste. Peut-on dire que le vrai est ce qui réussit? En apparence, cette formule aurait au moins l'avantage d'une certaine simplicité, d'un côté «réaliste« ou « terre à terre«. Puisque le désir de vérité est interne à l'exigence de connaissance humaine, et puisque cette dernière concerne en particulier le monde extérieur, la «réussite« apparaît d'abord comme un critère adapté au monde, puisqu'il implique la possibilité d'une vérification par la pratique, par les faits, de toute proposition ou élément de savoir. Cette référence au réel«, à l'empirique, coupe court aux difficultés classiques des définitions métaphysiques du vrai. Toutefois, on peut aussitôt faire deux remarques:
  • 1) La définition proposée exige une définition antérieure de la « réussite «. Si l'on conçoit celle-ci comme venant simplement sanctionner toute tentative d'application d'un savoir au réel, on se heurte à un argument sceptique : il se peut que l'application de ce que je crois vrai produise le résultat prévu, mais rien ne peut me garantir que ce résultat n'est pas en fait produit par une autre causalité qui reste secrète;
  • 2) si l'on admet par hypothèse qu'est vrai ce qui réussit, on constate que la réciproque n'est pas soutenable: une action peut être efficace sans impliquer la connaissance de la vérité. On est de ce point de vue obligé d'affirmer un écart de nature entre le comportement empirique et le savoir théorique.
 
Pour le pragmatisme, est vrai ce qui réussit, a des effets positifs. Ainsi, on pourra dire qu'une illusion est vrai parce qu'elle est utile. Cette approche est opposée au dogmatisme. Mais, ce qui est vrai n'est pas ce qui réussit. Les conséquences d'une telle vision sont dangereuses. Le vrai n'est pas l'utile mais ce qui correspond à la réalité.
  • I) Le vrai est ce qui réussit.
a) Dieu existe parce qu'il est utile. b) Le pragmatisme est une ouverture d'esprit. c) La vérité est relative.
  • II) Le vrai n'est pas ce qui réussit.
a) Les thèses du pragmatisme sont dangereuses. b) Juger le vrai par l'efficacité est absurde. c) La vérité-correspondance.
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« service de l'action.

Les idées ne sont que des outils dont nous nous servons pour agir : l'idée vraie c'estcelle qui paie le mieux, celle qui a le plus de rendement, qui est la plus efficace. Pour apprécier la valeur de cette théorie il faudrait savoir quel sens donner aux formules de James . L'idée vraie c'est l'idée utile.

Mais que veut dire « utile » ? Faut-il prendre le mot au sens de vérifiable ? En ce cas le pragmatisme est très acceptable.

Descartes lui-même, si attaché qu'il fût aux « idées innées » et aux évidences pures, reconnaissait qu'il se rencontre « beaucoup plus de vérité dans les raisonnements que chacun fait touchant les affaires qui lui importent et dont l'événement le doit punirbientôt après s'il a mal jugé, que dans ceux que fait un homme de lettres dans son cabinet touchant desspéculations qui ne produisent aucun effet. » Malheureusement le mot « utile » tel qu'il est employé par les pragmatistes a le sens le plus large et le plus vague.

James n'a jamais rien fait pour en dissiper l'équivoque : « Ce qui est vrai c'est ce qui est avantageux de n'importe quelle manière. » Ainsi une loi physique ou chimique est vraie si elle a des applications techniques fécondes.

Mais aussiune croyance politique est vraie si elle me donne « bonne conscience », si elle me justifie ; une théorie philosophique est vraie si elle calme mes inquiétudes, si elle assure « mon confort intellectuel », une religion est vraie si elle est consolante, si elle me permet de m'améliorer moralement.

L'idée de Dieu estcomme toutes les autres idées, elle n'est vraie que si elle est rentable et James déclare sans ambages :« Dieu est une chose dont on se sert.

».

La religion n'a pas de valeur en soi, en tant qu'activité désintéressée de l'esprit, mais elle en a une en tant qu'elle permet d'exercer une action pratique.

« Je dois d'abord vous rappeler ce fait que posséder des pensées vraies, c'est, àproprement parler, posséder de précieux instruments pour l'action.

Je dois aussi vousrappeler que l'obligation d'acquérir ces vérités, bien loin d'être une creuse formuleimpérative tombée du ciel, se justifie, au contraire, par d'excellents raisonstechniques. Il n'est que trop évident qu'il nous importe, dans la vie, d'avoir des croyances vraiesen matière de faits.

Nous vivons au milieu de réalités qui peuvent nous être infiniment utiles ou infiniment nuisibles.

Doivent être tenues pour vraies, dans lepremier domaine de la vérification, les idées nous disant quelle sorte de réalités,tantôt avantageuses pour nous, tantôt funestes, sont à prévoir.

Et le premier devoirde l'homme est de chercher à les acquérir.

Ici, la possession de la vérité, au lieu,tant s'en faut ! d'être à elle-même sa propre fin, n'est qu'un moyen préalable àemployer pour obtenir d'autres satisfactions vitales [...]. Mais, maintenant, que faut-il entendre par « l'accord » que la définition couranteexige à l'égard de la réalité ? C'est ici que le pragmatisme et l'intellectualismecommencent à se fausser compagnie.

Le fait d'être « d'accord », au sens le plus largedu mot, avec une réalité, ne peut être que le fait, ou bien d'être conduit tantôt toutdroit à elle, tantôt dans son entourage, ou bien d'être mis en contact effectif etagissant avec elle, de façon à mieux opérer soit sur elle-même, soit sur unintermédiaire, que s'il y avait désaccord [...] J'en viens donc à dire, pour résumer toutcela : « le vrai » consiste tout simplement dans ce qui est avantageux pour notrepensée, de même que « le juste » consiste simplement dans ce qui est avantageuxpour notre conduite.

» James , « Le pragmatisme ». La conception pragmatiste de la vérité vient de ce que James subordonne la pensée à l'action.

La réussite de celle-ci devient dès lors le juge de la vérité ou de la faussetéde nos « croyances » ou idées.

Cette vision utilitariste de la vérité s'opposeabsolument à la conception spéculative des philosophes grecs, et d'une manièregénérale à ce que James appelle l' « intellectualisme », c'est-à-dire une définition de la vérité comme simple contemplation du réel :la vérité ne satisfait pas une exigencespéculative désintéressée (elle n'est pas « à elle-même sa propre fin »), elle répond à « d'excellentes raisons pratiques ». Cela signifie pas que la vérité est arbitraire, et qu'il n'existe pas de vérités objectives,comme le croyait Protagoras .

La vérité est bien concordance avec le réel, mais pas en le copiant : en nous guidant à travers lui et en permettant à nos actions d'avoirprise sur lui.. »

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