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Peut-on dire que la technique est inhumaine ?

Publié le 13/12/2005

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technique
[...] L'astronomie est née de la superstition ; l'éloquence, de l'ambition, de la haine, de la flatterie, du mensonge ; la géométrie, de l'avarice ; la physique, d'une vaine curiosité ; toutes, et la morale même, de l'orgueil humain. Les sciences et les arts doivent donc leur naissance à nos vices : nous serions moins en doute sur leurs avantages, s'ils la devaient à nos vertus. » J.J. ROUSSEAU, discours sur les sciences et les arts.   ·         D'après Rousseau, on peut envisager que le progrès des techniques n'entraine pas nécessairement un progrès moral. ·         Le penseur met ici en exergue le manque de pertinence de considérer que la technique, parce qu'elle est un outil de l'homme, doive être nécessairement bonne. ·         La question, plus générale qui se pose aussi, est celle de la place de l'homme dans le progrès de la technique. ·         N'est-il pas dépassé par elle ?

Analyse du sujet. ·         La première chose qui doit nous apparaître  concerne la définition même du terme « technique « : l’ensemble des règles qui permettent de mener à bien une activité. C’est à dire, ce que l’on se donne comme champs pour agir. ·         La technique est alors un attribut humain. En effet, l’animal n’agit strictement que selon des règles naturelles, aucunement artificielles. Seul, l’homme parvient à créer des règles lui permettant de réaliser ses buts. ·         En second lieu, nous pouvons aussi définir la technique comme étant nécessaire à l’homme. Dans son dialogue intitulé Protagoras, Platon démontre par le mythe de Prométhée que l’homme ne peut vivre sans technique (320d-321d). ·         Aussi, dire que la technique est inhumaine consiste à poser un paradoxe. La technique ne peut en effet n’être qu’humaine. ·         Il faudra donc se souvenir que : o   l’on ne peut dissocier la technique de l’homme ; o   la technique est sans doute ce qui permet la survie de l’homme dans la nature ; ·         Ensuite, il faut aussi s’intéresser à la forme de la question posée : Peut-on. En droit et en faits. o   Peut-on dire que la technique est inhumaine, mais dans ce cas qu’est-elle ?ou existe-t-il quelque chose que l’on nomme technique ? Que fait aussi l’homme si ce n’est pas une technique ? o   Ou alors avons-nous le droit de le dire ? Peut-on considérer la technique comme une marque d’inhumanité, quelque chose qui puisse nous empêcher d’être hommes. ·         Enfin, nous devrons garde en tête que le terme inhumain est un terme fort : il ne s’agit pas exclusivement de ce qui n’est pas humain, comme l’animal ou Dieu, mais de ce qui est opposé à l’humain (barbaries de la seconde guerre mondiale, crimes contre l’humanité, génocides, etc..). Problématisation. Dire que la technique puisse être inhumaine est paradoxal : la technique n’est d’une part qu’humaine, d’autre part elle est nécessaire à l’homme. Cependant, la technique est-elle maitrisée ? Dans les faits, l’homme est-il assuré de s’accomplir par la technique ? Alors, il faudra se demander en quoi la technique peut être inhumaine, au sens le plus fort du terme. De même, il faudra se demander si l’humanité peut survivre sans technique. Enfin, nous chercherons comment sortir de ce paradoxe qui peut faire que la technique puisse se penser à la fois inhumaine et indissociable de l’homme.

 

technique

« « C'était une ancienne tradition passée de l'Egypte en Grèce, qu'undieu ennemi du repos des hommes était l'inventeur des sciences.

[...]L'astronomie est née de la superstition ; l'éloquence, de l'ambition, dela haine, de la flatterie, du mensonge ; la géométrie, de l'avarice ; laphysique, d'une vaine curiosité ; toutes, et la morale même, del'orgueil humain.

Les sciences et les arts doivent donc leur naissance ànos vices : nous serions moins en doute sur leurs avantages, s'ils ladevaient à nos vertus.

» J.J.

ROUSSEAU, discours sur les sciences et les arts . · D'après Rousseau, on peut envisager que le progrès des techniques n'entraine pas nécessairement un progrès moral. · Le penseur met ici en exergue le manque de pertinence de considérer que la technique, parce qu'elle est un outil de l'homme,doive être nécessairement bonne. · La question, plus générale qui se pose aussi, est celle de la place de l'homme dans le progrès de la technique. · N'est-il pas dépassé par elle ? Peut-il encore en avoir la maitrise ? · Que faire lorsque l'outil se révolte ? En laissant les visions futuristes (et souvent pessimistes) d'auteurs de Sciences fictions telsPhilip K Dick ou Isaac Asimov, nous pouvons dès à présent constaterles risques moraux que représente l'Intelligence artificielle ou leclonage. · Dans de tels cas, l'homme ne semble tenir dans la technique qu'un moyen de se mettre en danger. 3.

A-t-on le droit de voir la technique comme inhumaine ? · La technique est-elle inhumaine ? Si nous avons vu qu'en bien des cas, elle pouvait faire commettre à l'homme des erreurs dramatiquement néfastes pour lui, nous devons nous demander sinous pouvons la juger comme inhumaine. · En effet, même si elle provoque une catastrophe absolue, toute technique n'est qu'humaine. Comme le soulignait Rousseau, elle tient de nos pires vices. · En cela, elle est donc on ne peut plus humaine.

Si moralement elle peut être jugée contraire à un devenir meilleur de l'homme, elle tient pourtant de l'humain. · Dire que al technique est inhumaine peut alors avoir un sens de refus d'admettre la vérité : si al technique est destructrice, totalisante, antihumaine, c'est parce que l'homme l'a conduite ainsi. · En effet, un ordinateur, s'il programme un jour un système d'envoi de missiles nucléaires sur l'ensemble des nations, ne le fera pas par violence, ou même par intérêt.

Certes, il n'aura aucunehumanité en le faisant, mais pour autant, il ne sera pas inhumain.

Juste non-humain. · Dire de la technique qu'elle est inhumaine semble donc être un prétexte à l'homme pour ne pas voir son propre penchant à sa destruction. · En ne maitrisant plus la ses propres moyens techniques, il peut créer un monstre, à l'image de la Matrice du film éponyme.

Mais cette matrice et agit de façon humaine : elle cherche sa survie, et sedote de moyens appropriés pour y parvenir. Conclusion. Dans son film les Temps Modernes, Charlot se fait embarquer dans une série d'engrenages illustrant depuis ledépassement de l'homme par la technique.

Ce dernier ne semble plus la maitriser.

Nous avons vu qu'en effet latechnique pouvait s'avérer être un outil dangereux pour l'homme, oubliant alors ses propres fins et mettant l'hommeen face de l'horreur.

Cependant, nous avons aussi pu comprendre que la technique était, quel qu'en soient lesconséquences, de l'homme.

Dans ce paradoxe, nous comprenons que nous ne pouvons nous contenter deconsidérer comme nécessaire le progrès des techniques, y compris s'il va à notre encontre.

SI elle devientinhumaine, la technique ne peut en porter seule la faute : l'homme est le technicien.

Loin d'être divin, il n'a pasencore réussi à donner un libre arbitre à ses créations.

Aussi, ne peut-il considérer ces dernières contre inhumainesans en tenir la responsabilité.

A l'humanité de veiller sur ses créations si elle souhaite rester elle-même humaine.. »

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