Peut-on et doit-on tout dire ?
Publié le 14/03/2004
Extrait du document
Les obstacles à
l'exhaustivité du discours
Avons-nous la possibilité de tout dire ? De multiples censures,
d'ordre politique ou social, semblent nous inciter à répondre à cette
première question par la négative.
Cette autre censure qui, selon Freud, contraint nos désirs inconscients
à revêtir un masque - particulièrement lorsque nous rêvons - constitue,
elle aussi, un obstacle à la complète formulation de ce qui constitue
notre personnalité.
Bergson a même prétendu que c'est le langage lui-même qui constitue une
censure, et qu'il interdit l'expression de certains sentiments intimes,
de telle ou telle émotion ineffable.
Il n'est pas séant de tout dire
Tout dire serait indélicat : la sotte «franchise», devant un mourant
par exemple, peut s'identifier à une cruauté.
La psychanalyse nous apprend, quant à elle, que le trait d'esprit
constitue une habile formation de compromis entre l'envie que nous avons
de dire son fait à quelqu'un dont le comportement nous déplaît et le
respect des bienséances sociales.
Blasphèmes («parbleu !», etc.) et mots tabous («cancer», «mort»,
«aveugle», etc.), fussent-ils bien souvent interdits du fait d'une
fausse pudeur déplacée, nous rappellent combien la vie sociale requiert
un parler feutré, qui ne choque point nos semblables et qui s'interdise,
par conséquent, de tout dire.
Il est des cas dans lesquels il est convenu que l'on doit tout dire
Dans le catholicisme romain, la pratique de la confession prescrit
au croyant de tout dire, c'est-à-dire de rendre compte devant le prêtre
de chacun de ses faits et gestes.