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Peut-on se donner pour règle morale de suivre la nature ?

Publié le 15/04/2004

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morale

• Le terme nature peut être pris en des acceptions différentes :

1. Certains parlent de nature « en l'homme « en tant qu'être psycho-organique : (« tendances «, « besoins «, « instincts «). Sens purement « naturaliste «. 2. On a également considéré que la « nature de l'homme « intégral (l'homme com-pris dans la totalité de ses facultés) inclut la conscience morale et la raison capables de concevoir un idéal de valeurs. 3. On peut enfin comprendre par nature le monde extérieur à l'homme. 4. On peut enfin comprendre par ce mot Yensemble de tout ce qui existe.

• Nature et vie morale.

— La moralité peut-elle être fondée sur la nature entendue au sens I (voire 3) ? Peut-on parler de moralité sans se situer sur le plan des valeurs, sans penser une différence entre ce qui est et ce qui doit être, entre le positif et le normatif, entre le fait et le droit? — En va-t-il autrement si l'on invoque le sens 2 ? Ne pourrait-on soutenir que précisément, en ce cas, l'objet de la moralité est pour l'homme d'assumer pleinement sa « nature «? — Au sens 4, si l'on admet que la Nature définie ainsi implique un ordre universel et rationnel, la moralité ne consisterait-elle pas à se conformer à cet ordre, à jouer le rôle spécifique qui lui serait assigné dans cet ordre?

• Comment connaître « la nature « ? Peut-on être assuré de la connaître ? Si non, que peut signifier suivre la nature ?

• La « nature « humaine existe-elle ? L'homme ou plutôt les hommes relèvent-ils de l'idée de « nature « ? S'ils n'en relèvent pas, que penser d'une invitation à cette « naturalisation « ?

La raison humaine, limitée, ne eput pas prétendre rivaliser avec la nature. C'est pourquoi l'atitude la plus sage est de se conformer aux lois et enseignements de la nature. Elle seule peut guider notre conduite. TOUTEFOIS, l'homme n'est pas un être naturel, il s'inscrit dans la culture. De plus, la morale naturelle est celle-ci: les gros poissons mangent les petits ! L'homme doit donc s'éloigner de cette nature amorale voire immorale.

morale

« Les valeurs prônées par cette loi n'ont pas de réalité propre : elles consistent dans le retournement axiologique de laréalité de la force, et l'égalité de droit n'est que la dénégation de l'inégalité de fait.

Elle est donc sans consistance.Les meilleures dispositions sont laminées par l'éducation égalitariste.Le vrai droit est celui de la nature qui est foncièrement inégalitaire.

En effet, il est universel, nécessaire, irrécusable.Cette fausse loi sous laquelle nous vivons est intrinsèquement fragile, puisqu'elle se maintient en s'appuyant sur unverbiage sans répondant, et grâce à l'absence momentanée d'un individu suffisamment fort pour la renverser en luiet hors de lui. Discussion de chaque argument Calliclès confond expression et représentation.

S'il est vrai que les lois représentent la masse, elles ont une réalitéqui ne lui est pas réductible.

La vraie question est donc celle de la spécificité du politique : un ordre d'existence queson absence de répondant réel n'autorise pas à qualifier d'illusoire.Calliclès suppose que l'homme est un être sorti tout constitué de la nature, c'est-à-dire qu'il est un simple vivant,alors qu'il est le produit des lois.

Il est donc absurde de considérer que les lois l'oppressent : elles le constituentcomme sujet.L'égalité conditionne l'idée même de loi, à la fois parce qu'elle doit être la même pour tous et qu'elle effectue laforme même de la réflexion, puisque réfléchir revient à se poser soi-même comme un sujet indifférent c'est-à-direjuridiquement égal aux autres.

La loi a la consistance de la réflexion, acceptée par le discours de Calliclès en tantque c'est un discours et non un pure violence.La cité, dit Aristote, exclut aussi bien ceux qui sont trop inférieurs (bestialité) que ceux qui sont trop supérieurs (lesdieux, les héros), puisqu'il est impossible à l'individu moyen de se reconnaître en eux.

Toute éducation a donc bienune dimension de dressage à la " semblance " (être le même que soi parce qu'on s'est soumis à ce qui rassemble lessemblables) c'est-à-dire à la médiocrité.

Cependant les dispositions exceptionnelles ne sont pas naturelles maishumaines (l'idée d'un gène de la musique, de la philosophie ou des mathématiques est absurde, puisque ce sont desréalités exclusivement culturelles) : les " dons " sont des attitudes envers le monde et surtout envers soi-même(une éthique) motivées par une situation en fin de compte toujours sociale.

Dès lors si la vie commune peut parfoisétouffer de grandes individualités potentielles, elle est cependant le seul lieu de leur possibilité.

En réalité le dangerreste très minime : être une personnalité d'exception étant une question d'éthique et non pas de nature, autrementdit la semblance étant une position subjective et non un état objectif, il faudrait des circonstances extrêmementparticulières et rares pour qu'un individu ne soit pas totalement responsable de sa vie.

Donc même si l'on admetcette absurdité que constitue l'idée d'un don naturel, l'argument de Calliclès qui attribue cette responsabilité à lasociété reste sans portée réelle.Calliclès confond le fait et le droit : la nature atteste de ce qui est, pas de ce qui doit être.

Quand il s'agit des loisde la cité, son invocation est donc nulle par principe.

D'autre part il confond l'universalité des lois de la nature quiest absolue ou a priori (si on ne la pose pas l'idée même de nature n'a aucun sens, et avec elle la simple éventualitédu savoir) et celle des lois de la cité qui est relative ou réflexive (c'est le rapport du peuple à lui-même).

Autrementdit il confond la réalité où s'effectue la nécessité des lois de la nature avec la représentation où s'effectue celle deslois de la cité.La culture n'a pas de répondant et c'est précisément en cela qu'elle s'oppose à la nature : l'arbitraire n'est pas safaiblesse mais sa force, puisqu'on peut seulement contester ce qui se présente comme fondé.

On n'obéit donc pas àla loi parce qu'elle est utile, mais simplement parce que c'est la loi.

Voulant fonder la loi dans la réalité, Calliclèsl'abolit donc : il n'y aurait plus que la nature.

Mais il réfute lui-même la thèse que cela pourrait constituer en prônantle droit du plus fort en déplorant un pouvoir que les faibles exercent...

pour la seule raison qu'ils sontmomentanément les plus forts.

On comprend ainsi que ce n'est pas du tout de la nature qu'il parle : devant êtreimposée d'une manière volontaire et non par la seule immanence de sa nécessité, cette " nature " est en réalitépurement idéologique, comme à chaque fois qu'on veut y voir un modèle.

Dès lors, la vérité de son argumentationapparaît à la fin du texte : il veut seulement un maître, grâce auquel il sera enfin débarrassé de sa liberté en sedissolvant dans la semblance universelle. b) Premier argument critique de cette position:Ce rapport violent et naturel est justement le contraire du rapport éthique.

Pour m'ouvrir à l'éthique, je dois cesserd'être une force naturelle indifférente au «visage», c'est-à-dire à la faiblesse de l'autre, et m'interdire de lui faireviolence (Lévinas). « Je pense plutôt que l'accès au visage est d'emblée éthique.

C'est lorsque vous voyez un nez, des yeux, un front, un menton, et que vous pouvez les décrire, que vous vous tournez vers autrui comme vers un objet.

Lameilleure manière de rencontrer autrui, c'est de ne pas même remarquer la couleur de ses yeux ! Quand on observela couleur des yeux, on n'est pas en relation sociale avec autrui.

La relation avec le visage peut certes être dominéepar la perception, mais ce qui est spécifiquement visage, c'est ce qui ne s'y réduit pas. Il y a d'abord la droiture même du visage, son expression droite, sans défense.

La peau du visage est cellequi reste la plus nue, la plus dénuée.

La plus nue, bien que d'une nudité décente.

La plus dénuée aussi: il y a dansle visage une pauvreté essentielle.

La preuve en est qu'on essaie de masquer cette pauvreté en se donnant desposes, une contenance.

Le visage est exposé, menacé, comme nous invitant à un acte de violence.

En même tempsle visage est ce qui nous interdit de tuer.

». »

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