Devoir de Philosophie

Peut-on donner le pouvoir à la morale ?

Publié le 02/09/2004

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morale

Mettant en place l'opposition, fondamentale dans la doctrine Platonicienne, entre la science et l'opinion, il oppose les vrais philosophes à ceux qui, amoureux des apparences, sont incapables de s'élever jusqu'à la vision du Beau et du Juste, et qui ne méritent pas le nom de « philosophe « - «qui aime la sagesse « - mais celui de « philodoxe « - « qui aime l'opinion «.C'est aux philosophes et non aux philodoxes que doit revenir le gouvernement de la cité. Au début du livre VI, Socrate trace des premiers un portrait particulièrement élogieux : le philosophe est « par nature, doué de mémoire, de facilité à apprendre, de grandeur d'âme et de bonne grâce « ; il est « parent de la vérité, de la justice, du courage et de la tempérance «. Comment dans ces conditions, lui refuser le gouvernement de la cité ? Rendant hommage à l'habileté de la démonstration de Socrate, un autre des interlocuteurs (Adimante) s'insurge contre les conclusions auxquelles il aboutit. Il objecte : « On voit bien que ceux qui s'appliquent à la philosophie, et qui, après l'avoir étudiée dans la jeunesse pour leur instruction, ne l'abandonnent pas mais y restent attachés, deviennent pour la plupart des personnages tout à fait bizarres, pour ne pas dire tout à fait pervers, tandis que ceux qui semblent les meilleurs, gâtés néanmoins par cette étude que tu vantes, sont inutiles aux cités. «Socrate n'en disconvient pas. Il souligne cependant que l'inutilité de la philosophie n'est pas le fait des philosophes, mais des citoyens qui se refusent à chercher conseil auprès d'eux. Socrate s'explique au moyen d'une image. Il compare la société à un navire dans lequel les marins, ignorants es lois de la navigation, se disputent le gouvernail et méconnaissent le seul vrai pilote qui pourrait les guider, préférant le tenir pour un « bayeur aux étoiles «, « un vain discoureur « et « un propre à rien «.

La morale est l’ensemble des prescriptions qu’impose le devoir. Le devoir est l’obéissance à une loi morale universelle que nous construisons nous-mêmes et suppose d’une manière ou d’une autre l’autonomie de la volonté. Le devoir exprime une obligation qui n’a rien à voir avec la nécessité et la contrainte. Car ce qui est obligatoire peut être fait ou ne pas fait, alors que je ne puis en aucun me soustraire à ce qui est nécessaire. Le devoir et l’obligation morale sont libres ; devant le nécessaire la volonté doit s’incliner. L’obligation juridique quant à elle est plus simplement ce que nous appelons communément la loi. Elle enjoint de ne pas faire quelque chose sous peine de sanction. En ce sens, donner le pouvoir à la morale se serait réduire la distinction entre la morale et le droit afin de produire une société morale (1ère partie). Pourtant, si la morale relève de l’intériorité, il n’en reste pas moins que le droit et tout pouvoir procède de l’extériorité. Dans ce cas, n’est-ce pas corrompre la morale en la rendant hétéronomique ? (2nd partie) Pourtant, produire un monde moral doit être en dernier ressort le but de toute constitution. Comment concilier ces deux approches ? (3ème partie)

morale

« Transition : Ainsi en vue de produire une République vertueuse il semble important de donner le pouvoir à la morale c'est-à-direde lier l'obligation morale à la loi.

Cependant, n'est-ce pas réduire la morale dans l'extériorité alors qu'elle relève del'intériorité. II – L'hétéronomie morale a) Si la morale ne peut pas avoir le pouvoir c'est bien parce qu'il y a une distinction nécessaire à faire entre le droitet la morale dans leur mode d'acquisition.

Pour Kant , comme on peut le voir à la lecture de la Fondation de la métaphysique des Mœurs et de l' Introduction à la Métaphysique des Mœurs la distinction entre droit et morale reprend la distinction entre l'intériorité de la loi et l'extériorité.

En effet on fait le devoir moral pour le devoir lui-même.

Il ne s'agit pas d'agir par devoir mais d'agir pour le devoir lui-même et c'est bien ce qui distingue le droit et lamorale.

La morale est l'intériorisation de la loi ; d'une loi que je me suis moi-même prescrite par l'usage de ma raison.Le droit lui exprime une loi déterminée par le législateur en vue de la survie et de la conservation du lien social et dela communauté tel que cela transparaît dans la proposition VI de L'Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique .

C'est pourquoi on peut d'ailleurs utiliser la métaphore du berger et de son troupeau dans le domaine politique.

L'essentiel est donc de distinguer entre l'intériorité de la loi morale et l'extériorité de la loi juridique.

Ainsil'impératif catégorique s'énonce de la manière suivante : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigéepar ta volonté comme loi universelle.

» ( Fondation de la Métaphysique des Mœurs ) tandis que l'impératif du droit s'énonce de la manière suivante dans l' Introduction de la Métaphysique des Mœurs : « Agis extérieurement de telle manière que l'usage de ton arbitre puisse coexister avec la liberté de tout homme selon la loi universelle ». b) Effectivement il faut bien prendre la compte la diversité de ces deux sphères à savoir le droit et la morale, entant que le droit est l'émanation de la volonté du législateur.

Or à confondre les deux on risque de dénaturer ou decorrompre l'essence et le but de l'Etat mais aussi celui de la morale qui peut s'exprimer à travers le paradigme del'Eglise.

Et c'est bien que ce nous dit Kant dans La Religion dans les simples limites de la raison .

L'Etat est une société civile juridique tandis que l'Eglise est une société civile éthique.

Bien évidemment les deux sociétéscoexistent ensemble puisque l'on peut être citoyen et membre d'une église.

D'un point de vue de la fin de l'histoire,Kant admet que ces deux sociétés seront unifiée dans la morale c'est-à-dire que la société civile juridique deviendraéthique à partir du moment où l'homme sera devenu un homme moral.

Le droit et la morale seront alors confondus :il n'y aura que la morale.

D'où l'injonction kantienne dans La Religion dans les simples limites de la raison : « malheur au législateur qui voudrait établir par la contrainte une constitution à fins éthiques ».

En effet, un législateur quivoudrait imposer, pour augmenter l'étendue de sa domination sur les esprits par exemple, ou trouver le moyen dedévelopper une communauté éthique par l'intermédiaire de la loi juridique manquerait son objet puisque la décision neserait plus le fait d'un libre choix opéré par le membre de la communauté politique mais imposée de l'extérieur, gaged'hétéronomie et non d'autonomie.

Cette décision ne serait donc pas libre, c'est pourquoi, chez Kant , le législateur juridique manquerait inéluctablement son objet.

Il rendrait justement impossible toute constitution possible d'unecommunauté éthique ; celui-ci devant être basée sur la liberté de la volonté, c'est-à-dire être le fruit d'un librechoix faisant référence à une décision intérieure et non à une mesure imposée de l'extérieur telle que le serait uneloi ordonnant aux citoyens d'entrer dans une communauté éthique.

Les lois de contraintes sont effectivement« inaptes par définition à produire un état éthico-civil ».

Il y a effectivement un conflit d'intérêt entre la loi éthiqueet la loi juridique dans la mesure où la rectitude de l'intention est impossible à obtenir sous l'effet de la contrainte.Autrement dit, il y aurait contradiction avec le principe de la vertu ce qui dans une constitution politique aurait poureffet de mélanger deux concepts hétérogènes. c) Ce qu'il faut remarquer ici c'est que Kant produit deux définitions, l'une pour le droit l'autre pour la morale qui sont quasiment identique.

La différence essentielle est celle de l'extériorité qui est bien marquée dans la citationmême.

Cependant, on peut remarquer alors que le droit dépend de la morale en raison de la référence à la loiuniverselle.

Donc bien qu'en interaction le droit et la morale se distinguent par le rapport d'intériorité ou d'extérioritéimpliqué vis-à-vis du sujet.

Mais si cette distinction était si claire que cela on pourrait se demander pourquoi Kant dans l'Idée d'une histoire universelle d'un point de cosmopolitique note cette phrase en faisant référence au problème de l'établissement d'une constitution la plus parfaite possible et du rôle de l'insociable sociabilité : « Parcette voie, un accord pathologiquement , extorqué en vue de l'établissement d'une société, peut se convertir en un tout moral .

» (proposition IV).

Le problème est alors de comprendre comment on peut former une république vertueuse. Transition : Ainsi on ne peut pas donner le pouvoir à la morale.

Ce serait réduire le moral au politique ce qui nuirait à l'un et à. »

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