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Peut-on être à la fois libre et heureux ?

Publié le 07/02/2004

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Peut-on accéder au bonheur tout en subissant des contraintes ?CONSEILS PRATIQUESPour traiter ce devoir, il importe de définir avec beaucoup de soin les notions de liberté et de bonheur. Souvenez-vous, en particulier, de l'eudémonisme des stoïciens, qui concilie le bonheur avec une liberté essentiellement intérieure, qui ne dépend que de nous. On peut être heureux en toutes circonstances : à condition de construire une liberté fondée sur le jugement.BIBLIOGRAPHIELes Stoïciens, Pléiade-Gallimard.ÉPICTÈTE, Manuel, Éditions de poche.[Introduction]Il n'est sans doute pas nécessaire de multiplier les sondages pour savoir si l'individu veut être libre. Pas davantage pour savoir s'il veut être heureux. Et si l'on juxtapose les deux adjectifs, la réponse garde toutes ses chances d'être positive : comment l'addition de deux situations admises comme bénéfiques ou favorables pourrait-elle basculer dans le négatif ? Il est toutefois possible que l'analyse des deux concepts en vienne à montrer qu'ils ne sont pas aussi compatibles qu'ils le semblent d'abord : peut-on être à la fois libre et heureux ?

« l'admiration de Kant, indépendamment des critiques qu'il adresse au stoïcisme en raison de son optimismemétaphysique —, mais elle semble malgré tout peu compatible avec une vie sociale sans cesse aux prises avec lescirconstances et la présence des autres. [B.

De l'indépendance sans bonheur à la liberté heureuse]C'est bien la présence des autres qui semble être de nature à contester aussi bien ma liberté que mon bonheur.

Nesont-ils pas un obstacle éventuel à ce que je veux faire, et par là même à la réalisation de mes voeux, sans laquellele bonheur paraît impossible ?Il n'est donc pas étonnant qu'un individu puisse rêver d'une vie solitaire : n'est-ce pas ainsi qu'il pourra faire ce qu'ilvoudra et trouver l'harmonie entre ses désirs et sa réalité ? Sans doute peut-on remarquer que la solitude ainsiimaginée est en général peu authentique : elle suppose des apports de la collectivité ; on rêve d'une île déserte,mais sans renoncer à certaines facilités de l'existence qui résultent de l'activité commune.

Et faire ce que l'on désireparce qu'on n'en est empêché par personne, est-ce une conception suffisante de la liberté ?Dans la fiction que construit Rousseau pour rendre compte de l'histoire humaine, le moment initial de la solitude (quicorrespond à ce qu'il nomme l'« homme de la nature ») n'est ni heureux ni malheureux, parce qu'il est sansconscience ni valeurs.

Il n'est pas davantage libre : l'homme solitaire ne bénéficie que d'une indépendance «naturelle », qui l'autorise certes à vivre selon un rythme dont il décide seul, mais qui lui fait en permanence courir lerisque de tous les dangers extérieurs.

Ce n'est en fait qu'avec la formation des premières sociétés qu'apparaissent— et simultanément — bonheur et liberté : le premier est possible par l'absence d'hypocrisie et de goût du paraître,ainsi que par l'absence d'inégalité ; la seconde suppose un accord entre les membres du groupe pour travailler encommun, partager équitablement les produits et s'unir pour se défendre quand il le faut.

Mais on sait que cebonheur, véritable âge d'or pour l'homme, dure peu : il est détruit par l'apparition de l'inégalité des conditions, quirésulte de désirs mal orientés et insoucieux d'autrui, et la société devient progressivement tyrannique, uneapparence de liberté devenant le privilège de quelques-uns.

A partir d'un tel schéma, l'homme ne pourra à nouveauêtre libre et heureux que lorsqu'auront été retrouvées, par des voies artificielles (celles du Contrat social) , desconditions équivalentes à celles dont a bénéficié trop brièvement l'homme « naturel ». [II - Le bonheur comme plénitude] [A.

Bonheur et satisfactions]Mais qu'est-ce que ce bonheur évoqué par tous ? Peut-être est-il comme le temps selon saint Augustin : je croissavoir, par expérience directe, en quoi il consiste, mais il suffit qu'on me demande de le définir pour que je soisincapable de le faire.

Et d'autant plus qu'il semble varier d'un individu à l'autre : pour l'un c'est la santé, pour l'autrela richesse ; l'un ne le conçoit qu'individuel, l'autre affirme au contraire qu'il ne peut être heureux que si ses proches(au minimum) le sont aussi.

Y a-t-il au moins, dans toutes ces approches, quelque point commun permettant deconcevoir le bonheur en général, indépendamment des goûts et tendances subjectifs ? Mais vouloir négliger cesderniers, n'est-ce pas priver chaque sujet de sa possibilité d'être heureux ? Car on voit mal comment un individupourrait être heureux si rien, dans ce qu'il vit, ne correspond à ses goûts et tendances ?Le bonheur ne semble en effet possible que si l'individu éprouve des satisfactions.

Il consisterait ainsi en un accord,une harmonie entre ce que l'individu cherche et ce que lui propose la situation dans laquelle il se trouve.

Et cetaccord doit être tel que le sujet n'ait en quelque sorte « plus rien à désirer ». [B.

Le bonheur « dans ce monde » ?]On peut évidemment se demander si un tel accord est possible, et s'il est durable.

Mais avant d'en venir là, il estutile de rappeler que la plénitude ainsi évoquée mérite d'être prise au sérieux, le plus au sérieux possible.

Et c'estprécisément parce qu'il procède de la sorte que Kant en arrive à considérer que le bonheur ne saurait être « de cemonde ».

La perfection qu'il implique doit nous faire admettre qu'il n'est possible que dans l'éternité, c'est-à-dire quenous devons en réserver l'éventualité à l'existence posthume de l'âme, mais aussi à une décision divine nous enjugeant dignes en fonction de la moralité de notre existence.Cette moralité, selon Kant, n'est possible que parce que l'homme est doté de liberté.

On peut donc être libre, maisn'avoir que l'espoir d'un bonheur ultérieur, sans doute d'une « qualité » incomparable, mais dont rien ne garantitpourtant la venue (le bonheur, en effet, ne peut être la simple récompense de la vie morale : cela réintroduirait unepart d'intérêt dans la détermination de la volonté).

L'homme qui vit moralement éprouve sans doute une sorte desatisfaction, mais qui ne concerne en rien ses goûts personnels, puisqu'elle est en relation avec son assurance,rationnelle et non affective, de confirmer l'unité de l'humanité en obéissant à la loi morale.

Entre cette satisfaction,dont la source est dans sa raison, et le bonheur, la distance demeure grande. [C.

Le bonheur ici-bas]Si l'on essaie malgré tout de concevoir la possibilité du bonheur pour la vie telle que nous la connaissons au cours denotre existence terrestre, on ne peut le penser que de manière moins exigeante, puisqu'il sera nécessairement limité(ne serait-ce que dans la durée).

Admettons qu'il mérite encore d'être considéré, ne serait-ce que sous l'aspect deces moments heureux dont chacun peut faire l'expérience : la découverte d'un morceau de musique qui « emporte »l'auditeur loin de sa situation, l'exaltation connue au cours d'une randonnée en montagne, la joie ressentie à la visiond'un film, telle qu'elle semble devoir me combler durablement (même si elle est de courte durée, lorsqu'on s'aperçoitpar exemple qu'elle n'est pas ressentie par l'ami avec lequel on espérait la partager), les sensations procurées parune plongée sous-marine, etc.

Chacun peur vivre de ces moments de bonheur, qu'il aimerait prolonger ou multiplier,bien qu'il devine aussi qu'ils ne dépendent pas uniquement de ses propres dispositions, mais qu'ils ont liés à lachance, au hasard qui produit cette sorte de petit miracle par lequel le monde qui l'entoure répond parfaitement àce qu'il en attendait.

En sorte que l'on peut avoir le sentiment que tel moment de bonheur peut survenir sans qu'on. »

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