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Peut-on être heureux sans être libre ?

Publié le 24/02/2004

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La liberté n'implique pas la vertu Selon Marc-Aurèle, une des conditions du bonheur est de «contempler la nature universelle et tout ce qui arrive conformément a sa loi» (Pensées pour moi-même). La question n'est pas d'être libre pour être heureux. La question est de connaitre la sagesse, d'agir de manière vertueuse. Voila qui explique pourquoi le sage peut être esclave et cependant plus heureux que l'homme libre.   [On ne peut pas être heureux si l'on ne peut pas satisfaire sa propre nature. Pour cela, il faut être libre. La liberté étant l'essence de l'homme, elle est aussi la première condition du bonheur.] La nature nous a accordé le pouvoir d'être libres Nous avons enfermé les bêtes pour notre plaisir», écrit Cicéron dans Du Souverain Bien et du mal suprême. Bien que «plus copieusement nourries que si elles étaient libres, elles supportent difficilement d'être ainsi tenues en cage et réclament la souple liberté de mouvement que leur avait accordée la nature.» L'homme, de plus, réclame, au nom de son droit au bonheur, la liberté d'agir et de penser.

Ce sujet porte sur le rapport entre le bonheur et la liberté. Il invite à se demander si la liberté est la condition du bonheur, ce qui ne va pas de soi.

Certaines personnes qui jouissent d'une condition apparemment libre ne sont pas nécessairement heureuses.

A l'inverse, d'autres personnes qui ont connu la prison ou des conditions d'oppression ont déclaré, néanmoins, avoir été heureuses.

« La liberté comme fardeauLa liberté est un poids.

Beaucoup d'hommes préfèrent même un bonheurà une liberté pleine et entière.

Que l'on songe à la médiocrité decertains couples qui, par peur de la solitude ou au nom du confortconjugal, restent ensemble.

Sartre développera ce thème. Sartre doit son immense notoriété à la vogue de l'existentialisme (philosophie de la liberté et de la responsabilité), dont il fut considérécomme le fondateur, même si la lecture de la « Phénoménologie » de Husserl et de « L'Etre et le Temps » de Heidegger l'a profondément influencé.

Deux formules pourraient résumer sa conception de laliberté.

La première, que l'on trouve dans « Saint Genet » (1952): « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisonsnous-mêmes de ce qu'on a fait de nous .

» La seconde, qui figure dans un opuscule intitulé « L'Existentialisme est un humanisme » (Nagel) où Sartre répond à diverses objections formulées notamment, par les catholiques et les marxistes à sa conception existentialiste de l'homme:« L'homme est condamné à libre .

» Qu'est-ce que l'existentialisme ? C'est l'affirmation que, chez l'homme,l'existence précède l'essence.

Autrement dit, rien n'est donné d'avance à l'homme.

N'ayant pas d'essence préalable, l'homme se trouve condamné à choisir librement son essence : « Qu'est-ce que signifie ici que l'existence précède l'essence ? Cela signifie que l'homme existe d'abord, serencontre, surgit dans le monde, et qu'il se définit d'abord.

L'homme tel que le conçoit l'existentialiste, s'iln'est pas définissable, c'est qu'il n'est d'abord rien.

il ne sera qu'ensuite, et il sera tel qu'il se sera fait. » L'homme n'est ni ceci ni cela.

Son existence n'est d'abord soutenue par rien.

C'est précisément parce quel'homme n'est d'abord rien qu'il se distingue de toute autre réalité et que son existence est liberté, ne peutqu'être liberté.

La chose qui est ceci ou cela, qui n'est que ce queue est, ne saurait être libre.

Un arbre nepeut jamais être que l'arbre qu'il est.

Un objet n'a pas à être : un coupe-papier, par exemple, est.

Toutobjet matériel est.

L'homme n'est pas.

Il n'est pas d'avance ceci ou cela, ce qu'il va devenir n'est pasdécidé d'avance.

L'homme est ce qu'il se fait: « Ainsi il n'y a pas de nature humaine, puisqu'il n'y a pas de Dieu pour la concevoir L'homme est seulement,non seulement tel qu'il se conçoit, mais tel qu'il se veut, et comme il se conçoit après l'existence, comme ilse veut après cet élan vers l'existence; l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait. » Et si l'homme n'est d'abord rien et doit librement choisir son essence, cela signifie qu'il est pure subjectivité,projet : « C'est aussi ce qu'on appelle la subjectivité.

et que l'on nous reproche sous ce nom même.

Mais que dire par là, sinon que l'homme a une plus grande dignité que la pierre ou la table ? Car nous voulons direque l'homme existe d'abord, c'est-à-dire que l'homme est d'abord ce qui se jette vers un avenir, et ce quiest conscient de se projeter dans l'avenir L'homme est d'abord un projet qui se vit subjectivement, au lieud'être une mousse, une pourriture ou un chou-fleur » La liberté est donc, pour Sartre , un absolu qui ne se choisit pas.

L'homme ne choisit pas d'être libre, il l'est, il ne peut que l'être.

Il l'est tout entier et toujours.

Il ne saurait être tantôt libre, tantôt esclave.

Ce queSartre exprime sous cette formule : « L'homme est condamné à être libre .

» Si l'homme est celui qui se fait, ce projet réalise pas dans l'intimité douillette d'un ego refermé sur lui-même, mais ne peut se réaliser que dans son rapport au monde et à autrui.

L'homme est « en situation ». C'est-à-dire qu'il est « conditionné par sa classe », « son salaire », « la nature de son travail », conditionné jusqu'à ses sentiments et ses pensées.

Mais si l'homme ne peut pas choisir sa classe sociale, il peut sechoisir lui-même dans sa « manière d'être ».

Sartre lui-même reconnaît en 1940 qu'il est « le produit monstrueux du capitalisme, du parlementarisme, de la centralisation et du fonctionnalisme », mais c'est à partir de cette situation familiale qui l'a constitué qu'il entreprend de se « personnalise r ».

D'où la formule : « L'important n'est pas ce qu'on a fait de nous, mais ce que nous faisons nous-mêmes de ce qu'on a fait denous.

» La situation n'est pas quelque chose qui limite la liberté elle est ce à partir d'où commence la liberté.

C'est laraison pour laquelle Sartre a pu écrire en 1944 dans « Les Lettres française » (fondé par Aragon et Paulhan ): « Jamais nous n'avons été plus libres que sous l'occupation allemande. » Qu'est-ce à dire, sinon qu'à ce moment-là, puisque nous étions traqués, « chacun de nos gestes avait le poids de l'engagement » ? La. »

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