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Peut-on être juste tout seul ?

Publié le 16/12/2005

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D'où la nécessité d'une justice qui ne se laisse pas enfermer dans des formules, mais soit accueillante aux cas particuliers, et qu'Aristote appelle l'équité. Ce qui fait la valeur de l'équitable est précisément que sa règle n'est pas droite, car ce qui est droit est rigide : « de ce qui est indéterminé [les situations particulières] la règle aussi est indéterminée » Face à la rigidité de la loi, le travail même du juge est d'adapter cette même loi aux cas particuliers, appliquer la loi d'une manière aveugle serait de l'injustice. La justice distributive ne pourrait exister, car on n'observerait pas le mérite de chacun, les qualités, les antécédents des personnes. La justice qui préside à la distribution des honneurs et des richesses se fonde sur une égalité proportionnelle entre les personnes et les biens, non sur une égalité arithmétique, comme dans le cas de la justice corrective. Elle ne peut être que controversée, car la discrimination entre les personnes selon le mérite est une opération politique, l'importance accordée à la naissance, à la vertu, à la richesse différant selon les régimes. La réciprocité qui est au principe de la justice commutative intéresse principalement les transactions économiques et les compensations justes, c'est-à-dire l'échange qui ne requiert pas la présence d'un tiers, juge ou responsable politique. Aristote, après avoir établi dans le même ouvrage que le juste est une proportion, un milieu entre les extrêmes, examine-t-il les rapports de la justice avec l'équité, pour relever que leurs caractères ne sont pas tout à fait identiques. Ce qui est équitable étant supérieur au juste envisagé en particulier, l'équité apparaît préférable en ce qu'elle est une amélioration du juste selon la loi dont elle corrige l'imparfaite généralité. De ce point, le juste qui doit être recherché est l'équitable, et naît d'une interprétation, d'une interprétation, d'une adaptation à un cas particulier. L'avènement d'une société démocratique et le développement de l'économie de marché à l'époque contemporaine ont donné à la réflexion sur la justice sociale son actuel contenu.

 La grande conquête de l’humanité est dans cette substitution de la justice à la vengeance, du Bien au Mal. Ainsi que l’écrit Paul Ricœur, « au court-circuit de la vengeance, la justice substitue la mise à distance des protagonistes «. La justice suppose un conflit et un tiers pour départager les intérêts qui se heurtent. La justice est dans cette « médiation « du tiers, réputé impartial, situé à juste distance des protagonistes et qui crée la juste distance entre les protagonistes. Le triangle est le symbole de la justice, si trois (2 + 1) est le chiffre du procès. La justice, « ce à quoi chacun peut légitimement prétendre (en vertu du droit) «, doit tendre vers « ce qui est idéalement juste «, c’est-à-dire « ce qui est conforme aux exigences de l’équité et de la raison «. Il paraît évident qu’on ne peut être juste seul, que la justice la présence de deux individus, l’un ayant subi un dommage, un préjudice, et d’au moins un troisième individu qui puisse trancher la situation de manière équitable. Il est dès lors difficilement concevable d’imaginer une justice qui pourrait se faire seul, sans que personne ne soit là pour en témoigner. Etre juste seul serait un contre-sens, un non sens.

« est une proportion, un milieu entre les extrêmes, examine-t-il les rapports de la justice avec l'équité, pour releverque leurs caractères ne sont pas tout à fait identiques.

Ce qui est équitable étant supérieur au juste envisagé enparticulier, l'équité apparaît préférable en ce qu'elle est une amélioration du juste selon la loi dont elle corrigel'imparfaite généralité.

De ce point, le juste qui doit être recherché est l'équitable, et naît d'une interprétation, d'uneinterprétation, d'une adaptation à un cas particulier.

L'avènement d'une société démocratique et le développementde l'économie de marché à l'époque contemporaine ont donné à la réflexion sur la justice sociale son actuel contenu.La crise de l'État-providence, la lutte contre l'exclusion, une sensibilité accrue aux inégalités sociales contribuentaujourd'hui à rendre particulièrement polémique l'examen d'une question que la Théorie de la justice de John Rawls a sensiblement renouvelée.

Le débat sur la justice sociale a suscité une abondante littérature qui a pour référentprincipal la Théorie de la justice , l'ouvrage publié en 1971 par John Rawls.

Selon lui, chaque individu doit avoir un accès égal au système le plus étendu possible de libertés (principe de liberté).

D'autre part, les inégalitéséconomiques et sociales ne sont légitimes que si elles bénéficient aux plus désavantagés (principe de différence) etrespectent une juste égalité des chances.

Ces deux principes sont eux-mêmes ordonnés : il existe une prioritéabsolue du principe de liberté et, de plus, le principe de différence l'emporte sur toute considération d'efficacité oude bien-être.

La justice est essentiellement un fait social, elle ne peut avoir pour sujet qu'un ensemble d'individu etnon soi-même.

• Dans la Théorie de la justice, Rawls énonce des principes sur lesquels il y aurait un consentement de tous. Supposons que chacun juge « sous un voile d' ignorance », c'est-à-dire sans connaître la position, plus ou moins privilégiée, qu'il occupe dans la société.

Deux principes feraient alors l'adhésion de tous : le principe de liberté, selonlequel chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de libertés de base compatible avec lemême système pour les autres, et le principe de différence, selon lequel les inégalités doivent être telles qu'ellessoient au bénéfice des plus désavantagés, et attachées à des fonctions ou positions ouvertes à tous. « Le voile d' ignorance » Neutralité des principes de justice. Sa théorie de la justice se situe dans le courant de pensée de l'individualisme* libéral.

L'individu libéral est celui quise fixe librement ses objectifs et qui tente, selon un « calcul des plaisirs et des peines », de les atteindre. Cependant, contrairement au libéralisme téléologique dont l'utilitarisme est un bon exemple, le libéralisme de Rawls est, à l'instar de celui de Kant, un libéralisme déontologique* : il donne la priorité au juste sur le bien.

La sociétéétant composée d'individus - chacun avec ses propres fins et ses propres intérêts - doit pouvoir être organiséeselon des principes qui ne présupposent aucune conception particulière du bien.

Ici, c'est le juste qui, défini d'unefaçon indépendante, va imposer des contraintes au bien et le limiter.

La conduite de l'individu, si elle est régulée pardes principes ne reposant sur aucune fin particulière, peut poursuivre des objectifs particuliers tout en étantcompatible avec les autres libertés individuelles.

Mais comment est-il possible de dégager ainsi des principes dejustice qui soient neutres sur un plan moral ou métaphysique?Pour le résoudre, Rawls modifie le problème posé par la recherche des principes de justice.

Il ne s'agit plus désormais d'analyser et de fonder les contenus de ces principes (tâche infinie) mais de décrire la situation qui préside au choixde ces principes.

Comme souvent, une bonne façon de résoudre une question difficile est de la reposer d'une autremanière.

Rawls opère ici une «révolution copernicienne»: l'analyse ne porte pas sur l'objet mais sur les sujets de la justice.

Que se passerait-il en effet si les individus étaient amenés à choisir les principes de justice ordonnant lacommunauté en ignorant tout de leur position respective à l'intérieur de cette communauté? « La position originelle » Imaginons une situation dans laquelle les membres d'une société débattent sur les principes de justice qui régulentla structure sociale.

Si chacun se présente avec ses conditionnements sociaux et historiques, prêt à user de forceou de ruse pour mieux profiter de la négociation, l'accord unanime est impossible.

Les individus sont soumis à l'hétéronomie de leur détermination sociale et n'agissent pas comme des êtres libres: ils sont enclins à défendreleurs intérêts privés.

Il faut donc imaginer une autre procédure qui les empêche de tourner le débat à leur profit.Rawls imagine donc une «position originelle» hypothétique, dans laquelle chacun ignore tout de sa place dans la société «Je pose que les partenaires sont situés derrière un voile d' ignorance .

Ils ne savent pas comment les différentes possibilités affecteront leur propre cas particulier et ils sont obligés de juger les principes sur la seule base deconsidérations générales » (Théorie de la justice, p.

168). L'individu qui délibère ne sait rien de son statut social, de ses capacités physiques ou intellectuelles, de sesinclinations, de sa psychologie; riennon plus de son idée du bien, de son projet rationnel de vie.

Il juge donc placé sous ce « voile » en situation destricte égalité avec les autres partenaires.

Cette fiction permet de représenter l'égalité des êtres humains en tantque personne morale et les implications de cette égalité.

Dans la mesure où l'individu ne sait pas la place qu'il vaoccuper dans la société, il sera enclin à considérer certaines choses comme étant nécessaires pour mener une viesatisfaisante.

Celle-ci ne peut en effet être menée que grâce à un certain nombre de « biens premiers ».

Parmi ces. »

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