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Peut-on être libre et obéir ?

Publié le 11/01/2004

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Sujet 1044Peut-on être libre et obéir ? Définition des termes du sujet: Obéir: verbe transitif indirect  (latin oboedire, de audire, écouter).* Se soumettre à la volonté de quelqu'un, à un règlement, exécuter un ordre : Obéir à ses parents, à la loi.* Céder à une incitation, un sentiment, etc. : Obéir à ses instincts.* Répondre au mouvement commandé, fonctionner correctement : Les freins n'obéissent plus. Mes jambes refusent d'obéir.* Être soumis à une force, une action, une règle par une nécessité naturelle : Les corps obéissent à la pesanteur.* "Peut-on": ces termes expriment soit la légitimité, soit la possibilité.* "à la fois": cad simultanément; c'est la relation à la contrainte qui s'exprime ici.

« • Esquissons, tout d'abord, les traits de la liberté dans l'acception.

populaire du terme : elle est conçue comme librearbitre sans contraintes.

Ainsi, dans le Gorgias de Platon, le sophiste imaginaire Calliclès se réfère avec un cynismeingénu à cette liberté idéale refoulant toute contrainte, soit externe, soit interne.

Être libre consiste à répudier lescontraintes externes des lois mais aussi celles, subjectives, de la morale, à secouer et rejeter les chaînes del'éducation et des lois, à entretenir les plus fortes passions au lieu de les réprimer.

Vivre au gré de ses désirs etimpulsions, sans freins ni limites, telle se présente la liberté idéale du sophiste. La théorie la plus classique qui définit la liberté comme absence de contraintes et libre jeu des passions est celle deCalliclès, sophiste du ive siècle av.

J.C., adversaire acharné de Socrate.

Définissant l'impossibilité du bonheur dansl'état de servitude et d'esclavage à l'égard d'un autre ou des autres, il préconise la culture des passions et desdésirs que l'on doit multiplier et accroître en nombre et en intensité pour les satisfaire lorsqu'ils atteignent leur plushaut degré.

Si la répression et la maîtrise de ses instincts, volontés, désirs, pulsions de vie engendrent tristesse etdouleur, l'épanouissement et le plein éclat des forces de vie, ainsi que de notre puissance, nous réalisent dans leplaisir et la volupté.

Cette culture de la force vitale est un art véritable, réservé à peu de gens.

L'opprobre généralauquel un tel mode de vie donne lieu l'atteste largement.

Les disciples d'Epicure n'ont-ils pas été par la suite traitésde pourceaux ? Notre lâcheté et notre faiblesse nous font préférer la tempérance, la mesure et la justice.

Pourquelques caractères d'exception qui en ont le courage et la force, la liberté consiste à vivre dans le luxe,l'incontinence et les passions démesurées. Obéir aux lois, aux commandements moraux, aux valeurs ? Il n'en est pas question, car on ne saurait à la fois obéiret être libre. • Qu'en est-il, maintenant, de la liberté sur le plan philosophique ? La liberté est, bien souvent, également conçuecomme un pouvoir de dire oui ou non, pouvoir que rien ne peut limiter.

Choisir sans motif prévalent, sans contrainteni raison, caractériserait la liberté.

L'acte gratuit de Gide (figure extrême de cette liberté) illustre et exprime, demanière concrète, cette conception et cette vision d'un libre arbitre sans limites.

« J'ai longtemps pensé que c'est làce qui distingue l'homme des animaux, une action gratuite...

un acte qui n'est motivé par rien » (Prométhée malenchaîné, Gide).

Etre libre consiste donc à faire exister un acte au-delà de toutes les raisons : l'acte libre, c'estl'acte sans maître, l'acte né de lui-même et « autochtone » (issu de son propre sol).Néanmoins, cette vision de la liberté idéale peut paraître naïve à qui se penche sur la situation concrète de l'homme.Le libre arbitre, dès lors, ne serait plus qu'un mythe enfantin, stérile ou parfaitement utopique. 2.

Antithèse : L'exploration des contraintes et de la « situation » dans le monde. Comment être libre, devant le faisceau de contraintes qui se présente à nous...

Tout un ensemble de limites surgit,limites qui semblent faire obstacle à mon libre arbitre, au pouvoir d'agir à ma guise.

Dès lors s'évanouit et meurt cepouvoir de choix et d'action que rien ne limitait. a.

L'ordre de la nature. Devant là nature, ce que j'expérimente, au premier chef, c'est un ordre qui ne se laisse point modeler par unevolonté, une puissance qui me résiste.

Les phénomènes obéissent, en effet, à des lois indépendantes de nous, à desrelations qui paraissent inflexibles.

Nul ne peut échapper à la pesanteur, ni aux lois entropiques qui règlent le vivant.Une loi physique, par exemple, est une proposition qui établit un lien impossible à rompre entre des grandeursphysiques mesurables. Un aveugle déterminisme paraît organiser le monde.

L'ordre de la nature est une nécessité apparemmentincontournable. b.

Les contraintes psychologiques du soi et de l'inconscient. Cet ordre contraignant se révèle tout particulièrement puissant dans la sphère du psychisme humain.

Pour qui jette,en effet, un oeil lucide sur son « soi », les contraintes issues de l'inconscient paraissent jouer un rôle évident.Désirs, passions, habitudes sont, en grande partie, subis et issus de mécanismes archaïques innés ou acquis, dontnous saisissons mal la nature et les causes.

Notre libre arbitre se heurte ici à des puissances qui s'imposent à nous.D'ailleurs, n'éprouvons nous pas fréquemment un sentiment de contraintes psychiques en de nombreuses décisions ?Nous convenons alors que « nous ne pouvons faire autrement ». L'archaïsme des pulsions et des désirs s'affirme ainsi, contre le rêve du libre arbitre sans contraintes ni limites.

Undémenti est apporté alors à notre rêve de liberté illimitée. c.

Les contraintes issues d'autrui - La relation maître-esclave. Mais le mouvement vers autrui et la relation avec l'Autre sont, eux aussi, porteurs de lourdes contraintes.

En effet,Autrui est d'abord l'Autre, le différent.

Or, cet Autre - ce Moi qui n'est pas moi, selon l'expression de Sartre - mepénètre au plus intime de ma conscience et de ma vie, se faisant porteur de limites, formant souvent obstacle àmon lire arbitre.

La loi de la vie humaine, c'est le conflit, la lutte des consciences entre elles.

Quand deux. »

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