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Peut-on être objectif ?

Publié le 22/02/2004

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Le peintre, à son tour, qui dessine un lit, prend modèle non sur l'idée du lit, mais sur un lit réel, particulier, fabriqué par l'artisan. Ce dernier fait du lit en soi, créé par le dieu, une image, une copie à l'identique ; quant au peintre, il fait du lit réel, en bois, à trois dimensions, un simulacre à deux dimensions. ■ C'est que le domaine du peintre est l'illusion : faire que les choses paraissent ce qu'elles ne sont pas. Malhonnête, le simulacre artistique ne se présente pas tel qu'il est, c'est-à-dire copie : l'artiste trompe. ■ Ce qui guide la connaissance de l'idée du lit, c'est la science ; la connaissance technique de la réalisation du lit se contente de l'opinion vraie ; quant à l'artiste, seule l'ignorance, non innocente, lui appartient.   [Il n'existe aucune objectivité possible. Chacun saisit la réalité par rapport à ce qu'il est et à ce qu'il ressent.  Toutes ses connaissances sont relatives et subjectives. Il n'existe aucune réalité en dehors de l'esprit qui perçoit.] Chaque être conçoit le monde à sa manière On peut dire avec Protagoras que « l'homme est la mesure de toutes choses ».

« Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existentpour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon, « Théétète », 152,a). Il n'y a pas de vérité objective Sôren Kierkegaard soutient que «la subjectivité est la vérité».

Il n'y a pas decertitude fondée en raison.

L'existence n'est pas conceptualisable.

La seulecertitude qu'il m'est permis d'atteindre concerne mon existence.

La vérité n'arien à voir avec un système logique.

Elle est de l'ordre du vécu, du ressenti.C'est sur le terrain de la raison que la raison a raison et, s'il n'y a rien endehors d'elle, elle est réponse à tout (« Tout le réel est rationnel et tout lerationnel est réel »).

A tel point qu'elle ne pourrait tenter de se nier qu'ens'affirmant.

Mais peut-elle rendre raison d'elle-même ? Le croire seraits'engager dans un processus de régression à l'infini, dont on ne peut sortirque par un saut hors de la raison...

un acte de foi dans la raison...

tout à faitirrationnel.

Il n'y a pas de raison de la raison.

Et si la raison trouve sa limitedans une réflexion sur son fondement, elle en rencontre une autre en seheurtant à l'existence.

Kant avait bien montré que l'existence, absolueposition d'une chose, échappe à toute démonstration, mais il persistait àaligner l'existence du sujet éthique sous l'universalité de la raison pratique (ledevoir).

Le sujet, de Descartes à Hegel, n'est qu'une abstraction qui ôte àl'existence son existence : tel est le point de départ de la révolte deKierkegaard contre le rationalisme.

La conversion à l'existence est l'acte parlequel le peseur subjectif se détourne de l'universalité des règles de la raisonuniformisant les règles de vie, pour se penser comme individu, « êtreparticulier existant, qui prend la décision absolue sur le plan de l'existence »(« Post-Scriptum...

»).

La vérité de l'existence humaine est toute entière dans le sens que lui assigne le choix subjectif de l'individu.

Si chez l'animal, l'espèce est plus importante quel'individu, car celle-ci impose en quelque sorte à celui-là ses règles.

Chez l'être humain, l'individu prévaut surl'espèce qui ne décide pas pour lui.

L'individu doit choisir pour son propre compte sans pouvoir se dérober.

L ‘hommen'a donc pas un existence spéculative mais concrète et c'est dans et par cette confrontation concrète aux «possibles » que l'homme donne forme à sa singularité et devient par là même un « individu ».

Mais l'individu paiecette liberté du choix par l' « angoisse » qui est sentiment de malaise devant l'inconnue de la possibilité.

L'existenceest possibilité cad « angoisse ». Rien n'existe en dehors de l'esprit qui perçoit«Je dis que la table sur laquelle j'écris existe, c'est-à-dire que je la vois et la touche; et si je n'étais pas dans monbureau, je dirais que cette table existe, ce par quoi j'entendrais que, si j'étais dans mon bureau je pourrais lapercevoir; ou bien que quelque autre esprit la perçoit actuellement.

[ ..] L'esse (être) de ces choses-là, c'est leurpercipi (être perçu); et il n'est pas possible qu'elles aient une existence quelconque en dehors des esprits ou deschoses pensantes qui les perçoivent».

(Les Principes de la connaissance humaine, 1710, § 3.) Quoique d'apparence paradoxale, l'idée de Berkeley est d'après lui, une simple question de bon sens: notre rapportaux choses est toujours un rapport de représentation.

Dire qu'une chose existe, c'est dire qu'on la perçoit, ou quel'on pourrait la percevoir.

Il n'existe rien en dehors de l'esprit percevant, Il faut abandonner l'idée mêmed'objectivité. Berkeley : « Etre, c'est être perçu » Cette formule de Berkeley peut sembler surprenante puisqu'elle consiste à n'accorder de réalité qu'à ce que nouspercevons.

Dire « Etre c'est être perçu », c'est affirmer que rien n'existe en dehors de l'esprit, que toute réalité estun esprit qui perçoit.

Nous avons commencé par noter que la perception est cette activité de l'esprit qui rassemble,qui collecte, or c'est justement la raison pour laquelle Berkeley ne va accorder de réalité qu'à ce qui est perçu.

Eneffet, il est impossible de séparer, d'isoler une idée des sensations que nous éprouvons.

Par exemple, on ne peut pasparvenir à se représenter l'étendue (ce qu'on se représente étendu dans l'espace) dépourvue de couleur, de mêmenous ne pouvons pas nous représenter la matière indépendamment d'une certaine forme, d'une certaine étendue,d'une certaine figure.

Tous les éléments qui composent notre univers, que l'on pense à la couleur, la saveur,l'étendue, le mouvement…n'ont aucune existence en dehors de la perception que nous en avons.

L'étendue n'est nigrande ni petite, le mouvement n'est ni lent, ni rapide, ils ne sont donc rien ; de même je ne puis former l'idée d'uncorps étendu qui est en mouvement sans lui donner aussi une couleur.

Quand nous pensons que la matière oul'étendue existent seules, nous nous laissons abuser par les mots, par le langage.

Berkeley va répondre à unproblème (le problème de Molyneux), qui a suscité de nombreux débats, et qui consistait à se demander si unaveugle né, recouvrant subitement la vue, pourrait discerner visuellement le cube et la sphère qu'il sait déjàdiscerner par le toucher.

Or, ceci serait possible si notre perception nous livrait l'étendue géométrique abstraite,mais une description des processus de la vision montre qu'il n'en est rien, car nous éprouvons à tout instantl'incommunicabilité des idées visuelles et des idées tactiles.

L'illusion selon laquelle il y aurait une idée commune à lavue et au toucher, une idée abstraite d'étendue vient de l'emploi de mots.

Le langage nous fait croire, à tort, àl'existence d'entités abstraites, mais il n'y a pas de réalité en dehors de la perception.

Mais alors, si la matièrecomme substrat, comme réalité indépendante, est une pure illusion, qu'est-ce qui fait que les objets qui tombentsous nos sens demeurent là, même quand nous fermons les yeux, même quand nous ne sommes plus là ? Berkeley va. »

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