PEUT-ON ÊTRE SÛR DE BIEN AGIR ?
Publié le 10/03/2004
Extrait du document
§ L’agir, et a fortiori l’agir moral, semble relever de la pratique, qui se mesure à l’aune du bien et non à l’aune de la vérité. Il apparaît donc que ce domaine n’est pas celui de la certitude, qui elle, est réservée au domaine de la science, de la connaissance.
§ Il apparaît donc de prime abord impossible de dire que nous soyons sûrs, certains, de bien agir, la certitude n’étant pas la bonne mesure de la pratique.
§ Néanmoins, si le domaine de la morale, qui est celui d’un agir bien, doit permettre des actions conformes à certains préceptes moraux, alors il doit avoir une part d’objectivité. Dès lors nous serions sûrs de bien agir si nos actions sont conformes à ces préceptes. Mais se pose le problème du fondement de ces préceptes. Comment être sûrs que de tels préceptes soient objectifs ? S’ils viennent du sentiment, alors ils apparaissent subjectifs, s’ils viennent de la société, alors ils apparaissent relatifs à l’époque et la société dans laquelle ils sont en vigueur.
§ Il faudrait alors que les préceptes du bien agir soient fondés en raison, afin de pouvoir être objectifs et certains. Mais n’est ce pas alors confondre le domaine théorique de la science avec le domaine pratique du bien agir. Bien et vérité sont-ils conciliables ?
§ L’agir bien dépend-il du sentiment subjectif, se faisant alors propre à chacun et ne donnant lieu à aucune certitude ou est-il dépendant de la raison, devenant une loi objective qui peut donner lieu à une vérité et une certitude dans le domaine de l’action morale ?
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ANALYSE ET PROBLEMATISATION DU SUJET.
§ L'agir, et a fortiori l'agir moral, semble relever de la pratique, qui se mesure à l'aune du bien et non à l'aune de la vérité.
Il apparaît donc que ce domaine n'est pas celui de la certitude, qui elle, estréservée au domaine de la science, de la connaissance.
§ Il apparaît donc de prime abord impossible de dire que nous soyons sûrs, certains, de bien agir, la certitude n'étant pas la bonne mesure de la pratique.
§ Néanmoins, si le domaine de la morale, qui est celui d'un agir bien, doit permettre des actions conformes à certains préceptes moraux, alors il doit avoir une part d'objectivité.
Dès lors nous serionssûrs de bien agir si nos actions sont conformes à ces préceptes.
Mais se pose le problème dufondement de ces préceptes.
Comment être sûrs que de tels préceptes soient objectifs ? S'ilsviennent du sentiment, alors ils apparaissent subjectifs, s'ils viennent de la société, alors ilsapparaissent relatifs à l'époque et la société dans laquelle ils sont en vigueur.
§ Il faudrait alors que les préceptes du bien agir soient fondés en raison, afin de pouvoir être objectifs et certains.
Mais n'est ce pas alors confondre le domaine théorique de la science avec ledomaine pratique du bien agir.
Bien et vérité sont-ils conciliables ?
§ L'agir bien dépend-il du sentiment subjectif, se faisant alors propre à chacun et ne donnant lieu à aucune certitude ou est-il dépendant de la raison, devenant une loi objective qui peut donner lieu àune vérité et une certitude dans le domaine de l'action morale ?
PROPOSITION DE PLAN.
I) Le bien agir moral comme voix de la conscience individuelle intérieure.
§ La morale apparaît dans un premier temps comme une voix intérieure de la conscience qu'il appartient au sujet en tant qu'individu, que personne singulière d'entendre et de suivre.
Dans L'Emile , « profession de foi du Vicaire Savoyard », Rousseau appelle conscience un principe inné de justice et de vertu.
Pour lui donc, la conscience n'est que morale : la conscience c'est ce qui dans l'âme sait cequi est juste et vertueux.
L'âme, c'est la totalité de l'esprit, de la vie de l'esprit, la conscience, c'estce qui dans cette totalité concerne les principes moraux.
Nous savons, de manière innée, ce qui estjuste et ce qui est vertueux.
§ Ce que veut Rousseau, ce n'est pas établir par le raisonnement ce que doivent être les maximes morales, il ne veut pas chercher à fonder la morale sur des principes rationnels, faire la philosophie dela morale, il veut faire comprendre ou sentir que nous sommes déjà moraux pour peu que l'on soitattentif à notre cœur.
Il ne s'adresse pas à la raison du lecteur, à sa faculté de raisonner, mais à saconscience, c'est-à-dire à ce qu'il sent en lui, aux idées de justice et de vertu qu'il connaît déjà.
Il necherche donc ni à fonder la morale, ni à dire ce que l'on doit faire pour être moraux, il essaie de nousfaire sentir que nous savons tout ce qu'il nous faut savoir pour être moraux, sans avoir à raisonner,sans avoir à réfléchir.
§ La morale est alors un sentiment que nous possédons au plus profond de notre cœur mais qui est masqué en nous par la société et l'être en communauté qui est un paraître.
Le seul moyen deretrouver cette moralité est alors se rentrer en soi même afin de pouvoir entendre individuellement etde manière personnelle la voix de la conscience.
C'est donc personnellement que la conscience nousdicte les principes moraux et c'est lorsque l'homme se retire de la société qui est le règne du paraîtreet des faux semblants qu'il peut parvenir à la morale.
§ La morale semble donc bien être personnelle, elle est l'affaire de l'individu dans sa singularité même.
Mais alors qu'elle objectivité peut on trouver à ces préceptes moraux ? Chacun n'est-il pas son propre juge, au prixde toute justice véritable ? Comment s'assurer que ce que nous dicte notre conscience est objectivement lemeilleur ? Quels sont les critères pour juger de cette forme de moralité ? Ne faut-il pas que ces critères soientfondés sur la communauté afin qu'ils soient objectifs ? Autrui n'entre-il pas nécessairement dans la morale commecelui qui est visé par mon action ?
II) La morale comme morale sociale : le fondement commun des principes de l'agir bien comme critère d'objectivité et de justice.
§ « quand notre conscience parle, c'est la société qui nous parle », voilà ce qu'énonce Durkheim dans l'éducation morale .
Les commandements moraux sont imposés aux individus par la vie sociale de telle sorte qu'ils les assimilent, les intègrent jusqu'à avoir l'illusion de les trouver en soi.
C'est cetteorigine sociale des impératifs moraux qui expliquent par ailleurs pourquoi ils peuvent varier d'un pays àl'autre et au sein d'une société, d'un groupe social à l'autre.
Les convictions morales apparaissentdonc comme le reflet des opinions de notre époque, dans la mesure où seul cela nous permet.
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