Peut-on exercer sa liberté sans contraintes ?
Publié le 17/12/2005
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impunité (celui-ci dérobant la transgression à la visibilité – Cf.
République , L.
II, 359-d ) et est synonyme de licence . Or, que vaut un pouvoir sans frein ? Une contrainte n'est pas seulement ce qui fait obstacle à mon action, mais c'est aussi une limite et donc une fin (télos ) : être contraint c'est être limité et donc fini.
Or la fin d'une chose, en est aussi l'achèvement au sens d'accomplissement.
C'est pourquoi, le tyran dont la liberté n'est jamais contrainte est aussi impuissant : il ignore quel est sa fin, quel est son bien . Pouvoir suppose de se fixer des buts préalables et se montrer capable de contraindre ses désirs en vue de la réalisation de ces actions .
Exemple : le malade accepte de boire la potion amère – y est contraint – parce que son action vise, non pas l'agréable ou un plaisir immédiat, mais un but déterminé : recouvrer la santé(Gorgias , 467 c-e ).
Autrement dit, l'homme réellement puissant est capable de faire ce qu'il veut (car il le sait ) et non ce qui lui plaît, il est donc avant tout et en toutes choses mesuré . L'analyse de Socrate montre donc qu'exercer sa liberté sans contraintes est acte de démesure (ou hubris ). Or l'absence de mesure est aussi l'absence d'ordre et de justice .
Telles sont les implications de la thèse socratique que développe Hobbes aux chapitres 13 et 14 du Léviathan . b) Sans contraintes, l'exercice de la liberté s'oppose à l'ordre et à la paix civile Selon Hobbes, c'est volontairement que les hommes se sont soumis à l'autorité d'un état.
En effet, à l'état de nature, la vie est « malheureuse, pénible, bestiale et brève », et cela, en raison d'un droit de nature absolu ( Cf. note page 1 ) : l'état de nature, la condition où vivent les hommes « sans qu'une puissance commune les tiennent tous en respect », ne tombe sous le coup d'aucun jugement : rien ne peut être injuste puisque « là où il n'y a pasde puissance commune, il n'y a pas de lois ; là où il n'y a pas de lois, pas de justice ».
Dès lors, la fraude et la forcesont les vertus cardinales.
Conséquence : les hommes renoncent à leur droit naturel en échange de la paix et de la sécurité assuré par l'état (qui est la somme des pouvoirs de tous).
Ainsi, selon Hobbes, tout refus des contraintes imposées par l'état risque de faire réapparaître l'état de nature où règne la guerre de chacun contre chacun. En dehors de l'Etat, les hommes jouissent d'une liberté absolue.
Mais chacundisposant de la même liberté absolue, tous sont exposés à subir des autres cequi leur plaît.
La constitution d'une société civile et d'un État oblige à unenécessaire limitation de la liberté : il n'en reste que ce qu'il faut pour vivrebien et vivre en paix.
Chacun perd de sa liberté cette part qui pouvait lerendre redoutable pour autrui.
Dans l'état de nature, chacun jouissait d'undroit illimité sur toutes choses, mais tous disposant du même droit, nul n'étaitassuré de ne rien posséder durablement.
L'État garantira la sécurité d'un droitde propriété limité.
Enfin, dans l'état de nature, chacun était exposé à lamenace d'autrui : il pouvait être à tout instant dépouillé de ses biens et tué.Dans une société civile, seul le pouvoir de l'État s'arroge ce droit.
Un Etatcapable de protéger tous les citoyens de la violence des uns et des autres,de garantir la sécurité de leurs corps et de leurs biens, de leur assurer lajouissance des fruits de leur travail, de faire régner la paix, la civilité, le savoiret la sociabilité ne peut être que despotique.
Pour sortir les hommes del'empire des passions, de la guerre, de la crainte, de la pauvreté, de lasolitude, de l'ignorance et de la férocité, l'État est une puissance absolue,instituée en vue de la paix et de la sécurité.
"Quiconque a droit à la fin, adroit aux moyens." Chaque homme ou assemblée investis de la souverainetésont juges absolus de tous les moyens nécessaires pour protéger ou garantir cette fin.
"Une doctrine incompatible avec la paix ne peut pas davantage être vraie, que la paix et la concorde nepeuvent être contraires à la loi de nature." La seule manière d'ériger un État est que tous confient leur pouvoir etleur force à un seul souverain (homme ou assemblée).
Toutes les volontés doivent être réduites à une seulevolonté.
L'État n'est pas un consensus ou une concorde, mais une unité réelle de tous en une seule et mêmepersonne.
Transition : - On vient d'examiner les enjeux politiques du sujet : l'exercice de sa liberté sans contraintes rend toute forme de justice impraticable : illimitée, la liberté est un des ressorts de la guerre, c'est-à-dire qu'ellene peut qu'être source de conflits. - Cependant , Hobbes tire argument de ce constat pour justifier une obéissance absolue aux lois établies par l'état.
De même, on sait que Platon critique violemment la démocratie ( République , livre 8).
Comment alors parler encore de liberté ? - Problème : peut-on être à la fois libre tout en étant contraint ? - Tel est le dilemme auquel permet de répondre le concept d' autonomie tel qu'il est élaboré par Kant. 3- L'EXERCICE DE LA LIBERTÉ : SE CONTRAINDRE SOI -MÊME définition kantienne de l'autonomie (voir Métaphysique des moeurs , Fondation , 3e section, tr.A.
Renaut, Paris, GF, 1994, vol.
I, p.131-132 .) Auto signifiant soi-même, et nomos renvoyant au terme de loi, Kant pense la liberté comme le pouvoir de se donner à soi-même sa propre loi, de se contraindre volontairement.
Autrement dit, Kant conserve l'idée qu'il ne peut y avoir.
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