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Peut-on faire confiance en l'intuition

Publié le 27/08/2004

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Les animaux, qui ont des intuitions empiriques, n'ont pas d'intuitions rationnelles. Ainsi ils perçoivent comme l'homme les lignes formant un polygone régulier : ils ne perçoivent pas dans cette figure la régularité résultant du rapport des lignes entre elles. Ils perçoivent des choses semblables, mais non leur ressemblance, car on ne les voit pas s'étonner comme l'enfant au spectacle des objets d'une ressemblance frappante. Ils ne s'étonnent pas quand ils sont témoins d'un événement dont l'antécédent est invisible, car, dans leur esprit, il n'y a pas de liaison nécessaire entre l'idée de commencement et celle de cause. C. Au sens le plus usuel, on entend par intuition l'intuition divinatrice, par laquelle un esprit cultivé ou expérimenté découvre la solution d'un problème avant de pouvoir démontrer rationnellement qu'elle est juste. Ce mode de pensée joue un rôle capital : a) aussi bien dans la vie pratique (c'est sur des intuitions de ce genre que se fonde la confiance ou la défiance que nous inspirent nos semblables) que b) dans la recherche scientifique (l'hypothèse du savant est une donnée de l'intuition divinatrice).Ces trois sortes d'intuition semblent bien réaliser la notion d'intuition en général : connaissance d'un objet de pensée en lui-même. Mais n'est-ce pas une illusion ?

« B.

Au contraire, l'intuition divinatrice ne mérite pas une confiance absolue ; aussi ses trouvailles doivent-ellesêtre contrôlées parce que ne résultant pas d'une intuition véritable.Tout d'abord, elle ne présente pas les caractères de clarté, d'évidence communicable de la véritable intuition.Tandis que le géomètre peut donner à tout homme cultivé l'intuition rationnelle qui lui permettra de voir lalogique d'un théorème, la lecture d'un dossier judiciaire ne donnera pas à tous les juges et à tous les avocatsla même intuition.Ensuite, une analyse plus approfondie découvre dans l'intuition divinatrice des éléments discursifs.

Souvent, onse fonde sur une analogie entre le problème actuel et des problèmes résolus antérieurement.

Parfois, c'est surun indice qu'on hasarde une hypothèse.

Le plus souvent, il se produit un travail de réflexion et de discussion àdemi conscient qui affleure à un moment donné sous la forme d'un éclair subit, semblable à une révélation.Dans tous ces cas, il n'y a pas intuition véritable : on atteint, non l'objet de pensée en lui-même, mais desfaits qui n'en sont que les signes, et dans l'interprétation desquels on peut se tromper. Conclusion.

-- L'intuition divinatrice elle-même n'en garde pas moins une valeur inappréciable : c'est elle qui fait les grands savants et les grandes découvertes.

Sans doute, ses données doivent être contrôlées par leraisonnement, qui est fait d'intuitions rationnelles.

Mais c'est l'intuition divinatrice qui prend les devants etconquiert le terrain que la pensée discursive se contente d'organiser.

A elle aussi il faut faire confiance et, sil'on peut ainsi parler, lui laisser parfois la bride sur le cou, quitte à vérifier ensuite ses trouvailles.. »

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