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que, on peut faire un essai du même genre au sujet de l'intuition des objets.

Publié le 22/10/2012

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que, on peut faire un essai du même genre au sujet de l'intuition des objets. Si l'intuition se réglait nécessairement sur la nature des objets, je ne vois pas comment on en pourrait savoir quelque chose a priori; que si l'objet au contraire (comme objet des sens) se règle sur la nature de notre faculté intuitive, je puis très bien alors m'expliquer cette possibilité. Mais, comme je ne saurais m'en tenir à ces intuitions, dès le moment qu'elles doivent devenir des connaissances; comme il faut, au contraire, que je les rapporte, en tant que représentations, à quelque chose qui en soit l'objet et que je détermine par leur moyen, je puis admettre l'une de ces hypothèses : ou bien les concepts à l'aide desquels j'opère cette détermination se règlent aussi sur l'objet, mais alors je me retrouve dans le même embarras sur la question de savoir comment je puis en connaître quelque chose a priori; ou bien les objets ou, ce qui revient au même, l'expérience dans laquelle seule ils sont connus comme objets donnés, se règle sur ces concepts, et dans ce cas, j'aperçois aussitôt un moyen plus simple de sortir d'embarras. En effet, l'expérience elle-même est un mode de connaissance qui exige le concours de l'entendement, dont je dois présupposer la règle en moi-même, avant que des objets me soient donnés, par conséquent a priori; et cette règle s'exprime en des concepts a priori, sur lesquels tous les objets de l'expérience doivent nécessairement se régler, et avec lesquels ils doivent s'accorder. Pour ce qui regarde les objets, en tant qu'ils sont conçus simplement par la raison, et cela d'une façon nécessaire, mais sans pouvoir être donnés dans l'expérience du moins tels que la raison les conçoit, nous trouverons en essayant de les concevoir (car il faut bien pourtant qu'on les puisse concevoir), nous trouverons, dis-je, plus tard une excellente pierre de touche de ce que nous regardons comme un changement de méthode dans la façon de penser : c'est que nous ne connaissons a priori des choses que ce que nous y mettons nous-mêmes 1. (Raison pure, p. 21-22.) Cette hypothèse se trouve vérifiée par les conséquences auxquelles elle conduit. Elle nous permet, notamment, de comprendre que notre faculté de connaître est limitée à l'expérience et ne peut 1. L'a priori, c'est ce que nous savons des choses avant toute expérience. Aussi l'a priori dépend-il, non des choses elles-mêmes, mais de notre manière de les connaître. atteindre les choses en soi, ce qui explique le succès des mathéma- tiques et de la physique, et l'échec de la métaphysique dogmatique. 7. Puissance et limites de la raison. Cette tentative (1) réussit à souhait et elle promet la marche assurée d'une science à la première partie de la métaphysique, à celle où l'on n'a affaire qu'à des concepts a priori, dont les objets correspondants peuvent être donnés dans une expérience conforme à ces concepts. En effet, à l'aide de ce changement de méthode, on peut très bien expliquer la possibilité d'une connaissance a priori, et, ce qui est encore plus important, munir de preuves suffisantes les lois qui servent a priori de fondement à la nature, considérée comme l'ensemble des objets de l'expérience; deux choses qui étaient impossibles avec la méthode usitée jusqu'ici. Mais cette déduction de notre faculté de connaître a priori conduit, dans la première partie de la métaphysique, à un résultat étrange et, en apparence, tout à fait contraire au but que poursuit la seconde partie : c'est que nous ne pouvons, avec cette faculté, dépasser les bornes de l'expérience possible, ce qui est pourtant l'affaire essentielle de la métaphysique. D'un autre côté, l'expérimentation nous fournit ici même une contre-épreuve de la vérité du résultat auquel nous arrivons dans cette première appréciation de notre faculté de connaître a priori : c'est que cette faculté n'atteint que des phénomènes et laisse de côté les choses en soi qui, bien que réelles en elles-mêmes, nous restent inconnues. En effet, ce qui nous pousse nécessairement à sortir des limites de l'expérience et de tous les phénomènes, c'est l'inconditionné, que la raison exige nécessairement et à juste titre, dans les choses en soi, pour tout ce qui est conditionné, afin d'achever ainsi la série des conditions. Or, en admettant que notre connaissance expérimentale se règle sur les objets, comme sur des choses en soi, on trouve que l'absolu ne peut se concevoir sans contradiction; au contraire, si l'on admet que notre représentation des choses, telles qu'elles nous sont données, ne se règle pas sur ces objets, considérés comme choses en soi, mais que ce sont eux plutôt qui, comme phénomènes, se règlent sur notre mode de représentation, alors la contradiction disparaît. Si, en conséquence, on se convainc que l'inconditionné ne saurait se trouver dans les choses en tant que nous les connais- sons (qu'elles nous sont données), mais en tant que nous ne les connaissons pas, c'est-à-dire dans les choses en soi, tout cela est la preuve que ce que nous n'avions d'abord admis qu'à titre d'essai est véritablement fondé (2). Mais, après avoir refusé à la raison spéculative tout progrès dans le champ du supra-sensible, il nous reste encore à chercher s'il n'y a pas dans sa connaissance pratique certaines données qui lui permettent de déterminer le concept transcendant de l'inconditionné et de pousser ainsi, conformément au voeu de la métaphysique, notre connaissance a priori au-delà de toute expérience possible, mais seulement au point de vue pratique. En procédant comme on vient de voir, la raison spéculative nous a du moins laissé la place libre pour cette extension de notre connaissance, bien qu'elle n'ait pu la remplir elle-même. Il nous est donc encore permis de la remplir, si nous le pouvons, par ses données pratiques, et elle-même nous y invite (3). NOTES DE KANT (1) Cette méthode empruntée au physicien, consiste donc à rechercher les éléments de la raison pure dans ce que l'on peut confirmer ou rejeter au moyen de l'expérimentation. Or, on ne peut, pour éprouver les propositions de la raison pure, soumettre leurs objets à l'expérimentation (comme cela a lieu en physique), surtout si elles sont hasardées en dehors des limites de toute expérience possible. Cette épreuve ne pourra donc se faire que sur des concepts et des principes admis a priori : on les envisagera de telle sorte qu'on puisse considérer les mêmes objets sous deux points de vue différents : d'un côté, comme des objets des sens et de l'entendement, c'est-à-dire comme des objets d'expérience, d'un autre côté, comme des objets que l'on ne fait que concevoir, c'est-à-dire comme des objets de la raison isolée et s'efforçant de s'élever au-dessus des limites de l'expérience. Or, il se trouve qu'on envisageant les choses à ce double point de vue, on tombe d'accord avec le principe de la raison pure, tandis qu'envisagées sous un seul elles donnent lieu à un inévitable conflit de la raison avec elle-même : alors l'expérimentation décide en faveur de l'exactitude de cette distinction. (2) Cette expérimentation de la raison a beaucoup d'analogie avec ce que les chimistes nomment souvent essai de réduction, et en général procédé synthétique. L'analyse du métaphysicien

« Le Criticisme atteindre les choses en soi, ce qui explique le succès des mathéma­ tiques et de la physique, et l'échec de la métaphysique dogmatique.

7.

Puissance et limites de la raison.

Cette tentative (1) réussit à souhait et elle promet la marche assurée d'une science à la première partie de la métaphysique, à celle où l'on n'a affaire qu'à des concepts a priori, dont les objets correspondants peuvent être donnés dans une expérience conforme à ces concepts.

En effet, à l'aide de ce changement de méthode, on peut très bien expliquer la possibilité d'une connais­ sance a priori, et, ce qui est encore plus important, munir de preuves suffisantes les lois qui servent a priori de fondement à la nature, considérée comme l'ensemble des objets de l'expérience; deux choses qui étaient impossibles avec la méthode usitée jusqu'ici.

Mais cette déduction de notre faculté de connaître a priori conduit, dans la première partie de la métaphysique, à un résultat étrange et, en apparence, tout à fait contraire au but que poursuit la seconde partie :c'est que nous ne pouvons, avec cette faculté, dépasser les bornes de l'expérience possible, ce qui est pourtant l'affaire essentielle de la métaphysique.

D'un autre côté, l'expérimentation nous fournit ici même une contre-épreuve de la vérité du résultat auquel nous arrivons dans cette première appréciation de notre faculté de connaître a priori : c'est que cette faculté n'atteint que des phénomènes et laisse de côté les choses en soi qui, bien que réelles en elles-mêmes, nous restent inconnues.

En effet, ce qui nous pousse nécessairement à sortir des limites de l'expérience et de tous les phénomènes, c'est l'inconditionné, que la raison exige nécessairement et à juste titre, dans les choses en soi, pour tout ce qui est conditionné, afin d'achever ainsi la série des conditions.

Or, en admettant que notre connaissance expérimentale se règle sur les objets, comme sur des.

choses en soi, on trouve que 1 'absolu ne peut se concevoir sans contradiction; au contraire, si l'on admet que notre repré­ sentation des choses, telles qu'elles nous sont données, ne se règle pas sur ces objets, considérés comme choses en soi, mais que ce sont eux plutôt qui, comme phénomènes, se règlent sur notre mode de représentation, alors la contradiction disparaît.

Si, en conséquence, on se convainc que l'inconditionné ne saurait se trouver dans les choses en tant que nous les connais- 18. »

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