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Peut-on faire passer l'intérêt d'autrui avant son intérêt personnel ?

Publié le 21/02/2004

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Il est, en tout cas, difficile. C'est la raison pour laquelle, le respect d'autrui ne peut prendre que la forme d'une obligation morale. Respecter autrui, c'est ne pas le considérer simplement comme un moyen, mais toujours en même temps comme une fin en soi, cad comme un être qui a une dignité, une valeur absolue, qui se distingue radicalement des choses. Respecter autrui, c'est respecter l'autre en moi-même, cad l'humanité qui est en moi. Tel est le sens de la formule de l'impératif catégorique kantien : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne d'autrui , toujours en même temps comme fin, jamais simplement comme moyen ». « Or je dis : l'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré ; dans toutes ces actions, aussi bien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernent d'autres êtres raisonnables, il doit toujours être considéré en même temps comme un fin. Tous les objets des inclinations n'ont qu'une valeur conditionnelle ; car, si les inclinations et les besoins qui en dérivent n'existaient pas, leur objet serait sans valeur. Mais les inclinations mêmes, comme sources du besoin, ont si peu une valeur absolue qui leur donne le droit d'être désirées pour elles-mêmes, que, bien plutôt, en être pleinement affranchi doit être le souhait universel de tout être raisonnable. Ainsi la valeur de tous les objets à acquérir par notre action est toujours conditionnelle. Les êtres dont l'existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature, n'ont cependant, quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu'une valeur relative, celle de moyens, et voilà pourquoi on les nomme des choses ; au contraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes, parce que leur nature les désigne déjà comme des fins en soi, c'est-à-dire comme quelque chose qui ne peut pas être employé simplement comme moyen, quelque chose qui par suite limite d'autant toute faculté d'agir comme bon nous semble (et qui est un objet de respect) ».

« d'une anthropologie empirique - l' « homme » est une donnée de la nature - mais d'une métaphysique) la raison est une détermination indépendante de l'expérience) est donc une fin en soi, cad vaut immédiatementpar lui-même quel que soit par ailleurs le rôle qu'il peut prendre relativement à une action déterminée. La seconde opposition ne joue plus par rapport au domaine des actions mais des objets : c'est celle de valeurconditionnelle et de valeur absolue.

Kant remarque que l'objet d'une inclination (un désir qui a sa source dans la sensibilité) est toujours relatif à celle-ci : sa valeur en dépend strictement.

Ainsi, l'eau n'a plus de valeurpour moi dès que j'ai étanché ma soif, etc.

: ce sont des valeurs relatives et variables.

En général, toutes leschoses que je rencontre dans la Nature n'ont de valeur qu'en référence à des circonstances déterminées.

Enrevanche, l'autre homme n'est pas une chose qui m'est donnée par l'expérience, mais une personne, cad unevaleur absolue posée par ma volonté.

Cette position par ailleurs ne dépend pas des aléas de l'expérience, maisest un acte métaphysique. Par suite de cette position d'autrui comme valeur absolue, comme fin en soi, ce dernier doit m'inspirer durespect.

Mais ce sentiment n'est pas la cause de la relation morale à l'autre, il en est plutôt uneconséquence.

« Or je dis : l'homme, et en général tout être raisonnable, existe comme fin en soi, et non pas simplement comme moyen dont telle ou telle volonté puisse user à son gré ; dans toutes ces actions, aussibien dans celles qui le concernent lui-même que dans celles qui concernent d'autres êtres raisonnables, il doittoujours être considéré en même temps comme un fin.

Tous les objets des inclinations n'ont qu'une valeurconditionnelle ; car, si les inclinations et les besoins qui en dérivent n'existaient pas, leur objet serait sansvaleur.

Mais les inclinations mêmes, comme sources du besoin, ont si peu une valeur absolue qui leur donne ledroit d'être désirées pour elles-mêmes, que, bien plutôt, en être pleinement affranchi doit être le souhaituniversel de tout être raisonnable.

Ainsi la valeur de tous les objets à acquérir par notre action est toujoursconditionnelle.

Les êtres dont l'existence dépend, à vrai dire, non pas de notre volonté, mais de la nature,n'ont cependant, quand ce sont des êtres dépourvus de raison, qu'une valeur relative, celle de moyens, etvoilà pourquoi on les nomme des choses ; au contraire, les êtres raisonnables sont appelés des personnes,parce que leur nature les désigne déjà comme des fins en soi, c'est-à-dire comme quelque chose qui ne peutpas être employé simplement comme moyen, quelque chose qui par suite limite d'autant toute faculté d'agircomme bon nous semble (et qui est un objet de respect) ». Kant , « Fondements de la métaphysique des moeurs ». Dans « Les Fondements de la métaphysique des moeurs », Kant définit la notion de personne, faisant ainsi de l'homme comme personne morale un être qui n'a pas de prix, mais est digne de respect car il possèdeune valeur absolue : « Dans le règne des fins tout a un prix ou une dignité » : ce qui a un prix, ce sont les choses, qui s'échangent et se remplacent ; ce qui a une dignité, ce sont les personnes. Kant prétend ne rien avoir inventé en morale, mais avoir « seulement » éclairci, porté au concept une connaissance de la morale que tout homme possède même sous forme embrouillée et obscure. « Si l'on demande quelle est donc à proprement parler la pure moralité, à laquelle [...] on doit éprouver lavaleur morale de chaque action, alors je dois avouer que seuls les philosophes peuvent rendre douteuse lasolution de cette question ; car dans la raison commune des hommes elle est, non à la vérité par des formulesgénérales abstraites, mais cependant par l'usage habituel, résolue depuis longtemps, comme la différence dela main gauche et de la main droite. » (« Critique de la raison pratique ») Dans « Les Fondements », Kant part de la connaissance commune de la morale, pour parvenir à sa formulation philosophique.

Ce faisant, il est le premier à établir philosophiquement la notion de personne.

Celle-ci provient d'une double lignée.

Elle est en premier lieu une notion juridique, héritée du droit romain : unepersonne est un être « sui juris », pourvu de droits, par opposition à l'esclave.

Elle est en second lieu une notion religieuse, héritée en particulier du christianisme, pour lequel chaque homme a une valeur et une dignitéégale devant Dieu, quel que soit son statut social. Kant oppose les personnes aux choses.

Les choses sont des objets naturels (objets ou animaux) qui ont un prix, sont interchangeables.

L'homme en tant qu'être moral, capable de se donner ses propres lois au lieu desubir seulement celles de la nature, n'a pas de prix mais une dignité.

Les choses ont une valeur relative (à nosbesoins, nos inclinations, nos sentiments), les personnes ont une dignité, elles n'ont littéralement pas de prix. «Dans le règne des fins tout a un prix ou une dignité.

Ce qui a un prix peut être aussi bien remplacé parquelque autre chose, à titre d'équivalent ; au contraire, ce qui est supérieur à tout prix, ce qui par suite n'admet pas d'équivalent, c'est ce qui a une dignité. » Enfin, si l'être humain a une dignité, une valeur absolue et non pas relative, l'une des formules qui dictel'action à la volonté se délivre ainsi : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement. »

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