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PEUT-ON MOURIR POUR LA VÉRITÉ ?

Publié le 29/03/2005

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Rien ne cause autant de destructions que l'obsession d'une vérité considérée comme absolue. Tous les crimes de l'histoire sont des conséquences de quelque fanatisme. Tous les massacres ont été accomplis par vertu, au nom de la religion vraie, du nationalisme légitime, de la politique idoine, de l'idéologie juste ; bref au nom du combat contre la vérité de l'autre, du combat contre Satan.[...]             A la fin de ce XXe siècle, il devrait être clair pour chacun qu'aucun système n'expliquera le monde dans tous ses aspects et tous ses détails. Avoir contribué à casser l'idée d'une vérité intangible et éternelle n'est peut-être pas l'un des moindres titres de gloire de la démarche scientifique. »       III - La vérité c'est la vie   1)      « Je pense donc je suis »     Pour Descartes, la base de tout raisonnement est le célèbre « Je pense, donc je suis », seule certitude immédiate. La méthode pour recherche la vérité a donc pour base d'être, d'exister. Mourir, c'est quitter ce chemin.   Descartes, Discours de la méthode, 4ème partie :               « Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer qu'il n'y avait aucune chose qui fût telle qu'ils nous la font imaginer. Et pour ce qu'il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même touchant les plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes, jugeant que j'étais sujet à faillir, autant qu'aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les raisons que j'avais prises auparavant pour démonstrations.

La vérité désigne, selon la logique, ce qui est vrai en tant qu’il exprime l’accord de la pensée avec elle-même. Elle signifie aussi l’adéquation de la pensée et de son objet, de la connaissance et du réel.

Mourir pour la vérité signifierait renoncer à sa vie pour  prouver ou pour défendre la vérité, c’est-à-dire défendre sa vision d’une adéquation entre sa connaissance et le réel. Cela a-t-il vraiment un sens ? Quelles sont les implications d’un tel acte ?

« Socrate : Je ne trouve pas. Ménon : Tu peux dire pourquoi ? Socrate : Oui.

J'ai entendu des hommes et des femmes sages dans les choses divines. Ménon : Que disaient-ils ? Socrate : Des paroles vraies, à mon sens, et belles. Ménon : Lesquelles ? Et de qui s'agit-il ? Socrate : Il s'agit de prêtres et de prêtresses qui ont le souci de pouvoir rendre compte des activités qu'ilsmènent ; de Pindare aussi et de bien d'autres poètes – tous divins autant qu'ils sont.

Ce qu'ils disent, c'est ceci –examine s'ils te paraissent dire vrai : ils disent que l'âme de l'homme est immortelle et que tantôt elle rencontre unefin, ce qu'on appelle mourir, et tantôt revient à l'existence, mais que jamais elle n'est détruite.

Il faut alors vivretoute sa vie de la façon la plus sainte possible. Ainsi, comme l'âme est immortelle et renaît plusieurs fois et qu'elle a contemplé toutes les réalités d'ici et de l'Hadès,il est impossible qu'elle n'ait pas tout appris ; de sorte qu'il n'y a rien d'étonnant à ce que, sur la vertu et surd'autres sujets, elle soit capable de se ressouvenir de ce qu'elle a antérieurement connu.

» 2) A chacun sa vérité Mais la vérité est une certaine mesure.

Elle correspond à ce qui est bon pour nous à un moment donné.

Dans ce cas, elle ne coïncide pas nécessairement avec le réel ou avec la certitude.

Mourir pour elle signifie alorssimplement mourir pour la défense de ce que l'on croit être juste mais pas pour une vérité absolue et universelle. Le sophiste Protagoras , écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ». Selon Protagoras , « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sensindividuel du mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » ( Aristote , « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon , « Théétète », 152,a). Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinionsindividuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » ( Aristote ).

C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».

Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.

En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un telprincipe supposerait implicitement le rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il étaitsensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration detoute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une « grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ».

C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme. Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose ».

Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.

Or,précisément, affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.

Si dire « ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.

Le négateur du principe de contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ».

En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sens définis, ne sont que desbruits.

« Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal. " Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le langage, elle détruitaussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers.

Si le blanc est aussi non-blanc, l'homme non-homme, alors il n'existe plus aucune différence entre les êtres ; toutes choses sot confondues et « par suite rien n'existe réellement ».

Aucune chose n'est ce qu'elle est, puisque rien ne possède une nature définie, et « de toute façon, le mot être est à éliminer » ( Platon ). La réfutation des philosophes qui, comme Protagoras , nient le principe de contradiction a donc permis la mise en évidence du substrat requis par l'idée de vérité.

Celle-ci suppose qu'il existe des êtres possédant une naturedéfinie ; et c'est cette stabilité ontologique qui fonde en définitive le principe de contradiction dans la sphère de la. »

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