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Peut-on obéir librement ?

Publié le 08/09/2004

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Il est donc absurde de considérer que les lois l'oppressent : elles le constituent comme sujet.L'égalité conditionne l'idée même de loi, à la fois parce qu'elle doit être la même pour tous et qu'elle effectue la forme même de la réflexion, puisque réfléchir revient à se poser soi-même comme un sujet indifférent c'est-à-dire juridiquement égal aux autres. La loi a la consistance de la réflexion, acceptée par le discours de Calliclès en tant que c'est un discours et non un pure violence.La cité, dit  Aristote, exclut aussi bien ceux qui sont trop inférieurs (bestialité) que ceux qui sont trop supérieurs (les dieux, les héros), puisqu'il est impossible à l'individu moyen de se reconnaître en eux. Toute éducation a donc bien une dimension de dressage à la " semblance " (être le même que soi parce qu'on s'est soumis à ce qui rassemble les semblables) c'est-à-dire à la médiocrité. Cependant les dispositions exceptionnelles ne sont pas naturelles mais humaines (l'idée d'un gène de la musique, de la philosophie ou des mathématiques est absurde, puisque ce sont des réalités exclusivement culturelles) : les " dons " sont des attitudes envers le monde et surtout envers soi-même (une éthique) motivées par une situation en fin de compte toujours sociale. Dès lors si la vie commune peut parfois étouffer de grandes individualités potentielles, elle est cependant le seul lieu de leur possibilité. En réalité le danger reste très minime : être une personnalité d'exception étant une question d'éthique et non pas de nature, autrement dit la semblance étant une position subjective et non un état objectif, il faudrait des circonstances extrêmement particulières et rares pour qu'un individu ne soit pas totalement responsable de sa vie. Donc même si l'on admet cette absurdité que constitue l'idée d'un don naturel, l'argument de Calliclès qui attribue cette responsabilité à la société reste sans portée réelle.Calliclès confond le fait et le droit : la nature atteste de ce qui est, pas de ce qui doit être.

« impulsions, sans freins ni limites, telle se présente la liberté idéale du sophiste.

Obéir aux lois, aux commandementsmoraux, aux valeurs ? Il n'en est pas question, car on ne saurait à la fois obéir et être libre. • Qu'en est-il, maintenant, de la liberté sur le plan philosophique ? La liberté est, bien souvent, également conçuecomme un pouvoir de dire oui ou non, pouvoir que rien ne peut limiter.

Choisir sans motif prévalent, sans contrainteni raison, caractériserait la liberté.

L'acte gratuit de Gide (figure extrême de cette liberté) illustre et exprime, demanière concrète, cette conception et cette vision d'un libre arbitre sans limites.

« J'ai longtemps pensé que c'est làce qui distingue l'homme des animaux, une action gratuite...

un acte qui n'est motivé par rien » (Prométhée malenchaîné, Gide).

Etre libre consiste donc à faire exister un acte au-delà de toutes les raisons : l'acte libre, c'estl'acte sans maître, l'acte né de lui-même et « autochtone » (issu de son propre sol).Néanmoins, cette vision de la liberté idéale peut paraître naïve à qui se penche sur la situation concrète de l'homme.Le libre arbitre, dès lors, ne serait plus qu'un mythe enfantin, stérile ou parfaitement utopique. 2.

Antithèse : L'exploration des contraintes et de la « situation » dans le monde. Comment être libre, devant le faisceau de contraintes qui se présente à nous...

Tout un ensemble de limites surgit,limites qui semblent faire obstacle à mon libre arbitre, au pouvoir d'agir à ma guise.

Dès lors s'évanouit et meurt cepouvoir de choix et d'action que rien ne limitait. a.

L'ordre de la nature. Devant là nature, ce que j'expérimente, au premier chef, c'est un ordre qui ne se laisse point modeler par unevolonté, une puissance qui me résiste.

Les phénomènes obéissent, en effet, à des lois indépendantes de nous, à desrelations qui paraissent inflexibles.

Nul ne peut échapper à la pesanteur, ni aux lois entropiques qui règlent le vivant.Une loi physique, par exemple, est une proposition qui établit un lien impossible à rompre entre des grandeursphysiques mesurables. Un aveugle déterminisme paraît organiser le monde.

L'ordre de la nature est une nécessité apparemmentincontournable. b.

Les contraintes psychologiques du soi et de l'inconscient. Cet ordre contraignant se révèle tout particulièrement puissant dans la sphère du psychisme humain.

Pour qui jette,en effet, un oeil lucide sur son « soi », les contraintes issues de l'inconscient paraissent jouer un rôle évident.Désirs, passions, habitudes sont, en grande partie, subis et issus de mécanismes archaïques innés ou acquis, dontnous saisissons mal la nature et les causes.

Notre libre arbitre se heurte ici à des puissances qui s'imposent à nous.D'ailleurs, n'éprouvonsnous pas fréquemment un sentiment de contraintes psychiques en de nombreuses décisions ?Nous convenons alors que « nous ne pouvons faire autrement ». L'archaïsme des pulsions et des désirs s'affirme ainsi, contre le rêve du libre arbitre sans contraintes ni limites.

Undémenti est apporté alors à notre rêve de liberté illimitée. c.

Les contraintes issues d'autrui - La relation maître-esclave. Mais le mouvement vers autrui et la relation avec l'Autre sont, eux aussi, porteurs de lourdes contraintes.

En effet,Autrui est d'abord l'Autre, le différent.

Or, cet Autre - ce Moi qui n'est pas moi, selon l'expression de Sartre - mepénètre au plus intime de ma conscience et de ma vie, se faisant porteur de limites, formant souvent obstacle àmon lire arbitre.

La loi de la vie humaine, c'est le conflit, la lutte des consciences entre elles.

Quand deuxconsciences se rencontrent, elles tendent à s'affronter l'une l'autre.

Comme l'a montré Hegel, dans laPhénoménologie de l'Esprit, les relations humaines représentent une lutte à mort pour la reconnaissance de l'un parl'autre.

Ainsi la lutte du maître et de l'esclave, du dominant et du dominé, incarne cette dure contrainte où paraît sebriser mon libre arbitre solitaire.

La violence, physique ou psychologique, est la marque même de la relationdominant/dominé.- La relation d'amourLa rencontre avec autrui, c'est aussi l'amour.

Une certaine tendance de la sensibilité nous porte, en effet, vers lesêtres que nous pressentons ou ressentons comme bons.

Or l'amour peut constituer également une contrainte ouune limite pour la liberté idéale dans la mesure où nous cherchons à accaparer l'autre pour nous l'approprieraffectivement.

Tel est « l'amour possessif », qui forme obstacle à ma liberté spontanée.

Ici encore, je prendsconscience des limites de la liberté. d.

La contrainte des lois de la cité. La contrainte des lois civiles représente un nouvel obstacle les lois civiles, règles impératives formulées par l'autoritésouveraine d'une société, commandent pour tous.

En effet, elles sont, d'abord, l'expression de l'organisationnécessaire de la vie sociale à laquelle l'homme ne peut échapper.

Par conséquent, le citoyen qui obéit aux lois civilesvoit sa subjectivité humiliée et domptée.

Loin d'agir selon son bon plaisir, il se soumet à des lois qui rabaissent leprincipe de la subjectivité.

Dès lors, il semble qu'à ce niveau d'analyse également, l'obéissance aux lois réduisel'homme en esclavage.

L'ordre universel des lois civiles dompte l'homme et l'asservit.

Cet ordre universel s'appuie surla violence du pouvoir d'État qui s'exerce à travers différents corps d'administration.

Les lois de l'État représentent. »

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