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Peut-on parler pour ne rien dire ?

Publié le 30/10/2009

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"Le terme parole permet de désigner une utilisation personnelle de "la langue. L'expression "parler pour ne rien dire" est une "formule fréquemment utilisée dans la langue française. On l'emploie "généralement pour signifier à quelqu'un que ses paroles sont "insignifiantes, incohérentes ou hors de propos. Cette expression "nous invite donc à se questionner sur le niveau de signification de "nos paroles." En effet, toutes nos paroles ont-elles un sens ? Ne peuvent-elles "être significatives que lorsque je veux qu'elles le soient ? A "partir de là, puis-je faire passer un message à Autrui sans le "vouloir ? Par conséquent, le sens de mon discours se limite-t-il "seulement à ce que je pensais dire ou bien dis-je toujours plus que "ce que je veux ?"Nous verrons dans un premier temps que le plus souvent, l'acte de "parole correspond à la volonté de donner du sens. Ensuite, nous "montrerons que les paroles qui peuvent me paraître les plus "insignifiantes ont toujours un sens puisqu'elles servent à créer un "lien avec autrui. Enfin, nous verrons qu'une partie du sens de nos "paroles nous échappe et qu'on ne peut donc pas avoir conscience de "tout ce que l'on dit.     "Si l'Homme parle, c'est justement dans le but d'être compris par "Autrui. Or, cela implique que cette parole soit significative. "Généralement, nos propos ont donc du sens parce que nous voulons "qu'ils en aient. A partir de là, ne peut-on pas dire que la "fonction première de la parole est de dire quelque chose ?

« les liens entre les hommes et non pas de faire circuler "des informations."Pour Descartes, parler c'est pouvoir"répondre au sens de tout ce "qui se dira en ma présence".

Autrement dit, la parole est toujours "une mise enprésence.

Par cet intermédiaire, je me présente aux "autres en tant que personne, en tant que sujet.

Dans leDiscours de "la méthode, il définit la parole comme le fruit d'une composition : "parler, c'est "user de paroles etd'autres signes en les "composant pour déclarer aux autres notre pensée".

A partir de là, "on peut dire que la parolede chacun est unique.

Par conséquent, ma "parole me représente puisque ma manière de m'exprimer m'est "propre.Merleau-Ponty définit le style comme une silhouette.

Comme "elle, il exprime ma manière d'être.

Par conséquent, ilme permet de "m'identifier et d'être identifié par les autres.

Dans toute "déclaration, l'Homme s'affirme donc parrapport à l'autre, il dit "qui il est même si il n'en a pas forcément conscience.

Mais le "style ne se limite pas à dire quije suis, il implique aussi toute "une vision du monde.

En effet, l'utilisation que je fais du langage "et mon choix desmots s'appuient forcément sur la manière dont je "perçois la réalité.

Il est même possible d'aller plus loin.

Lorsque "jeparle, je crée quelque chose de nouveau.

C'est pourquoi le style "ne se contente pas de dire le réel mais le fait en ledisant.

Dans "la mesure où il modifie notre perception de la réalité, il lui donne "toujours un nouveau visage.

Parexemple, dans les Exercices de style "de Queneau, chacun des "exercices" dit le monde d'une manière "différente etde ce fait chacun des styles employés donne à la "réalité une nouvelle vérité."De plus, on ne peut pas uniquementconsidérer l'acte de parole "comme un moyen de transfert d'information.

En effet le but de la "parole n'est passeulement de faire passer un message qui "correspondrait à mon opinion, puisque dans ce cas, cela reviendrait "àimposer ma manière de penser, de voir les choses.

Le langage ne "serait alors qu'une source de pouvoir et ledialogue correspondrait "à un combat où le but de chacun des interlocuteurs serait d'imposer "son jugement àl'autre.

Cette vision du langage, défendue par les "sophistes dans l'Antiquité, associe la notion de parole à celle de"domination.

Or, selon Socrate, le rôle du dialogue est justement de "créer des liens entre les hommes, il est sourcede paix.

Dans le "Cratyle, Platon invite donc, par l'intermédiaire du personnage de "Socrate, à remettre en questioncet emploi de la langue.

En effet, "selon lui, en m'adressant à autrui, je lui fais comprendre que je "reconnais qui ilest puisque je lui adresse la parole.

Il y aurait "donc dans tout échange de parole, un processus de reconnaissancequi "se mettrait en place, reconnaissance qui implique le fait "d'accepter l'autre.

Ainsi, par le simple fait d'adresser la"parole à quelqu'un je lui dis que je le respecte et que je "l'accepte tel qu'il est."Enfin, certaines paroles qui semblentparfois complètement anodines "ont pour fonction d'établir le lien préalable à toute "communication.

C'est ce que l'ondéfinit comme la fonction "phatique du langage.

Par exemple, le "Allô ?" qui ouvre une "conversation téléphoniquepermet d'établir le contact entre "l'émetteur et le récepteur.>"Lorsque je parle, je me présente donc aux autres mais je leur dis "aussi que je reconnais qui ils sont puisque jeleur parle.

Le "langage ne permet donc pas seulement de dire ses pensées aux autres.

"La parole, c'est aussi ce quime sert à créer des liens avec "Autrui.

C'est pourquoi le langage est le lieu même de "l'intersubjectivité.

Parconséquent, même lorsque j'ai "l'intention de parler pour ne rien dire, même lorsque je considère "mon propos commeinsignifiant, Autrui interprète ce propos.

Ainsi, "même si je n'ai pas voulu donner du sens à une parole, celle-ci "serasignificative dans la mesure où elle s'adresse aux autres. "Mais le sens même du discours que je tiens à Autrui se limite-t-il "à ce que je voulais dire ou m'échappe-t-iltoujours en partie ?"Tout d'abord l'essentiel de nos paroles sont équivoques, "c'est-à-dire qu'elles peuvent êtreinterprétées de différentes "manières.

En effet, un "signifiant" peut correspondre à plusieurs ""signifiés".

Cettepluralité des sens des mots peut être à "l'origine d'une mauvaise compréhension entre les deux "interlocuteurs.

Maisla langue est encore plus subtile dans la "mesure où le langage est significatif à plusieurs niveaux "différents.

Eneffet, le langage fonctionne sur tout un jeu "d'opposition des termes les uns par rapport aux autres.

Ainsi, "lorsquej'utilise un mot, c'est aussi une manière de refuser "d'employer les autres mots possibles.

On peut donc dire que lemot "choisi est riche de la signification de tous les autres mots "refusés.

De ce fait, une parole donne toujours lieu àdifférentes "interprétations.

Par conséquent, il paraît presque impossible "d'avoir conscience de l'importance de laportée de ses propres "paroles.

C'est pourquoi autrui peut octroyer à mes paroles un sens "que je ne voulais pas leurdonner.

De plus, chaque homme investit "chaque mot de ce qui correspond à sa propre expérience.

En employant"les mêmes mots, nous ne pensons donc pas exactement à la même chose.

"Encore une fois, cela peut aboutir àune mauvaise interprétation de "ce que je voulais dire.

Néanmoins, à partir du moment où autrui "attribue à mesparoles un sens que je ne voulais pas leur donner, "cette signification qui m'était inconnue devient réelle dans la"mesure où autrui lui donne son existence.

Ainsi, si une parole ne "prend pas forcément le sens que je lui avaisdonné, elle n'en est "pas moins significative.

De ce fait, une parole qui peut me paraître "insignifiante, futile, c'est-à-dire une parole qui ne veut pas "réellement dire quelque chose, peut en réalité avoir une portée bien "plusimportante que je ne le pensais au départ."D'autre part, il arrive qu'on dise des choses sans le vouloir "lors d'un actemanqué.

En effet, faire un lapsus, c'est utiliser "un mot à la place d'un autre de sorte que la phrase prend un sens"tout à fait différent de ce que l'on voulait dire.

On accuse assez "facilement, dans ce cas là, les mots de nous avoirtrahi.

Mais le "psychanalyste Freud a contesté cette affirmation.

Pour lui, un "lapsus est un mot qui vient del'inconscient, qui échappe à la "volonté.

A partir de là, les actes manqués ne peuvent être "considérés comme desphénomènes incohérents ou absurdes Leur "signification devient évidente lorsque l'on parvient à les "interpréter.

Eneffet, pour Freud, ces lapsus sont, tous comme les "jeux de mots involontaires, l'expression d'un désir refoulé.

Loin"d'être une trahison, ces actes manqués sont à interpréter comme le "dévoilement d'une dimension de notre penséeque nous ne connaissons "pas, c'est-à-dire d'une dimension inconsciente.

Ainsi, le langage "me permet d'exprimerdes pensées dont je n'ai pas conscience, que "je ne savais même pas être miennes.

Le fait que ma parole puisse me"révéler des pensées qui m'étaient jusque là inconnues montre bien "que l'on peut toujours trouver une significationà une parole.

Par "conséquent, même si je n'ai ni l'intention, ni l'impression de "dire quelque chose, j'exprime toujoursquelque chose en parlant."Cette idée peut-être approfondie dans le cas du délire.

Celui-ci se "caractérise par le faitque les paroles prononcées sont "incohérentes.

Pourtant, cette parole délirante dont le sens semble "être nul pourcelui qui les écoute relèverait également d'un sens "inconscient selon Freud.

Dans cette mesure, même si l'on peut. »

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