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Peut-on parler de servitude volontaire ou d'esclavage consenti ?

Publié le 01/01/2004

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  • Analyse et Problématique:

* y a-t-il: cad existe-t-il * servitude: état de dépendance totale d'une personne soumise à une autre. Lien "maître-esclave", cad relation où s'établit un rapport de dépendance entre un maître (exerçant une domination) et un esclave (ayant perdu son autonomie). * volontaire: qui résulte d'un acte de la volonté, cad de la faculté de se déterminer librement à faire ou à ne pas faire,de la poursuite réfléchie de fins à travers certains moyens et médiations.

  • Sens du sujet et problème: Existe-t-il un état de dépendance résultant de la poursuite réfléchie et délibérée des fins, et , par conséquent, librement accepté ?

* Problématique: Contradiction entre la contrainte (la servitude) et le désir d'être libre (volontaire). Comment peut-on vouloir servir ? Le problème est de légitimer cette union de mots apparemment contradictoires. L'origine du consentement: le souvenir de la dépendance parentale. La peur de la liberté (refus de la responsabilité d'adulte). "La première raison pour laquelle les hommes sont esclaves de leur plein gré est qu'ils naissent serfs et sont éduqués de même" La Boétie in "Le discours de la servitude volontaire".

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« déploie alors dans la provocation et le refus.

En saisissant son lecteur au plus vif de ses croyances politiques avecun ouvrage qui n'est pourtant pas simplement un pamphlet antimonarchique local, Étienne de La Boétie (1530-1563)le contraint à s'interroger sur le pouvoir qu'il endure, en même temps que sur sa soumission aux catégories del'opinion.

Le Discours sur la servitude volontaire (1548, dit aussi le Contr'Un) ne se contente pas d'affirmer que lapolitique présente est intolérable, il précise encore que l'homme aime la servitude qui lui assigne sa place, àl'encontre de sa liberté politique.Surprenant tout le monde (y compris son ami Montaigne, qu'une telle lecture bouleverse), l'auteur ne souhaitenullement fonder le pouvoir (en Dieu, en nature, dans la psychologie humaine) en utilisant encore des catégoriestoutes faites.

Il déplace la perspective d'analyse d'une observation à une énigme, puis à un scandale.

Certes, ilexiste des peuples assujettis.

Mais pourquoi endurent-ils la servitude ? Réponse immédiate : parce que l'Un règne,se défend, et que les peuples se résignent.

Si persuasive que soit la réponse, elle demeure néanmoins aveugle.

L'Unet sa force ne structurent pas seuls le ressort de la servitude.

L'Un ne dispose pas d'autre pouvoir d'asservissementque celui qui lui est concédé de nuire aux peuples.

La servitude de l'Un admet-elle sa suppression ? Oui, le peuplepeut rompre avec elle, non seulement il le peut grâce à sa force, mais il s'en délivre parfois.D'où naît cependant qu'il ne réussit pas toujours ses révoltes ? Ici s'inaugure une conjecture ouvrant sur unecritique de la domination, renonçant ostensiblement à l'annonce d'un régime parfait.

La Boétie découvre un rapportessentiel au politique : la politique s'instaure sur une division qui la fonde.

Cette division produit de la force (les alliésdu roi) simultanément à l'efficacité d'un imaginaire.

La sujétion résulte d'une approbation.

Soit selon la voie d'uneservitude par excuse : le peuple n'accuse pas le roi de méfaits, seulement ses ministres, chacun exceptant le princede l'accusation, préférant croire que le pouvoir est bon, quoique détourné par les ministres.

Soit, selon la voie d'uneservitude recouvrant une « volonté de servir ».

La Boétie, dans cet ouvrage politique sur la politique, envisage lepouvoir comme un rapport intériorisé.C'est évidemment en contrepoint de cette thèse que d'autres philosophes forgent des modèles de cités parfaites.On les appelle des utopies en référence à la première oeuvre de ce genre littéraire et philosophique, l' Utopie (1516)de Thomas More (1478-1535), bien-tôt suivie des ouvrages de Tommaso Campanella (La Cité du Soleil, 1602) et de Savinien Cyrano de Bergerac (1619-1655, Les États et Empires de la Lune, 1641), sans oublier que cette veine se renouvelle largement autour de cesessais de villes utopiques (phalanstères, familistères) conçues au XIXième siècle dans le cadre d'une historicité surlesquels nous reviendrons.

Concentrons-nous sur le modèle du genre.Imaginez-vous donc en train d'écouter le récit de Raphaël Hythloday (étymologiquement : celui qui est habile àraconter des histoires), jeune voyageur portugais.

Vous voilà tout à coup touché par les moeurs et les institutionsdu peuple utopien.

Le dispositif rhétorique qui produit cet autre monde sous vos yeux consiste moins à vous fairecroire qu'un tel peuple existe qu'à susciter en vous le désir de vivre selon un tel mode de vie.

Il vous faut parconséquent suivre deux cheminements parallèles, celui de comprendre ce que peut être « la meilleure forme decommunauté politique » (sous-titre de l'ouvrage) et celui de laisser fonctionner une écriture qui vise à donner àvotre esprit un pli encore inconnu, l'amenant à se convertir d'une adhésion au présent à la possibilité d'un agir.Dans la fiction utopique de Thomas More, l'écriture elle-même devient incitative, exercant l'esprit à s'ouvrir à desdimensions insoupçonnables.

Au vrai, l'ouvrage comporte un agencement de deux livres sur le premier duquel on al'habitude de faire l'impasse.

Si le livre second, en effet, décrit particulièrement la ville d'Amaurote et, au traversd'un urbanisme géométrique, un ordre social transparent, la lecture du premier livre demeure indispensable puis-quela narration des voyages du navigateur s'y fait expérience d'assouplissement de l'esprit, mise en scène de l'opinion àrectifier, et explication du statut de la philosophie.Pour qui entend prononcer aujourd'hui ce terme, utopie, une autre conversion s'impose.

Trop d'usages dépréciatifssont destinés à discréditer les appels à penser et agir en politique.

L'utopie, littéralement lieu de nulle part, qui estaussi souvent une uchronie — d'aucun temps — se place sous le signe d'une libération de l'esprit.

Ainsi en va-t-ildes Solariens qui, vivant sous la dictature de la vertu, couplent leur cité modèle à l'idéal d'une réforme de l'ordresocial chrétien existant (Campanella, 1602). La servitude volontaire ÉTIENNE DE LA BOËTIE (1549) La soumission de la multitude à l'autorité d'un seul est une véritable énigme que La Boëtie tente d'éclairer.

Commentles hommes, alors que la liberté est inhérente à leur nature, supportent-ils la servitude ? C'est en effet la servitudevolontaire qui distingue avant tout l'homme de l'animal :« Les bêtes, si les hommes ne font trop les sourds, leur crient : vive la liberté ! »Le phénomène est d'autant plus étrange que cette soumission est nécessairement volontaire.

Il serait effectivementaisé de l'abandonner, le nombre est toujours du côté des opprimés : que peuvent les autocrates contre la volontéde la foule ? Force est donc de constater un état contre nature :« La seule liberté les hommes ne la désirent point ; non point pour autre raison (ce me semble) sinon pour ce ques'ils la désiraient, ils l'auraient...

». »

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