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Peut-on parler de tout ?

Publié le 20/12/2005

Extrait du document

Puisque tout discours pourvu de sens exprime des faits, on ne saurait concevoir de langage correct portant sur les lois mêmes du langage : la logique ne peut que se montrer, non se dire. De cette limitation intrinsèque du langage découle un autre interdit : le sens global du monde et de ma situation dans le monde, n'étant pas de la nature d'un fait, échappe au discours correct. Ainsi, l'éthique, l'esthétique, la métaphysique ne peuvent donner matière à une expression véritable ; et philosopher, c'est finalement parvenir à reconnaître l'obligation du silence.   III. contemplation esthétique et disposition mystique (l'effacement de la parole)        a. Le mystère de la beauté interroge celui de l'union de l'âme et du corps, le mystère du connaître, de l'espérance, le mystère de l'amour, de la présence, de l'être. Selon Gabriel Marcel « Quand je dis qu'un être m'est donné comme présence ou comme être (cela revient au même, car il n'est pas un être pour moi s'il n'est une présence), cela signifie que je ne peux pas le traiter comme s'il était simplement posé devant moi ; entre lui et moi se noue une relation qui, en un certain sens, déborde la conscience que je suis susceptible d'en prendre ; il n'est plus seulement devant moi, il est aussi en moi ; ou plus exactement, ces catégories sont surmontées, elles n'ont plus de sens. »   On pourrait croire, en lisant par exemple tel traité de scolastique sur le statut de l'art humain, que toute oeuvre, à condition d'être belle, participerait de la Beauté considérée comme qualité transcendantale et ainsi travaillerait à « exprimer » le divin, tout simplement. Et telle serait la teneur « théologique » de toute création artistique. On ne peut ramener tout le sacré à l'être en tant que tel.

     Le langage peut caractériser, en un sens large, tout système de signes pouvant servir au moyen de communication. Le langage est une fonction d’expression verbale de la pensée, soit intérieure, soit extérieure : « L’intention de parler, qui n’est point nécessairement langage, pas même langage intérieur, aboutit au langage intérieur ou à la parole « (Delacroix, Le langage et la pensée). En ce sens, langage s’oppose à la parole, en tant que par parole, on entend exclusivement le langage extérieur, comme l’indique aussi cette phrase de Delacroix : « Le langage intérieur n’est pas nécessaire à la parole «. L’intériorité, qui peut évoquer bien des choses que la parole ne peut restituer (sentiments, intuitions, etc.), soulignera peut-être la caractère inachevé du langage qui ne peut tout exprimer. Dès lors, après avoir réfléchi sur la nature fonctionnelle du langage, peut-on lui attribuer un droit à pouvoir signifier l’ensemble des faits physiques et psychiques, voire métaphysiques ?   

« artistique.

On ne peut ramener tout le sacré à l'être en tant que tel.

L'expression de l'intelligible dans le sensible nepeut suffire à faire de l'œuvre d'art quelque chose de sacré.

Heidegger pense que l'œuvre d'art est dévoilement de la vérité de la chose.

L'œuvre installe un monde, ce n'est pas elle qui estinstallée.

L'œuvre rayonne, elle a une aura. Ce qui enlève le sacré de l'œuvre d'art, c'est « l'ici et le maintenant » de la véritable présence de l'œuvre d'art.Il se fait souvent un silence quasi religieux face à une œuvre d'art digne dece nom .

A l'exemple du romantisme qui a voulu rénover le sentiment religieux, la peinture de Caspar David Friedrich , Le retable de Tetschen , peinture de paysage représentant un Christ sur une montagne éclairée par le soleil Uneœuvre d'art ne mérite pas un discours mais une prière car la contemplationd'une peinture élève notre âme vers Dieu.

La contemplation esthétique estune expérience intime d'union avec l'esprit du Créateur.

Cette pensée qu'onpourrait appliquée au Retable exprime ce désir d'union de la nature, de l'art et de la religion en vue d'une certaine totalité.

La beauté a un sens mystérieuxcar elle est capable d'exprimer le divin dans l'art et la nature, la beauté est lesigne du divin.

Il n' y a pas vraiment de mots pour décrire une œuvre d'art, labeauté invite inexplicablement au silence, l' « aura » d'une œuvre d'art n'estpas quelque chose de véritablement humaine.

b.

Il y a des états psychologiques propres qui caractérisent le mysticisme. Ainsi ces états présentent d'une part la dépréciation, voire l'effacement dessymboles sensibles et des notions de la pensée abstraite et discursive ; c'estd'autre part le contact direct et immédiat de l'esprit avec la réalité épurée detoutes superficialités.

Le mystique a donc l'impression d'avoir plus deconnaissance et de lumière.

De fait, il reproche aux mots et à la valeurlogique que l'homme attribue à toutes choses, de ne pas être la meilleure clarté qu'on puisse avoir des choses.

D'oùcette parole de Beethoven : « La musique est une révélation plus haute que la sagesse et la philosophie » (R. Roland, Vie de Beethoven ). Conclusion Le langage reste indéniablement l'instrument de la pensée humaine permettant de s'extérioriser, et par là mêmede se communiquer.

Ainsi pensée et langage ont toujours un objet de visée, au sens phénoménologique, etparaissent détenir une forme de pouvoir vis-à-vis des choses.

Mais quant à la difficulté d'exprimer ce qui est obscur,il semble évident que le langage se soumet à ses propres limites.

Dès lors, d'autres modes d'ouverture à l'être(contemplation, méditation, intuition, etc.) sont susceptibles de le remplacer afin de mieux appréhender ce devantquoi le langage paraît impuissant.. »

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