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Peut-on ne pas s'aimer soi-même ?

Publié le 19/12/2005

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Pascal : « Le Moi est haïssable. ». Comment et pourquoi ? a) La philosophie chrétienne jugea avec Pascal que « le moi est haïssable » parce que Dieu seul est digne d'amour et que le Moi tend à nous en détourner. Elle fait donc du délaissement de soi un devoir moral, mais pour autant les chrétiens n'iraient pas jusqu'à dire que l'on peut ne pas s'aimer soi-même, s'ils consacrent leur amour terrestre à dieu c'est parce que dieu lui-même est amour, et qu'il le leur rendra à l'heure du jugement dernier. C'est donc, pour l'amour d'eux même, au moins de la partie immortelle qui est en eux (âme) et qui en ce sens appartient à dieu, qu'il se détourne de leur partie mortel (corps). « Aime ton prochain comme toi-même », dit la bible, c'est-à-dire en tant qu'il est comme toi, une partie de Dieu. On voit bien que le désamour de soi, n'est possible que dans la mesure où la conscience chrétienne, mais au-delà, simplement la conscience peut se scinder et se juger elle-même. Problème : Pour les athées, qui ne croient pas à l'immortalité de l'âme, cette conscience qui juge, est le produit d'une illusion historique. Nul ne peut les en convaincre, car elle repose sur une croyance, ce qui n'est pas .

Nous allons nous interroger ici sur l’amour de soi et plus particulièrement sur la négation de cet amour. Peut-on ne pas s’aimer soi-même ? Tout d’abord, peut-on éprouver du rejet à notre propre endroit, se sentir dégoûter par soi-même ? Sûrement, dans bien des cas : on se trouve parfois laid, ou pas intéressant, trop petit, trop gros, parfois trop bête ou trop ignorant, pas assez intelligent, etc. Mais alors où se tient le soi qui juge par rapport au soi qui est jugé et sur quels critères juge-t-il ? Ce critère est-il un critère universel ou subjectif ? Peut-on avoir des raisons objectives et universelles de nous détester et dans quels cas précis ? Si oui, dans les autres cas, pourquoi, nous détestons nous, « sans raison « ? Pour comprendre ce problème, il faudrait alors nous demander si c’est une conscience naturelle du bien en soi, (un critère objectif partagé par l’humanité dans son ensemble) ou bien plutôt la comparaison à une norme extérieure à nous, - que notre conscience s’est pourtant appropriée - qui nous fait nous juger nous même ainsi incomplet et détestable ? Dans le premier cas, il faudrait se demander si une telle conscience est seulement possible et le cas échéant quel domaine de la conscience lui appartiendrait en propre, - une fois ce domaine établi, il faudrait se demander si une telle conscience universellement partagée, qui pèserait, donc, également sur tous et sur chacun, pourrait nous pousser à ne point nous aimer nous-même -, dans le second cas, il nous faudrait essayer de comprendre si ce malaise ne repose pas plutôt sur un critère illusoire, c'est-à-dire un critère d’erreur sur la nature humaine ? Dans ce cas, il faudrait enfin, se demander, comment et par quel processus, l’homme a pu se tenir en si peu d’estime, qu’il a soumis aux fluctuations et aux changements innombrables de l’opinion, le Bien qu’impérativement il se devait ?

« 1.

Pascal : « Le Moi est haïssable.

».

Comment et pourquoi ? Pascal reprend ici un thème cher aux moralistes chrétiens.

À l'origine del'injustice se trouve le « moi », épicentre d'un amour-propre qui voudrait quetout le flatte.

C'est précisément en cela que l'on doit le haïr.

En se faisant «centre de tout », c'est-à-dire point de référence ultime du jugement, ilpervertit toutes les valeurs.

Le « moi » est donc coupable de s'entretenir dansune illusion volontaire.

Il trouve en cela un point d'appui dans l'imagination, quimasque notre inconsistance pour alimenter le jeu de l'amour-propre.

Échapperà l'injustice du « moi », égocentrique par définition, ce sera au contraire sepenser comme créature de Dieu et membre de Jésus-Christ. a) La philosophie chrétienne jugea avec Pascal que « le moi est haïssable »parce que Dieu seul est digne d'amour et que le Moi tend à nous en détourner.Elle fait donc du délaissement de soi un devoir moral, mais pour autant leschrétiens n'iraient pas jusqu'à dire que l'on peut ne pas s'aimer soi-même, s'ilsconsacrent leur amour terrestre à dieu c'est parce que dieu lui-même estamour, et qu'il le leur rendra à l'heure du jugement dernier.

C'est donc, pourl'amour d'eux même, au moins de la partie immortelle qui est en eux (âme) etqui en ce sens appartient à dieu, qu'il se détourne de leur partie mortel(corps).

« Aime ton prochain comme toi-même », dit la bible, c'est-à-dire en tant qu'il est comme toi, une partie de Dieu.

On voit bien que le désamour de soi, n'est possible que dans la mesureoù la conscience chrétienne, mais au-delà, simplement la conscience peut se scinder et se juger elle-même. Problème : Pour les athées, qui ne croient pas à l'immortalité de l'âme, cette conscience qui juge, est le produitd'une illusion historique.

Nul ne peut les en convaincre, car elle repose sur une croyance, ce qui n'est pas ...« uneraison ». b) Pourtant, il y a bien d'autres cas ou le moi apparaît « haïssable », Ex.

: le mal-être de l'adolescence.

A tous âges,l'homme peut se trouver : inintéressant, trop gros, trop petit, pas assez ceci ou cela.

Ce mal-être ne semble pasreposer sur une croyance, sur quoi repose-t-il ? Y a-t-il un critère objectif de notre, insuffisance ? Dans le cas del'apparence : celui qui se trouve trop laid, éprouve-t-il ce sentiment en toute raison ? En lui, la part qui juge est-ellerationnelle et toute l'humanité pourrait elle reconnaître en lui le laid ? Non, en aucune façon. Il n'y a pas de critère universel du beau.

De même pour, l'intelligence, la taille, etc.

Rien, ne vient justifier,rationnellement que nous soyons exclu de la communauté humaine, parce que nous avons trop de ventre (parrapport à qui), pas assez de cheveux ou pas assez de culture et c'est heureux ! Quelle est donc la caractéristiquede l'humanité, par excellence ? Dans quels cas est-il légitime d'être rejeté, par nous-même, comme par les autres ? c) Un seul cas : Celui des méchants.

Ils sont ceux qui justement, ne se condamne pas eux-mêmes, ou seulementpeut être après coup, alors qu'ils contreviennent à l'impératif catégorique pourtant universel.

Les remords dansl'après coup, sont l'expression de la conscience morale.

Il serait légitime, que ceux-là, selon un critère objectif, serejettent eux même, se dénigrent, ils en ont en tout cas le devoir moral impératif ! Leur action, comme toutesactions humaines, devrait être soumise, selon Kant, à la loi fondamentale de la raison pratique : « Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir en même temps comme principe d'une législation universelle.

»(Kant, Critique de la Raison Pure) Si tout le monde était un tueur, l'espèce humaine serait bientôt éteinte, ceux qui tuent, agissent donc contre leBien en soi de l'humanité.

Cette maxime leur permet de connaître leur devoir.

Ils sont libres et choisissent de faire lemal, ils doivent être punis en retour (prison etc.) Et plus, ils doivent eux-mêmes et intérieurement s'exclurent decette communauté et ressentir le poids de leur culpabilité, jusque dans la perception qu'ils ont d'eux même.Pourtant, bien souvent ça n'est pas le cas.

Ils le doivent, mais peuvent s'en sentir exempté.

De même ceux qui sedénigrent « sans raison », ne le devraient pas et pourtant ils le peuvent, et le font d'ailleurs. Transition : Mais alors, si l'on peut, se sentir désolidariser de soi, étranger dans sa propre demeure, et ce, sans raison, est-ce à dire que l'on peut ne pas s'aimer soi-même et surtout pourquoi ? 2.

« Aime ton prochain « comme » toi-même.

» Bible a) Ce commandement religieux, fut la première formulation d'un impératif moral d'amour : amour des chrétiens entreeux comme de chaque chrétien, pour lui-même.

Cependant, cet impératif, n'engage que les croyants, en aucun casles autres : il repose sur une croyance irrationnelle, absolument indémontrable, et qui ne peut donc convaincrel'ensemble de l'humanité. b) La philosophie qui ne peut se satisfaire de croyance a établi son impératif pratique sur la raison, et lui a ainsidonné l'universalité : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen.

»(Kant, Fondements de la métaphysique des moeurs) L'humanité doit être pour nous l'homme une fin en soi, qu'il doit aimer, et respecter, en lui-même comme en son. »

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