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Peut-on se passer d'un maître ?

Publié le 01/02/2004

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En premier lieu parce qu'elle prend l'habitude de la soumission pour une donnée naturelle alors qu'elle est une donnée historique contingente et par conséquent révisable ; ensuite parce qu'on ne voit pas pourquoi les hommes se seraient soumis à un pouvoir qui s'avérerait aussi dangereux que l'état d'insécurité dont ils voulaient sortir ; enfin parce que la liberté étant naturelle à l'homme et par suite inaliénable, tout contrat qui s'aviserait de la supprimer serait dépourvu de valeur. L'homme en effet ne peut vouloir que ce qui accomplit sa nature, et non pas ce qui porte atteinte à son humanité.Il en résulte que pour Rousseau le pouvoir n'est pas l'arbitraire comme l'obéissance n'est pas la servitude. Si les gouvernants ont bien l'exercice du pouvoir, ils n'en sont pas les propriétaires ; le pouvoir n'appartient qu'au peuple qui de son côté n'obéit pas à un homme mais à une loi pour autant qu'elle préserve ses libertés. Ce qui signifie qu'un contrat n'a de valeur que s'il concilie l'ordre et la liberté et non pas s'il pose comme condition que la conservation de l'un passe par le sacrifice de l'autre. Tel est pour Rousseau le fondement de l'autorité et de l'obéissance dont doit s'inspirer tout droit politique.Adulte, il faut savoir se passer des maîtres et tuteurs [1] "Les Lumières sont la sortie de l'homme de la minorité où il est par sa propre faute. La minorité est l'incapacité de se servir de son entendement sans la direction d'autrui. Cette minorité, nous la devons à notre propre faute lorsqu'elle n'a pas pour cause un manque d'entendement, mais un manque de décision et de courage pour se servir de son entendement sans la direction d'autrui. Sapere aude! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Telle est donc la devise des Lumières.

« Les enfants, grands imitateurs, essayent de tout dessiner :je voudrais que le mien cultivât cet art, non précisémentpour l'art même, mais pour se rendre l'oeil juste et la mainflexible ; et, en général, il importe fort peu qu'il sache tel outel exercice, pourvu qu'il acquière la perspicacité du sens etla bonne habitude du corps qu'on gagne par cet exercice.

Jeme garderai donc bien de lui donner un maître à dessiner, quine lui donnerait à imiter que des imitations, et ne le feraitdessiner que sur des dessins : je veux qu'il n'ait d'autremaître que la nature, ni d'autres modèles que les objets.

Jeveux qu'il ait sous les yeux l'original même et non pas lepapier qui le représente, qu'il crayonne une maison sur unemaison, un arbre sur un arbre, un homme sur un homme,afin qu'il s'accoutume à bien observer les corps et leursapparences, et non pas à prendre des imitations fausses etconventionnelles pour de véritables imitations.

Je ledétournerai même de rien tracer de mémoire en l'absencedes objets, jusqu'à ce que, par des observations fréquentes,leurs figures exactes s'impriment bien dans son imagination; de peur que, substituant à la vérité des choses des figuresbizarres et fantastiques, il ne perde la connaissance desproportions et le goût des beautés de la nature. Rousseau 1) a) Pourquoi, selon Rousseau, les enfants doivent-ils cultiver l'art du dessin ?b) Quelles sont les étapes de son argumentation ? 2) a) Expliquez : "prendre des imitations fausses et conventionnelles pour de véritables imitations".b) Analysez la distinction entre l'imagination dans laquelle "s'impriment" des "figures exactes" etl'imagination productrice de "figures bizarres et fantastiques". I - LES TERMES DU SUJET Il s'agit ici pour Rousseau de montrer que l'éducation artistique de l'enfant doit se régler sur la nature.Ainsi, en matière de dessin, c'est par un travail d'observation directe des beautés naturelles que l'élèvepourra progressivement se rendre maître de ce savoir-faire. II - UNE DÉMARCHE POSSIBLE 1/ a) Pourquoi, selon Rousseau, les enfants doivent-ils cultiver l'art du dessin ? Si le dessin consiste à représenter une réalité de manière conforme à celle-ci, alors il doit s'effectuer àpartir du modèle original que constitue la nature plutôt que de se borner à imiter les dessins d'un maître.Ce savoir-faire qu'est le dessin doit être cultivé non pas d'abord pour lui-même mais parce qu'il permet àl'enfant d'apprendre à observer en même temps qu'il exerce l'habilité de la main. 1/ b) Les étapes de l'argumentation 1) Du début du texte jusqu'à "par cet exercice", Rousseau énonce un principe relatif à l'éducationartistique.

A travers le dessin, il s'agit non seulement d'exercer le sens de la vue (et par son entremisecelui de l'observation) mais aussi de développer sa maîtrise de cet organe du corps, particulièrementsouple et adaptable, qu'est la main. 2) De "Je me garderai donc [...]" jusqu'à "véritables imitations", Rousseau tire une première conséquencede ce principe : le dessin ne doit pas être une imitation au second degré (c'est-à-dire une imitationd'une première imitation, c'est-à-dire une représentation) mais doit être une imitation d'un modèleoriginal -la nature ou un objet réel. 3) De "Je le détournerai [...]" jusqu'à "beautés de la nature", Rousseau tire une seconde conséquence duprincipe énoncé.

C'est la vision, l'observation qui devra guider le dessin plutôt que l'imagination, au moinsle temps que celle-ci puisse mémoriser les modèles que lui offre la nature. 2/ a) Explication de l'expression "prendre des imitations fausses et conventionnelles pour de véritablesimitations Rousseau fait ici la distinction entre la mauvaise et la bonne imitation.

Tandis que la première n'est qu'unsimulacre qui travestit son modèle et ne parvient pas à se dégager d'un certain conformisme (cf."conventionnelles"), la bonne imitation est celle qui est réalisée à partir de l'original.. »

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