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Que peut la pensée contre le malheur des hommes ?

Publié le 14/11/2004

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 La pensée est une activité de l’esprit. Le malheur est la conscience d’un élément désagréable qui se prend comme une contrainte dans l’accession au bonheur. Si le malheur des hommes semble inscrite dans l’histoire comme l’a dit Freud dans Malaise dans la civilisation. Pourtant on peut se demander quel lien entre la pensée et le malheur des hommes ? Or le primat de la raison et la toute puissance de la pensée peut se comprendre comme un moyen voire un remède aux malheurs de l’homme (1ère partie). En effet, la pensée peut nous permettre de prendre du recul sur les choses de la vie mais aussi nous faire comprendre que nous ne pouvons pas tout contrôler ni tout éviter. Néanmoins, il faut bien remarquer que la pensée ne peut pas tout (2nd partie) notamment parce que son extension n’est pas totale et qu’il y a nombre de domaines qui lui échappent. Bien plus, la pensée est réellement entrée en crise voire elle a perdu de sa superbe et de sa domination en tant que la pensée ne serait plus apte à nous amener vers un dépassement de notre malheur. Pourtant, si la pensée peut quelque chose, il est nécessaire de remarquer que cela ne peut se faire qu’au prix de son utilisation et d’une conversion du regard qui seul permet de soulager l’homme même si elle ne peut outrepasser ses prérogatives et laisse alors une place nécessaire à la croyance et à la religion comme au-delà de la pensée (3ème partie).

« Ainsi, la pensée calme l'agitation de l'homme.

Or comme le note Epictète lui-même dès la première ligne du Manuel : « Parmi les choses qui existent, certaines dépendent de nous, d'autres non.

De nous, dépendent la pensée,l'impulsion, le désir, l'aversion, bref, tout ce en quoi c'est nous qui agissons ; ne dépendent pas de nous le corps,l'argent, la réputation, les charges publiques, tout ce en quoi ce n'est pas nous qui agissons.

Ce qui dépend de nousest libre naturellement, ne connaît ni obstacles ni entraves; ce qui n'en dépend pas est faible, esclave, exposé auxobstacles et nous est étranger.

Donc, rappelle-toi que si tu tiens pour libre ce qui est naturellement esclave et pourun bien propre ce qui t'est étranger, tu vivras contrarié, chagriné, tourmenté; tu en voudras aux hommes commeaux dieux; mais si tu ne juges tien que ce qui l'est vraiment - et tout le reste étranger -, jamais personne ne saurate contraindre ni te barrer la route; tu ne t'en prendras à personne, n'accuseras personne, ne feras jamais riencontre ton gré, personne ne pourra te faire de mal et tu n'auras pas d'ennemi puisqu'on ne t'obligera jamais à rienqui pour toi soit mauvais ».

Et c'est pour cela que l'on a résumé souvent la philosophie d'Epictète à ces mots :« abstiens-toi et supporte », c'est-à-dire fixe ta volonté sur les choses qui dépendent de toi, définissant une libertédu monde, mais accepte le destin qui ne cesse de jaillir sur toi : c'est là faire preuve de sagesse.

Et c'est d'ailleursbien en ce sens que dans une certaine continuité Marc-Aurèle dans ses Pensées pour moi-même dit : « Efface l'imagination.

Arrête cette agitation de pantin.

Circonscris le moment actuel.

Comprends ce qui t'arrive, à toi ou à unautre.

Distingue et analyse, en l'objet qui t'occupe, sa cause et sa matière.

Pense à ta dernière heure.

La faute quecet homme a commise, laisse-la où la faute se tient ». c) Dès lors, on peut dire que la pensée est si puissante qu'elle est capable de passer le temps et de nous rendrequasi immortel.

C'est bien ce que montre Sénèque dans De la brièveté de la vie : « [14,5] Ceux-là, nous pouvons le dire, s'attachent à leurs véritables devoirs, qui tous les jours ont avec les Zénon, les Pythagore, les Démocrite, lesAristote, les Théophraste, et les autres précepteurs de la morale et de la science, des relations intimes etfamilières.

Aucun de ces sages qui n'ait le loisir de les recevoir ; aucun qui ne renvoie ceux qui sont venus à lui, plusheureux et plus affectionnés à sa personne ; aucun qui souffre que vous sortiez d'auprès de lui les mains vides, Nuitet jour leur accès est ouvert à tous les mortels.

[15,1] Nul d'entre eux ne vous forcera de mourir, tous vousapprendront à quitter la vie ; aucun ne vous fera perdre vos années, chacun y ajoutera les siennes ; nul ne vouscompromettra par ses discours ; nul n'exposera vos jours par son amitié, et ne vous fera chèrement acheter safaveur.

Vous retirerez d'eux tout ce que vous voudrez ; et il ne tiendra pas à eux que, plus vous aurez puisé à cettesource abondante, plus vous y puisiez de nouveau.

[15,2] Quelle félicité, quelle belle vieillesse sont réservées àcelui qui s'est mis sous leur patronage ! il aura des amis avec lesquels il pourra délibérer sur les plus grandes commesur les plus petites affaires, recevoir tous les jours des conseils, entendre la vérité sans injure, la louange sansflatterie, et les prendre pour modèles.

[15,3] On dit souvent qu'il n'a pas été en notre pouvoir de choisir nosparents ; que le sort nous les a donnés.

Il est pourtant une naissance qui dépend de nous.

Il existe plusieursfamilles d'illustres génies ; choisissez celle où vous désirez être admis, vous y serez adopté, non seulement pour enprendre le nom, mais les biens, et vous ne serez point tenu de les conserver en homme avare et sordide ; ilss'augmenteront au fur et à mesure que vous en ferez part à plus de monde.

[15,4] Ces grands hommes vousouvriront le chemin de l'éternité, et vous élèveront à une hauteur d'où personne ne pourra vous faire tomber.

Telest le seul moyen d'étendre une vie mortelle, et même de la changer en immortalité ». Transition : Ainsi la pensée est toute puissante.

Elle est le meilleur remède contre les malheurs des hommes.

Pourtant, commentexpliquer alors que l'homme ait toujours affaire avec le malheur et ne vive pas dans un bonheur absolu.

Bien plus, ilfaut voir que le remède est aussi un poison si l'on reprend l'étymologie grecque du « pharmacon ». II – La défaite de la pensée a) En effet, on peut dire que la pensée n'est pas toujours capable de lever les malheurs de l'homme.

Et c'est bience qui notamment a été à l'origine de la crise de la pensée en Europe au XIX ème siècle.

Or c'est bien ce que l'on peut remarquer à travers le texte de Husserl dans La Crise de l'humanité européenne et la philosophie .

Quel est le sens de cette « crise des sciences » ? Au début de la Krisis, Husserl commence par suspecter la pertinence d'une telle expression : « Est-il sérieux de parler purement et simplement d'une crise de nos sciences ? Cette expression,qu'on entend aujourd'hui partout, n'est-elle pas outrancière ? Car la crise d'une science, cela ne signifie rien demoins que le fait que sa scientificité authentique – ou encore la façon même dont elle a défini ses tâches et élaboréen conséquence sa méthodologie – est devenue douteuse.

N'étant pas attentif à ceci qu'un fait n'est jamais distinctde son sens pour moi, ou que l'objet n'est pas différent du regard que je porte sur lui, un tel esprit pense la viséescientifique comme séparée des problèmes vitaux que se pose l'humanité.

En ce sens, « cette science n'a rien à nous dire […].

Les questions qu'elle exclut par principe sont précisément les questions qui sont les plus brûlantes ànotre époque malheureuse, pour une humanité abandonnée aux bouleversements du destin : ce sont les questionsqui portent sur le sens ou l'absence de sens de toute cette existence humaine ».

N'étant pas attentif à ceci qu'un fait n'est jamais distinct de son sens pour moi, ou que l'objet n'est pas différent du regard que je porte sur lui, un telesprit pense la visée scientifique comme séparée des problèmes vitaux que se pose l'humanité.

En ce sens, « cette science n'a rien à nous dire (…).

Les questions qu'elle exclut par principe sont précisément les questions qui sont lesplus brûlantes à notre époque malheureuse, pour une humanité abandonnée aux bouleversements du destin : cesont les questions qui portent sur le sens ou l'absence de sens de toute cette existence humaine ». b) Or cette crise de la pensée prend son sens dans la critique de cette pensée qui non contente de ne pas. »

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