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Peut-on penser l'écoulement du temps ?

Publié le 28/07/2005

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temps
Certes on le mesure et il est intéressant de noter que des sociétés très reculées dans l'histoire se sont dotées d'instrument qui permettent de le comptabiliser. Les méthodes actuelles permettent de plus en plus de précision (horloge nucléaire), et l'on peut remonter jusqu'à plusieurs milliards d'années. Ces calculs donnent une apparence de réalité au temps,  que l'on définit alors comme la succession des événements qui se sont produits depuis le bing-bang et dont nous avons connaissance grâce à la science. Par ailleurs, il y a les événements qui se produisent durant notre vie à l'échelle individuelle. Troisième partie : De l'événement, du découpage de la durée, nous déduisons que le temps s'écoule tel un fleuve. « Le temps n'est pas un concept discursif, ou, comme on dit, un concept général, mais une forme pure de l'intuition sensible. » Kant, Critique de la raison pure, 1781.Il existe une différence considérable entre le fleuve et le temps, puisque le premier a un début (sa source) et une fin (son estuaire ou son delta), alors qu'on ne peut pas en dire autant du second. Le bing-bang n'est que le premier événement d'une longue suite dont nous avons connaissance. Il serait l'événement de départ, celui à partir duquel quelque chose est créé.

Le temps semble pouvoir se comprendre de deux manières : d’une part, le temps des horloges est ce que nous contrôlons par la mesure, il est donc homogène et divisible mathématiquement. D’autre part, le temps correspond à une durée, subjective, qui peut nous sembler, psychologiquement, plus ou moins longue selon la manière dont nous l’occupons. La question de savoir si nous pouvons penser l’écoulement du temps prend sens par rapport à ces deux manières de nous rapporter à sa réalité : si l’on pense le temps comme une série de moments homogènes mesurables, saisit-on encore la réalité de son écoulement ? Si nous nous rapportons au temps comme pure durée, celle-ci peut-elle être pensée, n’est-elle pas seulement un vécu psychologique qui résiste à la pensée ? Le temps n’est-il pas alors ce dont l’écoulement est condamné à toujours nous échapper ? Si nous pouvons toutefois penser cet écoulement, est-ce directement dans la saisie de sa durée, ou par l’intermédiaire d’une mesure ? Nous verrons dans un premier temps que nous ne pouvons penser l’écoulement du temps, car notre pensée ne peut saisir ce qui change perpétuellement, avant de soutenir que nous pouvons penser le temps en le mesurant à partir du mouvement. On pourra alors se demander si l’échec de la pensée à saisir l’écoulement même du temps n’appelle pas une nouvelle méthode pour saisir la durée telle que nous la vivons.

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« SECONDE CORRECTION Le temps semble pouvoir se comprendre de deux manières : d'une part, le temps des horloges est ce que nous contrôlons par la mesure, il est donc homogène et divisible mathématiquement.

D'autre part, le temps correspond à une durée, subjective, qui peut noussembler, psychologiquement, plus ou moins longue selon la manière dont nous l'occupons.

La question de savoir si nous pouvons penserl'écoulement du temps prend sens par rapport à ces deux manières de nous rapporter à sa réalité : si l'on pense le temps comme unesérie de moments homogènes mesurables, saisit-on encore la réalité de son écoulement ? Si nous nous rapportons au temps commepure durée, celle-ci peut-elle être pensée, n'est-elle pas seulement un vécu psychologique qui résiste à la pensée ? Le temps n'est-il pasalors ce dont l'écoulement est condamné à toujours nous échapper ? Si nous pouvons toutefois penser cet écoulement, est-ce directementdans la saisie de sa durée, ou par l'intermédiaire d'une mesure ? Nous verrons dans un premier temps que nous ne pouvons penserl'écoulement du temps, car notre pensée ne peut saisir ce qui change perpétuellement, avant de soutenir que nous pouvons penser letemps en le mesurant à partir du mouvement.

On pourra alors se demander si l'échec de la pensée à saisir l'écoulement même du tempsn'appelle pas une nouvelle méthode pour saisir la durée telle que nous la vivons. 1° Nous ne pouvons penser l'écoulement du temps car la pensée ne peut saisir son caractère changeant Pour Platon, le temps caractérise le monde sensible, par opposition à l'éternité immuable.

Comme le monde sensible est une copie imparfaite du monde intelligible, le temps est une copie de la vraie réalité qu'est l'éternité.

Le temps est le lieu du mouvant, duchangeant, sur lesquels notre pensée n'a pas de prise.

En effet, penser une chose signifie, dans la perspective platonicienne, la rapporterà son essence intelligible, par l'intermédiaire du langage, qui permet de désigner les choses de manière stable.

Or, le temps sensible, parson écoulement, ne peut entrer dans une pensée stable, puisqu'il est par définition ce qui change perpétuellement et ce par quoi leschoses sensibles changent : de même que nous rapportons les choses, pour les penser, à leurs essences éternelles intelligibles, nousdevons penser le temps à partir de son modèle parfait, c'est-à-dire l'éternité.

Ceci revient à dire que nous ne pouvons penserl'écoulement du temps, puisque cet écoulement est précisément ce que la notion d'éternité ne contient pas, et précisément ce quiéchappe à toute pensée qui a besoin de rapporter ses objets à une réalité stable et non changeante. 2° Nous pouvons penser l'écoulement du temps par la mesure Aristote, comme Platon, fait du temps une caractéristique du monde sensible, qui est d'une nature moins parfaite que l'éternité qui définit le divin.

Cependant, Aristote s'oppose à Platon en affirmant que nous pouvons penser l'écoulement du temps, car celui-ci n'existepas réellement dans le monde comme la matière, mais prend sa réalité dans notre esprit par la mesure.

Nous pouvons ainsi penser lechangement qui caractérise l'écoulement du temps comme « le nombre du mouvement selon l'antérieur et le postérieur » : ceci signifieque notre pensée saisit le temps en le mesurant par le mouvement.

Dans le mouvement, qui produit lui aussi un changement, nousdistinguons un avant, un après, et un intervalle entre les deux.

De même, dans le temps, nous distinguons un passé et un futur qui sontcomme des parties du temps, où les événements sont contenus comme dans un lieu et qui forment des repères.

L'écoulement du tempspeut ainsi être pensé comme un temps mesuré par notre esprit, divisible et mathématisé.

Cependant, doit-on penser que cette manièrede nous rapporter au temps nous permet vraiment de nous rapporter à son écoulement, dans la mesure où nous pensons le temps àpartir de l'espace, alors même que l'espace n'a pas d'écoulement ? Si le temps est une réalité de notre esprit, ne faut-il pas penserjustement qu'il faut abandonner le modèle spatial, qui renvoie à la réalité externe, pour pouvoir saisir sa durée ? 3° L'écoulement du temps renvoie à la durée vécue, non au temps spatialisé Bergson critique la conception aristotélicienne, selon laquelle la seule manière de penser l'écoulement du temps consiste à en faire un phénomène spatial, où les événements sont juxtaposésles uns à côté des autres : ceci revient à perdre ce qui fait la réalité de l'écoulement du temps, sadurée.

Bergson oppose ainsi le temps mesuré, tel que nous nous y rapportons par nos conceptsmathématiques, et par notre action, qui ont besoin de dégager des instants dans l'écoulement dutemps et de se représenter ces instants dans une succession, à la durée telle qu'elle est vécue par notreesprit.

Cette durée n'est pas une juxtaposition d'événements, elle mêle tous les éléments de notre vieintérieure, et est en perpétuelle évolution.

Cette durée ne peut être pensée par nos concepts, car ceux-ci sont stables et ne peuvent saisir cette intrication des choses dans le devenir.

Bergson est sur ce pointd'accord avec Platon, mais renverse sa perspective : l'impossibilité de penser la durée avec nos conceptsne signifie pas que nous devons renoncer à cette durée, mais au contraire que nous devons la saisir parun autre mode, car elle est la réalité même du temps.

Nous devons la saisir par une intuition, qui neconsiste pas à faire du temps un lieu où les événements mesurés arrivent, mais à se rapporterdirectement et immédiatement à notre vécu psychologique de la durée, pour saisir l'écoulement dutemps comme le devenir qui est créateur de nos états psychologiques eux-mêmes. Conclusion Le paradoxe du temps consiste à penser que nous pouvons le saisir soit par la mesure, qui réduit l'écoulement à une succession de moments tous égaux, soit comme durée, qui par son changementrésiste à notre pensée qui a besoin de s'appuyer sur des objets stables.

On peut alors penser que lecaractère insaisissable de l'écoulement du temps fait que nous ne pouvons penser que l'éternité immuable du monde intelligible.Cependant, il est possible de soutenir que nous pouvons penser le temps sensible en mesurant son écoulement sur le modèle de ladivision que nous effectuons dans l'espace pour nous y repérer.

Mais l'écoulement même du temps semble alors disparaître dans cettemesure, qui fait du temps une succession d'instants sans penser ce qui fait le passage entre ces instants, et donc son écoulement.

Onpeut alors penser que l'impossibilité pour notre intelligence conceptuelle de saisir l'écoulement du temps appelle une nouvelle méthodede pensée, destinée à saisir la véritable nature du temps, qui est sa durée, son devenir, dans lequel tous les événements sont mêlés etagissent les uns sur les autres.. »

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