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Peut-on penser philosophiquement l'argent ?

Publié le 20/01/2010

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L'argent dépasse largement les conditions économiques qui lui sont attribuées. L'argent n'est pas seulement un moyen d'échange, il ne facilite pas les échanges.  C'est une convention culturelle et politique qui d'abord permet à l'origine de mesurer la valeur de 2 objets hétérogènes : un chameau contre une vache, dans le but d'un échange. C'est un médium, un « entremetteur « (Marx), c'est un outil, c'est un dispositif à la fois rationnel et artificiel, qui évite les aléas du troc. Aristote dans sa Politique classe l'origine de la monnaie dans le troc. Pour lui, l'échange de marchandise précède historiquement et logiquement l'argent qui fut donc inventé à cause de la nécessité de l'échange, en particulier pour ses qualités pratiques dont la maniabilité. C'est pourquoi les altermondialistes reviennent au troc : des communautés qui veulent sortir du système reviennent à des procédés ancestraux, archaïques. On reconnait aussi à l'argent, le pouvoir de réguler les rapports entre les citoyens et l'Etat et les particuliers entre eux, c'est-à-dire un outil de régulation des relations entre les hommes qui favorise, dit Simmel, « l'ordre étatico-social « (p.198). L'argent est une institution sociale qui intègre une dimension politique sociologique, psychologique. On ne peut pas se contenter d'une définition purement fonctionnelle de l'argent, d'une conception instrumentale ou neutraliste de la monnaie. Il est indispensable de s'intéresser à ses représentations intellectuelles et affectives. L'argent, parce qu'il n'est pas un outil neutre, parce qu'il est en fait chargé de « valeurs «, il occulte une place prégnante dans le discours du philosophe, du moraliste, du théologien ou du sociologue depuis la plus haute antiquité. Dans Sociologie de l'argent, J. Lazarus, il cite un grand sociologue, M. Mauss : « parce qu'il est sans cesse investi par des affects, des croyances, des normes morales, l'argent est essentiellement un fait social «. Voilà qui légitime donc le thème au programme.  L'argent est omniprésent dans notre société dans la mesure où l'universalité du fait monétaire est avérée. L'argent est un sujet ou un objet au potentiel polémique très élevé même si aujourd'hui, notamment depuis la faillite des alternatives au libéralisme (des régimes « communistes «), il « semble être passé du statut d'objet chaud à celui d'objet froid «, Lazarus. L'argent, totem ou tabou, dieu ou démon, sacré ou maudit ?  L'argent est un objet ambivalent. Si l'argent est considéré comme une source de richesse collective, un des moteurs de la modernité, un instrument de liberté, un facteur de progrès (économique et culturel) de prospérité ou de bonheur, il est aussi souvent présenté comme une puissance démoniaque, un fantasme irrationnel, une puissance d'aliénation, de corruption, une cause d'inégalité, un germe de malheur voire un objet mortifère. C'est cette ambivalence de l'argent que les 3 ½uvres au programme reflètent chacune à leur manière. 3 ½uvres qui interrogent les rapports ambigües, complexes, contradictoires, entre l'homme et l'argent mais qui interrogent aussi l'interprétation de l'argent dans notre imaginaire, sa place dans notre structure psychique et sociale.   

« sans fin.

Au fond, l'argent, pas son abstraction, est le seul objet illimité auquel le désir humain lui-même illimité peutse fixer.

La chrématistique ne souffre d'aucune l'ensemble des sources et méthodes d'échange destiné à procurer lemaximum de profit et parmi ces pratiques, celles du prêt à intérêt est la plus détestable.

Il est contre-natured'obtenir un gain de la monnaie elle-même alors que la monnaie a été inventé en vu de l'échange.

Argumentaired'Aristote influencera l'idéologie et l'éthique religieuse : le catholicisme empruntera à Aristote cet argument.

L'Eglisecondamne le prêt à intérêt et condamne dans le banquier une forme d'usurpateur : parce qu'il hypothèque le tempsqui n'appartient qu'à Dieu.

Cet interdit religieux du profit honoraire n'est pas resté sans effet : le Moyen-âge (13°S)a connu une croissance économique fit peser la menace de contradiction entre ces principes et la réalité despratiques de crédit.

Dans ce contexte anti chrématistique, une solution consista à abandonner les prêts aux mainsdes Juifs.

Du coup on respectait la condamnation de principe tout en gardant la possibilité de recourir au crédit.Autre conséquence : une assimilation durable de la figure du Juif et de la figure de l'usurier se met en place danslaquelle l'antisémitisme puise une de ses sources récurrentes.Simmel a une certaine idée de la valeur qui le situe dans l'histoire de la pensée économique.Le propos de Simmel n'est pas historique, il déclare toujours dans la préface : « la genèse de l'argent n'est point icien cause ».

Si son propos n'est pas historique, il utilise fréquemment les données de l'histoire monétaire.

Il ne s'agitpas non plus d'ethnologie, mais nombreux sont les exemples tirés des ethnologues.Simmel est un philosophe du concret, qui comme Husserl veut ouvrir « aux choses mêmes ».

Il s'agit de prouver qu'ilest possible de « déceler dans chaque détail de la vie le sens global de celle-ci ».

Chez Simmel, et l'Argent en estrévélateur, rien n'est trivial.

Il y a une volonté de saisir philosophiquement le monde dans toute la variété (desdétails ?) fussent-ils les plus impropres en apparence ».

Le sens de la vie se trouve au creux des apparences. L'autonomisation de l'argent et son inversion de moyens en fin La place qu'occupe de l'argent dans les « séries téléologiques » Série téléologique : C'est la série des moyens utilisés en vu de parvenir à une fin.

Téléologique : grec thelos (=fin) +logos (=étude).

Elle est également définie comme une action logique ou encore une action rationnelle par rapport àune but.

Dans cette partie, Simmel situe l'origine de l'argent dans les séries téléologiques, ces actions finalisées quisont totalement différentes des actions instinctives qui réalisent une pulsion.

L'homme agit de 2 façons : soit il estcommandé par une pulsion, soit quand il se fixe un objectif, un but, et pour l'atteindre, il met en place un certainnombre de moyen.

On parvient alors à faire la différence entre le comportement animal et le comportement humain.Différence entre la nature et la culture.

Si l'homme est un animal de culture, c'est justement parce qu'il est capablede construire des actions finalisées.

C'est quand la conscience entre dans l'action.

L'action humaine se distingue ducomportement animal à partir du moment où elle n'est plus mue par une pulsion mais motivée par la conscience.C\'est-à-dire que dans l'action finalisée, à but rationnellement calculé, l'individu se représente à l'avance les fins qu'ilentend réaliser.

L'univers tel que se le représente Simmel est celui de l'action réalisé.

Et ce qui va distinguerl'individu des autres éléments naturels c'est les énergies psychiques lui permettent de distinguer entre la fin et lesmoyens.

Donc lorsqu'un parle de séries téléologiques, automatiquement se pose la question du moyen : Qu'est-ceque le moyen ? C'est la médiation entre le désir et la satisfaction de ce désir. « La fin dans son essence est liée à ce fait qu'est le moyen » (p.238).« La fin [est] tributaire du moyen ». L'homme a besoin de moyens « techniques » pour réaliser ses désirs.

Le moyen absolu de l'action c'est l'outil.

«L'outil c'est le moyen démultiplié ».

« L'argent est le moyen parfait qui réalise parfaitement le concept de moyen ».

«Or, le moyen trouve sa réalité la plus pure dans l'argent ».

L'argent agent essentiel du progrès de l'intellectualité,est donc un produit de la culture : un espace technicisé, la technique étant le fait de produire des artifices destinésà satisfaire nos désirs.

C'est sans doute l'argent qui exprime le mieux la spécificité humaine : c'est sa conditiond'homo-faber.

« L'homme est l'être indirect ».

Voilà pourquoi l'argent qui est la médiation même revêt uneimportance capitale « pour la compréhension des motifs fondamentaux de l'existence ».

L'argent possède unepertinence anthropologique : « le moyen et sa version renforcée l'outil sont le symbole de l'espèce humaine »(p.245) : « il montre ou contient tout la grandeur de notre volonté et en même temps la forme qui la borne ».Non seulement l'homme est limité  il est donc insatisfait car il a toujours un désir nouveau qui se crée. I.) L'argent comme moyen absolu de l'échange et de la jouissance a.

Un outil sociologique semble privilégier une vision instrumentale de l'argent, considéré comme instrument parfaitde l'action.La monnaie est l'outil qui sert à l'étalon des échanges.

« L'argent qui surplombe les objets avec une parfaiteindifférence ».

Ce qu'il prouve (p.244) dans son ensemble, ce n'est pas la possession d'un objet mais l'échange desobjets.

L'argent dans son essence pure c'est l'étalon des valeurs, c'est l'instrument d'échange, c'est ce qu'il estdans la pureté de son essence.

« L'argent consiste uniquement en l'hypostase, en l'incarnation d'une pure fonction :celle de l'échange entre les humains » Or, l'échange, s'il est le premier fait de l'économie, il est aussi le fondementde l'action réciproque constitutive de la société.

L'échange est pour Simmel « une forme sociologique sui generis.L'échange produit la socialisation (p.192).

Simmel dissout l'argent, substance concrète et moyen absolu dans lesséries des moyens utilisés par les hommes pour parvenir à une fin, dans sa fonction ¬– le support d'uneréciprocité d'action entre individu qui constitue le processus de socialisation.

La société (« cette sphère vivante dela réciprocité d'action ») qu'elle soit primitive – quand il y a interaction interindividuelle immédiate, ou. »

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