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Peut-on penser sans images ?

Publié le 25/01/2004

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, IV, 3, 30), elle est capable de penser sans image (ibid., I, 4, 10). L'art lui-même n'est beau que par la forme idéale présente en l'âme de son créateur, et non par les formes matérielles où il prend place (ibid., V, 8, 1). La vocation essentielle de la pensée est anti-imaginative.Enfin, on associe l'imagination à la naissance des préjugés. Ainsi Descartes établit-il une généalogie de l'erreur : de nombreuses pensées naissent durant l'enfance, c'est-à-dire à une époque d'immaturité de la raison et de prééminence des sensations du corps sur la volonté spirituelle : alors, « notre âme était si étroitement liée au corps, qu'elle ne s'appliquait à autre chose qu'à ce qui causait en lui quelques impressions » (Principes de la philosophie, I, 71). L'indistinction du corps et de l'esprit commande un régime de pensée incapable d'une vision objective, et où les sentiments de douleur et de plaisir sont plus déterminants que la considération attentive des propriétés inhérentes aux choses. Une pensée adolescente, plus soucieuse d'utilité, n'en juge pas moins qu'il y a « plus ou moins de réalité en chaque objet, selon que les impressions » qu'il cause lui semblent « plus ou moins fortes » (il y aurait, par exemple, plus de réalité dans la pierre que dans l'eau ; l'air en paraîtra dépourvu tant qu'il n'y a pas de vent). Les préjugés de cette sorte sont la cause d'une physique fantaisiste, car, même en corrigeant, par raison, nos erreurs passées, « nous ne saurions nous défaire de cette imagination » (ibid.

« L'imagination symbolique est nécessaire à l'appréhension de l'Être comme totalité. • L'imagination ainsi conçue agit sous l'entier contrôle de l'entendement.

Mais la pensée peut-elle trouver un médiumparfait dans le langage articulé ? On admet volontiers que le langage ordinaire élaboré par l'histoire est «métaphorique » et peu clair : il faudrait, au contraire, établir une grammaire pure, une « charactéristique universelle», en laquelle la communication entre la chose et le verbe s'opérerait parfaitement : sémantique et syntaxerefléteraient la logique même des choses (Leibniz, Préface à la science générale, in Opuscules, Ed.

Alcan).

Mais celan'est valable que dans les domaines restreints où l'objectivité est le critère suprême et l'opérativité la finalité unique.De manière générale, « les vérités sont des illusions dont on a oublié qu'elles le sont » ; car l'homme « généralisetoutes ses impressions en des concepts décolorés et plus froids afin de leur rattacher la conduite de sa vie et deson action » ; et la science elle-même est une sorte de dissolution et d'oubli de l'image dans le concept (Nietzsche,Le livre du philosophe, III, Ed.

GF).

Le langage, en général, est ordonné aux fins de l'intelligence pratique (cf.L'évolution créatrice, I), non à l'intuition philosophique, qui s'alimente à l'imagination dynamique (cf.

La pensée et lemouvant). • Cependant, le « symbole » se distingue du signe conventionnel, car « tel qu'il est extérieurement, il comprend déjàle contenu de la représentation qu'il veut évoquer » (Hegel, Esthétique).

Il y a entre le lion (donc son image) et laforce, un rapport de représentation concret ; signifiant (la belle crinière) et signifié (la souveraineté) sontinséparables : le sens littéral conduit de lui-même au sens figuré.

Mais le lien n'est pas absolu et permet desvariations (le lion ne signifie pas nécessairement la force !).

L'image symbolique garde ainsi de son opacité (c'estd'ailleurs ce que Hegel lui reproche ; l'écriture alphabétique réalise une « idéalité » plus haute).

Or, c'est là queréside aussi l'intérêt du symbole : il participe au sens d'une manière concrète, mais il requiert pour être compris uneactivité d'interprétation qui doit surmonter le coefficient de mystère qui résiste en lui.

La dimension de sensn'apparaît dans le symbole qu'à celui qui accepte de lui supposer un sens : on ne comprend pas seulement lesymbole, on entre en relation avec lui, et, par surcroît, avec une profondeur de sens qu'il cache manifestement.

Lesymbole suscite une adhésion.

Ainsi dira-t-on de la « symbolique du mal » qu'elle « donne à penser » (P.

Ricoeur,Finitude et culpabilité, Ed.

Aubier). Ricoeur, « Il n'y a pas de symbole sans un début d'interprétation » Il y a des expressions qui sont immédiatement claires, qui sont univoques, et des expressions qui sont pluscomplexes.

Ce sont ces dernières qui laissent la place à l'interprétation et qui la suscitent, parce qu'ellescomportent en elles-mêmes une énigme.

Dans cette citation extraite de De l'interprétation, Ricoeur affirme le lienétroit entre le symbole et l'interprétation.

En effet, le symbole désigne « toute structure de signification où un sensdirect, primaire, littéral, désigne par surcroît un autre sens indirect, secondaire, figuré qui ne peut être appréhendéqu'à travers le premier ».

Par exemple, le cœur est le symbole de l'amour mais aussi du courage.

Ainsi, tout symboleet tout langage symbolique exigent une démarche interprétative qui dévoile un sens ou suscite la réflexion.

End'autres termes, « le symbole donne à penser ».

Or, la dimension symbolique est partout présente dans le monde quinous entoure et dans les activités humaines.

On la retrouve dans des domaines aussi variés que l'art, la politique, lareligion etc.

En politique par exemple, on peut penser au symbole de Marianne, à la faucille et au marteau, à l'aigleromain…En ce sens, de nombreuses activités humaines suscitent l'interprétation et la réflexion afin de découvrir lesens caché.

C'est que nous pouvons voir avec la question de l'interprétation des rêves par exemple .

Mais nouspouvons également penser aux discours idéologiques en politiques en remarquant la place importante que prend ladimension symbolique du langage.

Dire alors que le symbole donne à penser, c'est noter la nécessaire mise en routede la réflexion et le travail d'interprétation qui peuvent permettre de dévoiler un sens qui n'apparaît pas au premierabord.

L'interprétation est alors ce qui permet de ne pas en rester aux apparences.

Ainsi, s'il n'y a pas de symbolesans un début d'interprétation, il est nécessaire de prendre en compte l'importance de la démarche interprétativeparce qu'elle est une dimension essentielle de l'exercice de la pensée.. »

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