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Que peut la raison pour exclure la violence ?

Publié le 24/01/2004

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► Qu'est-ce que la raison? En grec ancien, le terme de logos (traduit en latin par ratio) désigne la raison en un sens très large de faculté du discours: ainsi, si l'homme est pour Aristote un animal «doué de raison«, c'est au sens où il parle (on retrouve la racine logos dans «langage«). Mais en un sens plus strict et plus proche de l'usage d'aujourd'hui, la raison désigne une certaine manière de parler ou de penser, consistant à ne pas seulement affirmer mais aussi à justifier ce que l'on dit. Contre l'opinion qui se contente d'«opiner«, c'est-à-dire de reprendre à son compte des idées toutes faites, sans ressentir le besoin de les mettre à l'épreuve et de les fonder, la raison, elle, critique et raisonne. Elle est critique par son souci de vérification qui la conduit à questionner, à suspecter le bien-fondé des choses établies. Elle est logique par son exigence de rigueur dans le raisonnement c'est-à-dire dans l'enchaînement de ses propositions, déduites à partir de principes clairement formulés.  ► La notion de violence ne fait pas partie explicitement des notions du programme mais peut être rencontrée par exemple à partir de l'examen de la notion de droit ou encore d'histoire. Elle réclamait d'être cernée conceptuellement. Toute force n'est pas violente. Dans les jeux, individuels ou collectifs, tant que les adversaires s'affrontent dans le respect des règles, les oppositions ne sont pas violentes. Il n'y a pas d'ennemis, seulement des confrontations de savoir-faire, d'intelligences tactique ou stratégique. La violence commence là où il y a intention de nuire, de dégrader, de détruire. Ainsi, et par extension, le vent sera dit violent par exemple non pas en raison de sa puissance mais parce qu'il menace de déraciner les arbres et de démolir les maisons: comme s'il voulait tout emporter. La violence, au sens strict, c'est l'agressivité.  ► Le sujet présuppose l'idée d'une opposition entre la raison et la violence. Il invite à s'interroger sur ce que peut faire la première pour lutter contre la seconde. Il convenait toutefois de s'interroger sur ce rapport d'exclusion entre la raison et la violence: est-il si évident? La rationalité ne peut-elle pas être elle-même considérée comme violente ou source de violences?  

Introduction  1. La raison ne veut rien  A - La raison comme moyen de calcul  B - Une alternative à la violence: dans quelles mesures?  2. Violences de la raison A - Les prétentions égocentriques de la raison B - Cruauté des valeurs rationnelles  3. Les vertus pacifiantes de la raison A - Création de la possibilité d'un accord universel B - Savoir accepter la violence  Conclusion

« « Aussi longtemps que les hommes vivent sans unpouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sontdans cette condition qui se nomme guerre, et cetteguerre est guerre de chacun contre chacun.

Car laguerre ne consiste pas seulement dans la bataille et les combats effectifs ; mais dans un espace de tempsoù la volonté de s'affronter en des batailles estsuffisamment avérée : on doit par conséquent tenircompte, relativement à la nature de la guerre, de lanotion de durée, comme on tient compte, relativementà la nature, du temps qu'il fait.

De même en effet quela nature du mauvais temps ne réside pas dans une oudeux averses mais dans une tendance qui va dans cesens, pendant un grand nombre de jours consécutifs,de même la nature de la guerre ne consiste pas dansun combat effectif, mais dans une disposition avérée,allant dans ce sens, aussi longtemps qu'il n'y a pasd'assurance du contraire.

Tout autre temps se nommepaix. Hobbes , « Léviathan », chapitre XII. Hobbes est considéré, avec Machiavel , comme le fondateur de la politique moderne.

Contemporain de la Révolution anglaise du XVII ième siècle, Hobbes sera frappé de la violence de la guerre civile et des conséquences désastreuses de la vacance du pouvoir.

Au chapitre XII du « Léviathan », il écrit : « Il apparaît clairement par là, qu'aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont danscette condition que l'on nomme guerre, et que cette guerre est guerre de chacun contre chacun. » L'expérience inédite qu'est la Révolution va amener Hobbes à se faire le théoricien d'un pouvoir fort, de l'absolutisme. Hobbes appartient au courant dit du « droit naturel » qui rompt avec les conceptions politiques traditionnelles.

L ‘héritage antique affirmait avec Aristote que « l'homme est un animal politique » et assurait la prééminence de la communauté sur l'individu.

L'héritage chrétien, le droit divin, interdisaient toute contestation del'autorité politique, laquelle était censée venir de Dieu. La Réforme religieuse de Martin Luther au XVI ième ébranle la tradition catholique et rejette le pouvoir qu'exerçait le pape non seulement sur les Eglises, mais aussi sur les Etats.

La philosophie de Descartes fait du passé table rase et place la conscience, l'homme conçu comme volonté autonome, au centre de l'univers. Hobbes est en un sens l'héritier politique de cette double fracture religieuse et métaphysique.

La Révolution anglaise, qui l'obligera à se réfugier à la cour de Louis XIV , l'assure que les fondements traditionnels de la politique sont vermoulus, et qu'il faut accomplir en politique ce que Descartes a accompli en métaphysique : une contestation radicale de la tradition et de l'histoire, et une nouvelle fondation, rationnelle, cette fois, de l'Etat : « De toute manière, un argument tiré de la pratique des hommes est sans valeur [...] En effet, même si en tous lesendroits du monde les hommes établissaient sur le sable les fondements de leurs maisons, on ne pourrait inférer delà qu'il doit en être ainsi.

L'art d ‘établir et de maintenir les républiques repose, comme l'arithmétique et la géométrie,sur des règles déterminées, et non comme le jeu de paume, sur la seule pratique. » L'expérience cruciale de la guerre civile, la montée de l'individualisme, la rupture des anciennes solidarités sociales, invitent Hobbes à penser qu'en dehors d'un pouvoir commun fort, les hommes vivent en rivalité, défiants les uns vis-à-vis des autres, dans un état de suspicion, sinon de guerre. Cherchant les fondements d'une autorité légitime, et les causes de la vie sociale, Hobbes reconstitue ce que l'on nomme l'état de nature.

L'état de nature est un état fictif, correspondant à ce que vivraient les hommes sichacun jouissait de sa liberté naturelle.

Hobbes en effet accepte l'idée que les hommes sont naturellement libres, c'est-à-dire pourvus d'une volonté autonome dont ils ont le droit d'user.

La question est alors de savoir pourquoi,étant donné qu'ils sont libres, les hommes acceptent un pouvoir commun.

Si j'ai le droit naturel de décider pour moi-même de mes actions, pourquoi est-ce que j'accepte de me soumettre à la loi ? Pour quel motif est-ce que je donneaux lois une partie au moins de ce droit naturel que j'ai de décider de mes actes ? Rechercher ces motifs demande de reconstruire par la pensée l'état de nature, pour comprendre ce que seraient les hommes sans un pouvoir commun, et examiner pourquoi et comment ils en sortent. Hobbes considère que les hommes sont égaux.

C'est-à-dire que les différences de force ou de ruse ne sont pas si grandes que l'un d'entre nous puisse s'approprier une chose et en exclure les autres :. »

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