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Peut-on refuser de chercher la vérité ?

Publié le 10/03/2004

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Il ne s'apercevait pas que, malgré tous ses efforts, il ne faisait aucun chemin, puisqu'il n'avait pas de point d'appui où il pût appliquer ses forces. « En dehors de l'expérience la raison est comme folle. Privée de point d'appui, elle peut démontrer avec la même logique des propositions contraires. Par exemple, si le monde n'avait pas de commencement, nous n'aurions jamais pu parvenir à l'instant d'aujourd'hui, cela exigerait un temps infini. Pour qu'il y ait un point d'arrivé il faut bien qu'il y ait un point de départ. Mais je peux aussi bien démontrer le contraire ; si le monde a eu un commencement, je peux valablement me demander : qu'y avait-il avant le commencement du monde ? Et la possibilité de poser cette question paraît exclure l'éventualité d'un commencement déterminé. Sur ces questions d'origine et de fins derrières, ma raison privée du concours de l'expérience peut aussi bien démontrer la thèse et l'antithèse et nous avons là un exemple d'une de ces antinomies où se perd la raison pure lorsqu'elle a la prétention de faire de la métaphysique, cad de poursuivre son effort d'unification et d'explication au-delà des données de l'expérience. Certes, les constructions métaphysiques sont pour la raison humaine une tentation irrésistible, sans cesse renaissante. La raison invente le mythe d'une « âme-substance « parce qu'elle suppose réalisée l'unification complète de mes états d'âme, le mythe d'un Dieu créateur parce qu'elle suppose l'unification totale de ce qui se passe dans le monde et qu'elle imagine un fondement absolu à l'univers.
  • I) On peut refuser de chercher la vérité.
a) La vérité est-elle seulement connaissable ? b) Pourquoi la vérité ? Alors que l'illusion est si douce ! (Nietzsche). c) La vérité est abstraire. La vie est concrête.
  • II) On ne peut pas refuser de chercher la vérité.
a) Un besoin de vérité universel. b) La vérité nous est utile. c) La vérité est source de notre bonheur.
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« vent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nousProtagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b).L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon lesmoments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectivesd'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin).

Pour les sceptiques il n'y a pas de véritésobjectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes. Il est vain de chercher la véritéAussi il est vain de chercher la vérité.

Les philosophes perdent leur temps en de vaines et stériles dialectiques.

Lesquestions métaphysiques les plus cruciales - comme savoir si Dieu existe ou si l'âme est immortelle - ne peuventrecevoir de réponses assurées et définitives.D'ailleurs les urgences de l'existence pratique nous invitent à ne pas chercher la vérité.

Il est plus expédient pourl'homme de vivre, de travailler et d'aimer plutôt que de se perdre dans des réflexions oiseuses et abstraites. Nous avons un désir de la vérité que la science peut assouvir «D'où il paraît que les hommes sont dans une impuissance naturelle etimmuable de traiter quelque science que ce soit dans un ordre absolumentaccompli.

Mais il ne s'ensuit pas de là qu'on doive abandonner toute sorted'ordre.

Car il y en a un et c'est celui de la géométrie...» Pascal, De l'espritgéométrique (1658). • Pascal fait remarquer que le modèle démonstratif de la géométrie nousamène dans un cercle vicieux: car il suppose que les termes que l'on utilisesoient toujours définis de manière claire et distincte.

Or, pour définir un terme,il faut d'autres termes: on entre ainsi dans une régression à l'infini dont on nepeut sortir.

Il est donc vain de croire pouvoir tout démontrer.

Seule lagéométrie échappe relativement à ce problème.

Non pas parce qu'elle parvientà tout démontrer, mais parce qu'elle «ne suppose que des choses claires etconstantes par la lumière naturelle».

Mais elle est la seule dans son genre. On peut connaître les vérités scientifiquesOn ne peut sans doute pas atteindre de notre vivant des véritésmétaphysiques (comme de savoir si Dieu existe), mais on peut établir desvérités scientifiques.

La recherche de la vérité n'est donc pas inutile de cepoint de vue là.

C'est pourquoi Kant a bien distingué deux types de vérités: les vérités en soi (inconnaissables) et les vérités empiriques (que l'on peut démontrer par l'expérience).III.

C'est Kant qui porte à la métaphysique des coups dont elle a eu grand mal à se relever.

Nous avons montré quepour Kant la connaissance scientifique est valable et fondée en raison.Certes les phénomènes empiriques tels qu'ils apparaissent réfractés à travers les formes a priori de ma perception,espace & temps, sot une poussière de faits « bigarrés », d'événements particuliers, multiples, divers.

Mais lescatégories de l'entendement (la causalité) introduisent un ordre dans ce désordre et des liaisons nécessaires parmices phénomènes.

J'ai le droit de dire que l'eau chauffée va bouillir, que la barre chauffée va se dilater, parce que leprincipe de causalité (les mêmes causes produisent les mêmes effets) est un principe a priori, universel, etnécessaire de mon esprit.

L'esprit peut avoir confiance dans l'ordre des lois de la nature puisque c'est lui-même quiintroduit cet ordre grâce à ces catégories.

Et comme les catégories sont les mêmes pour tous les esprits, lespropositions scientifiques seront acceptées universellement par tous.Seulement si la science est ainsi fondées, la métaphysique ne l'est pas.

Car nous ne connaissons jamais l'absolu, lefond des choses, ce que Kant appelle la « chose en soi » ou le « noumène ».

En effet, nous ne connaissons lemonde que réfracté à travers les cadres subjectifs de l'espace et du temps.

Nous ne connaissons que lesphénomènes.

La raison ne nous donne aucune connaissance, puisqu'elle n'a pas d'intuition a priori.

Elle ne peut quemettre en ordre des matériaux qui lui sont fournis par l'intuition sensible.

Mais si la raison veut poursuivre son effortde liaison et d'unification au-delà de l'expérience sensible, elle tourne à vide et ne pense que des fantômes.

L esavant a le droit de dire que l'échauffement et la cause de la dilatation st tous deux donnés dans l'expériencesensible et que l'entendement n'a plus qu'à les relier.

Mais lorsque le métaphysicien assure que le monde n'a pas puse faire tout seul, qu'il lui faut une cause, et que cette cause est Dieu, il abuse de la causalité, car il sort del'expérience, il imagine gratuitement quelque chose en dehors du monde.

Au lieu de chercher à découvrir des causesdans l'univers, il invente une cause de l'Univers.Les métaphysiciens ont tendance à se figurer que les choses sensibles, le monde de l'expérience sont un obstacleau libre exercice de l'esprit.

Mais c'est le contraire qui est vrai : seul le monde sensible fournit une matière à l'effort. »

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