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Peut-on revendiquer le droit au bonheur?

Publié le 28/02/2005

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Problématisation :   Peut-on revendiquer le droit au bonheur ? On est à ce point persuadé d'avoir le droit au bonheur qu'on n'interroge même pas la légitimité de cette expression. En effet il suffit de poser à tout un chacun cette question : un consensus immédiat s'offre au questionneur : biensûr ! Cependant rien n'est moins sûr. Quid de la légitimité d'un droit au bonheur ? Si le droit renvoie à la sphère légal, et en cela à qqch d'universel, ne va-t-il pas contre ce que subsume l'idée même de bonheur : une maximisation des plaisirs personnels qui peuvent varier d'un individu à un autre, d'une époque à une autre. En effet le bonheur d'un individu « x « ne recoupe pas forcément le bonheur d'un individu « y «. Faut-il pour autant renoncer à toute idée de droit au bonheur ? Non si par droit au bonheur on pense moins droit au bonheur que droit aux conditions de déploiement du bonheur.

 

 

  • I/ Droit et bonheur : deux notions de prime abord antithétiques ?
  • II/ En outre les sociétés qui proposent un droit au bonheur ne font plus la distinction entre sphère privée et sphère publique. Qu'en est-il du rapport entre droit au bonheur et société totalitaire ?
  • III/ Moins qu'un droit au bonheur, ce qui peut légitimement être revendiquer, ce sont les conditions de déploiement du bonheur.
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« 2. KANT« Le concept du bonheur est un concept si indéterminé, que, malgré le désir qu'a tout homme d'arriver à êtreheureux, personne ne peut jamais dire en termes précis et cohérents ce que véritablement il désire et il veut.

Laraison en est que tous les éléments qui font partie du concept du bonheur sont dans leur ensemble empiriques,c'est-à-dire qu'ils doivent être empruntés à l'expérience ; et que cependant pour l'idée du bonheur un tout absolu,un maximum de bien-être dans mon état présent et dans toute ma condition future, est nécessaire.

Or il estimpossible qu'un être fini, si perspicace et en même temps si puissant qu'on le suppose, se fasse un conceptdéterminé de ce qu'il veut ici véritablement.

Veut-il la richesse ? Que de soucis, que d'envie, que de pièges ne peut-il pas par là attirer sur sa tête! Veut-il beaucoup de connaissance et de lumières ? Peut-être cela ne fera-t-il que luidonner un regard plus pénétrant pour lui représenter d'une manière d'autant plus terrible les maux qui jusqu'àprésent se dérobent encore à sa vue et qui sont pourtant inévitables, ou bien que charger de plus de besoinsencore ses désirs qu'il a déjà bien assez de peine à satisfaire.

Veut-il une longue vie ? Qui lui répond que ce neserait pas une longue souffrance ? Veut-il du moins la santé ? Que de fois l'indisposition du corps a détourné d'excèsoù aurait fait tomber une santé parfaite, etc.

! Bref, il est incapable de déterminer avec une entière certituded'après quelque principe ce qui le rendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudrait l'omniscience.

(...) Il suitde là que les impératifs de la prudence, à parler exactement, ne peuvent commander en rien, c'est-à-direreprésenter des actions d'une manière objective comme pratiquement nécessaires, qu'il faut les tenir plutôt pour desconseils (consilia) que pour des commandements (proecepta) de la raison ; le problème qui consiste à déterminerd'une façon sûre et générale quelle action peut favoriser le bonheur d'un être raisonnable est un problème tout àfait insoluble ; il n'y a donc pas à cet égard d'impératif qui puisse commander, au sens strict du mot, de faire ce quirend heureux, parce que le bonheur est un idéal, non de la raison, mais de l'imagination, fondé uniquement sur desprincipes empiriques, dont on attendrait vainement qu'ils puissent déterminer une action par laquelle serait atteintela totalité d'une série de conséquences en réalité infini » « Relativement au bonheur, aucun principe universellement valable ne peut être donné pour loi.

Car aussi bien lescirconstances que l'illusion pleine de contradictions et en outre sans cesse changeante où l'individu place sonbonheur (personne ne peut lui prescrire où il doit le placer) font que tout principe ferme est impossible et en lui-même impropre à fonder une législation.

La proposition : Salus publica suprema civitatis lex est (1) garde intacte savaleur et son autorité, mais le salut public qu'il faut d'abord prendre en considération est précisément cetteconstitution légale qui garantit la liberté de chacun par des lois ; en quoi il demeure loisible à chacun de rechercherson bonheur dans la voie qui lui paraît la meilleure, pourvu seulement qu'il ne porte aucune atteinte à la liberté légalegénérale, par conséquent au droit des autres co-sujets.

» Conclusion partielle et transition : bonheur et droit semblent dès lors inconciliables II/ En outre les sociétés qui proposent un droit au bonheur ne font plus la distinction entre sphère privéeet sphère publique.

Qu'en est-il du rapport entre droit au bonheur et société totalitaire ? Danger de vouloir concilier droit et bonheur 1. KANT« Personne ne peut me contraindre à être heureux à sa manière (c'est-à-dire à la manière dont il conçoit le bien-être des autres hommes), par contre chacun peut chercher son bonheur de la manière qui lui paraît bonne, àcondition de ne pas porter préjudice à la liberté qu'a autrui de poursuivre une fin semblable (c'est-à-dire de ne pasporter préjudice au droit d'autrui), liberté qui peut coexister avec la liberté de chacun grâce à une possible loiuniverselle.

Un gouvernement qui serait fondé sur le principe de la bienveillance envers le peuple, comme celui d'unpère envers ses enfants, c'est-à-dire un gouvernement paternaliste (�) où les sujets sont forcés de se conduired'une manière simplement passive, à la manière d'enfants mineurs, incapables de distinguer ce qui leur est utile ounuisible et qui doivent attendre simplement du jugement d'un chef d'État la manière dont ils doivent être heureux etsimplement de sa bonté qu'également il le veuille, est le plus grand despotisme qu'on puisse concevoir (c'est-à-direune constitution qui supprime toute liberté pour les sujets qui ainsi ne possèdent aucun droit) » 2.

Le danger : le droit au bonheur aboutirait à une homogénéisation dangereuse · Léviathan de Hobbes Aucun individu n'est donc en droit de revendiquer sa différenceL'Etat civil apparaît quand un ensemble d'individus forme un pacte et cède leur pouvoir au profit d'un tiers,monarque ou assemblée, qui n'est lui-même pas partie prenante du dit contrat.

Cette soumission ausouverain due à la crainte qu'il inspire fait que les lois naturelles dépassent le stade de la conscienceindividuelle pour s'enraciner dans le réel et qu'une égalité civile apparaisse.

Cette coupure nécessaire d'avecl'état de nature évacue le droit naturel des sujets.

Dès lors, l'unité sociale semble passer chez Hobbes parune certaine homogénéisation qui laisse peu de place à l'individualité, la spécificité du sujet.

Il va mêmejusqu'en matière religieuse à recommander la parfaite obéissance au souverain, de se rendre engénéral « commode et sociable » sous peine d'être exclu de la société de même qu'on jette la pierre comme« malpropre et incommode au bâtiment.

» 3.

Le cas des régimes totalitaires. »

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