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Que peut-on savoir de soi ?

Publié le 27/02/2005

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Pour Descartes, la saisie de la conscience par elle-même suppose qu'on ait préalablement rejeté tout ce qui était en elle. C'est le but du doute. Ce qui apparaît dès lors, c'est la pure activité de la conscience..Dans le cogito, la pensée se saisit comme pensée, la conscience se saisit comme conscience, cad comme substance indépendante du corps pour exister. Saisie ainsi dans sa pure signification, il suffit à la conscience de s'analyser pour saisir ses propres qualités.1) La transparence de la conscience.Ce qui est présent dans la conscience semble directement accessible. Un simple regard, une simple introspection suffisent. De plus, le sens de ce qui est présent dans ma conscience est là en sa totalité. Avec la conscience, on est donc de plain-pied dans la signification.

« dernière et de la reconstruction qu'elle implique.

Seul, le présent est ce qui peut signifier cette immédiateté.

Leprésent est le temps de la vérité de la conscience. 3) L'unité de la conscience. Par-delà la multiplicité de ses affections, la conscience est ce qui se présente comme quelque chose d'unique.

Levécu peut se présenter sous des formes multiples, les réactions devant des situations diverses, voire identiques,peuvent être différentes, mais en dépit de ces différences, il s'agit de mon expériences, de mon vécu.

La multipliciténe prend sens que sur fond d'unité de la conscience.

Ainsi Descartes, dans la « Deuxième Méditation » reconnaîtqu'il existe des facultés diverses et multiples : l'entendement, la volonté, l'imagination, la sensibilité.

Mais cesfacultés sont toutes déduites à partir de l'unité du cogito.

La conscience s'apparaît donc à elle-même commefondamentalement unique & identique.

Elle joue comme pouvoir unificateur.

C'est cette unité de la conscience quiassure l'accès à la personne.

Kant écrit : « Posséder le JE dans sa représentation : ce pouvoir élève l'hommeinfiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur la terre.

Par là, il est une personne ; et grâce à l'unité dela conscience dans tous les changements qui peuvent lui survenir, il est une seule et même personne, cad un êtreentièrement différent, par le rang et la dignité, de choses, comme le sont les animaux sans raison, dont on peutdisposer à sa guise.

» (« Anthropologie du point de vue pragmatique »). 4) Le pouvoir de la conscience. Immédiateté et transparence de la conscience à elle-même assurent la présence du sens.

L'unité de la consciencepermet d'assigner un pôle d'identité à une multiplicité d'actes pourtant différents.

De cela et sur cela on peut fonderle pouvoir de la conscience.

Car la possibilité de référer des actes divers à un même sujet exclut la possibilité derenvoyer la faute sur autrui.

En outre, la claire transparence de la conscience à elle-même exclut la possibilité d'unacte dont le sens échapperait au sujet. Elle ne saurait toutefois suffire.

Ne tenons-nous pas l'essentiel de ce que nous savons sur nous-même des autres ?Cf.

l'analyse que consacre Sartre dans l'Être et le Néant au sentiment de la honte. « Imaginons que j'en sois venu, par jalousie, par intérêt, à coller mon oreillecontre une porte, à regarder par le trou d'une serrure.

Je suis seul [...] Celasignifie d'abord qu'il n'y a pas de moi pour habiter ma conscience.

Rien donc,à quoi je puisse rapporter mes actes pour les qualifier.

Ils ne sont nullementconnus, mais je les suis et, de ce seul fait, ils portent en eux-mêmes leurtotale justification.

Je suis pure conscience des choses [...].

Cela signifieque, derrière cette porte, un spectacle se propose comme « à voir », uneconversation comme « à entendre ».

La porte, la serrure sont à la fois desinstruments et des obstacles : ils se présentent comme « à manier avecprécaution » ; la serrure se donne comme « à regarder de près et un peu decôté », etc.

Dès lors « je fais ce que j'ai à faire » ; aucune vuetranscendante ne vient conférer à mes actions un caractère de donné surquoi puisse s'exercer un jugement : ma conscience colle à mes actes, elle estmes actes ; ils sont seulement commandés par les fins à atteindre et par lesinstruments à employer.

Mon attitude, par exemple, n'a aucun « dehors », elleest pure mise en rapport de l'instrument (trou de la serrure) avec la fin àatteindre (spectacle à voir), pure manière de me perdre dans le monde, de mefaire boire par les choses comme l'encre par un buvard [...].Or voici que j'ai entendu des pas dans le corridor : on me regarde.

Qu'est-ceque cela veut dire ? C'est que je suis soudain atteint dans mon être et quedes modifications essentielles apparaissent dans mes structures [...].D'abord, voici que j'existe en tant que moi pour ma conscience irréfléchie.C'est même cette irruption du moi qu'on a le plus souvent décrite : je me vois parce qu'on me voit, a-t-on pu écrire[...] ; pour l'autre je suis penché sur le trou de la serrure, comme cet arbre est incliné par le vent.

[...] S'il y a unAutre, quel qu'il soit, où qu'il soit, quels que soient ses rapports avec moi, sans même qu'il agisse autrement sur moique par le pur surgissement de son être, j'ai un dehors, j'ai une nature ; ma chute originelle c'est l'existence del'autre.

» Sartre, « L'Etre et le Néant », Gallimard, pp.

305-306.

Le texte de Sartre décrit clairement deux états de la conscience.

Dans le premier, une conscience solitaire estoccupée, par jalousie, à regarder par le trou d'une serrure ce qui se passe derrière la porte.

Cette conscience estalors entièrement livrée à la contemplation du spectacle jusqu'à s'y fondre; elle est tout entière ce spectacle qu'elleregarde, elle est la série des actes motivés par la jalousie (se pencher, ne pas faire de bruit, regarder).

Cetteconscience ne se connaît même pas comme jalouse (ce qui supposerait un recul réflexif): elle est rapport au mondesur la mode de la jalousie.

La conscience n'a pas de consistance propre qui lui permette de s'appréhender commemoi; elle se confond immédiatement avec toutes ces choses sur lesquelles elle s'ouvre.. »

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