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Peut-on triompher de la mort ?

Publié le 26/12/2005

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Triompher c'est remporter une victoire éclatante sur un ennemi. Dans le contexte du sujet il convient de relativiser la portée de la victoire en fonction de la nature de l'ennemi. Le triomphe devient donc une victoire provisoire dans une lutte qui n'est elle-même jamais interrompue. L'enjeu de ce sujet c'est de savoir si la mort est une fermeture absolue de l'existence, une limite indépassable qui inflige à l'homme son poids écrasant. Par quels actes, par quels moyens l'homme pourrait-il transcender la mort, acquérir une sorte d'immortalité ? Par là, on voit clairement que le sujet gravite autour d'une préoccupation qui est la plus fondamentale de toutes. Le combat contre sa finitude, sa condamnation au dépérissement.

« vaincre totalement la mort, si du moins l'on croit au Christ.

« Quand ce corps corruptible aura revêtu sonincorruptibilité, quand ce corps mortel aura revêtu son immortalité, alors sera accomplie la parole de l'Écriture : lamort a été engloutie dans la victoire [...] ô mort, où est ta victoire, ô mort, où est ton aiguillon '? (Saint Paul, Épîtreaux Corinthiens)Si ce thème anthropologique est grandiose, s'il émeut tout homme affrontant la souffrance de la condition humaineet sa finitude inévitable, toutefois il demeure seulement comme espérance ou comme mythe, voire comme « véritédu coeur ».

Il n'y aura plus de mort, nous dit l'Apocalypse : elle est légitimement vaincue.

Mais nous sommes, ici,dans la sphère de la foi et de l'amour extatique, non point dans celle de la philosophie.

Notre triomphe, ici encore,est contestable. C.

« Je » triomphe de la mort (synthèse) Triompher de la mort sur le plan biologique, cela est impossible.

Triompher de la mort par l'immortalité de l'âme ou larésurrection des corps paraît tout aussi impossible.

« On » ne peut triompher de la mort.

Pourtant la victoire estnécessaire et la mort doit cesser d'être ce maître absolu dont nous parle Hegel.Or le « on » pose problème et c'est au-delà du « on » qu'il est possible de triompher de la mort.

Le « on », c'estl'anonymat, la généralité, la perte et la dispersion dans la banalité quotidienne.

Peut-on triompher de la mort ? Leproblème doit être déplacé : je peux et je dois triompher de la mort, la dominer, la maîtriser, me faire le maître de cemisérable maître qu'est la mort.

Au « je » d'assurer sa victoire.Ici, deux voies s'offrent à nous, deux voies où « je » triomphe de la mort.

D'abord le chemin de la sagessehellénistique, soit stoïcienne, soit épicurienne, puis le chemin de la réflexion hégélienne.La sagesse hellénistique nous dit : je peux d'autant mieux triompher de la mort qu'elle n'existe pas.

La mort n'estrien, qu'une idée que mon entendement peut ronger et gratter.

Après la mort, tout finit, même la mort.

Donc jetriomphe d'une idée qui se dissout d'elle-même.

Je puis atomiser la mort par mon entendement puisque quand jeserai mort, il n'y aura pas un autre « je » en train de se regarder mort.

C'est ce que nous dit Lucrèce.

Donc la mortne me concerne pas.

Donc je peux triompher d'elle : elle est moins que rien.

Il m'est possible de vaincre la mortgrâce à ma liberté spirituelle. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle duplatonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'est pas uneévasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien,puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout mal résidentdans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière."Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous seronsheureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.

La penséede la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions àchoisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'estjamais en jeu : il n'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.

Deplus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne se soucientpas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes,mortels, rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne fautdonc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.

Unechose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est quedéjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.

L'homme ne rencontre jamais sapropre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instantprésent qui sépare le passé du futur.

La mort n'est rien, comme le pur instantprésent, sans passé ni avenir : "La mort n'a par conséquent aucun rapportavec les vivants, ni avec les morts, étant donné qu'elle n'est rien pour lespremiers, et que les derniers ne sont plus." La mort ne doit être pensée nicomme un mal, ni comme une délivrance.

Si ne pas exister n'est pas un mal, la vie comporte des joies qui peuvent être très agréables.

Vivre sagement, ce n'est pas chercher à jouir le pluslongtemps possible, mais le plus agréablement qu'il se peut. La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'une de ses plus grandes craintes : lacrainte de la mort.

Les hommes ont peur de la mort.

Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.

Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles neleur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres.

Les chrétiens, par exemple, imagineront quequiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer.

La peur de la mort apartie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.

De plus, si tout dansl'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes,lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps quise décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous.

Dès lors, rien de notre être nesurvit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous ».

Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée,la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort.Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégatd'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il fautpenser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation,. »

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