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Peut-on vivre sans Etat ?

Publié le 10/09/2004

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Passer un contrat est de la puissance même de la parole. Si l'homme a besoin d'être lié par des lois, la force ne fait pas le droit. Comme le souligne si justement  Rousseau : « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en devoir. « (« Contrat social «, I, 3).Le plus fort peut dominer sans maîtriser ses sujets, d'où le recours à la violence, légale ou non. Le droit plus légalise alors la violence de la domination, mais il ne saurait la légitimer. Il encourt alors toujours le risque de trouver plus fort que lui. Rousseau considère donc que le seul fondement possible du droit est le « contrat « par lequel « chacun se donnant à tous ne se donne à personne «. Le contrat social fait de tout sujet un citoyen, de tout homme un sujet (volonté particulière) et un citoyen (partie de la volonté générale). Chacun reste son propre maître, tout en abandonnant sa liberté naturelle, en raison de l'obéissance à la loi qu'en tant que citoyen il s'est prescrite à lui-même.

L'Etat est une institution tardive. Les sociétés primitives ne le connaissait pas (Clastres). De même, le communisme et l'anarcisme pensent des sociétés sans Etat - toujours répressif et partial. Mais, L'Etat n'est-il pas une garantie contre la violence et l'injustice ? Si les hommes, à un moment donné de leur histoire, ont crée l'Etat, c'est que celui-ci répondait à un réel besoin. Besoin de protection et de sécurité  (Hobbes).

 

  • I) On peut vivre sans la puissance étatique.

 

a) Les premières sociétés ne connaissaient pas l'Etat. b) De l'abolition de l'Etat comme nécessaire. c) L'homme raisonnable n'a besoin ni d'Etat ni de loi.

 

  • II) On ne peut vivre sans Etat.

 

a) L'état de nature est un état de guerre (Hobbes). b) L'Etat résulte d'un contrat social passé entre les individus. c) L'Etat a le monopole de la force.

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« Cette interprétation est mise en avant par Rousseau : « je vois des peuples infortunés gémissant sous un jougde fer, le genre humain écrasé par une poignéed'oppresseurs, une foule affamée, accablée de peine etde faim, dont le riche boit en paix le sang et les larmes,et partout le fort armé contre le faible du redoutablepouvoir des lois .

» (« Fragment sur l'état de guerre »). Le fort, ici, c'est en particulier le riche.

Dans la secondepartie du « Discours sur l'origine de l'inégalité », Rousseau tente de montrer comment a pu se produirel'appropriation de ce qui tout d'abord n'est à personne :« le premier qui ayant enclos un terrain s'avisa de dire :Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour lecroire, fut le vrai fondateur de la société civile ».

Une telle appropriation, qui n'est qu'un coup de force,s'expose au nouveau coup de force de celui qui, tenté,voudrait à son tour s'emparer du bien ; l'auteur del'appropriation doit donc trouver le moyen de conserversa propriété en se la faisant garantir par un titre,respecté par les autres hommes ; il désire la structurationde la vie sociale : « telle fut ou dut être l'origine de la société et des lois, qui donnèrent de nouvelles entraves au faible et de nouvelles forces auriche, détruisirent sans retour la liberté naturelle, fixèrent pour jamais la loi de la propriété etde l'inégalité, d'une adroite usurpation firent un droit irrévocable, et pour le profit de quelquesambitieux, assujettirent désormais tout le genre humain au travail, à la servitude et à lamisère ». Une perspective comparable se retrouve dans le marxisme, qui explique par des évolutions économiques les évolutions sociales, politiques et idéologiques.

A un certain typed'organisation de l'activité économique correspond un certain type de division de la société enclasses sociales, aux intérêts opposés.

La « lutte des classes » est directement responsable des événements politiques, par exemple l'arrivée au pouvoir de telle ou telle force politique quiva légiférer, au profit des groupes sociaux dont elle représente les intérêts.

Le droit en vigueurà un moment donné se présenterait donc toujours comme un droit partial, favorable auxgroupes sociaux par lesquels, indirectement, et pour lesquels, il est institué.

Dans le cadre d'unesociété capitaliste , la bourgeoisie d'affaires étant dominante, le droit en vigueur ne pourraitêtre qu'un droit bourgeois. En théorie, seul un contrat libre passé entre les hommes permet de fonder le droit positif, mais dans l'histoirece sont les faits qui tranchent.

Lorsqu'une révolution réussit, un nouvel ordre s'impose.

De nouvelles lois sontinstaurées par les vainqueurs.

Dès lors, on peut se demander si la théorie du contrat social n'a pas unefonction idéologique et ne vient pas, en quelque sorte, justifier le droit du plus fort en en faisant le produitd'un pacte librement conclu par tous.

Car plutôt que d'envisager avec Calliclès la loi comme étant faite par les faibles contre les forts, ne faut-il pas, au contraire, considérer qu'elle se fonde sur la force des puissantsdont elle constitue une justification ? C'est cette thèse de Marx soutient.

Selon lui, le droit est l'expression de la puissance de la classe dominante.

Il traduit ses intérêts particuliers et, en même temps, tente de leslégitimer et de les occulter en les faisant passer comme l'intérêt commun de tous les membres de la société.Sartre reprend cette analyse à sa manière.

Constatant que le droit est toujours lié à des rapports de force parce qu'il est fait pour régler des conflits, il affirme que c'est le plus fort qui impose sa loi.

Mais ce dernier nepouvant supporter que sa victoire soit un « pur fait », il désire la justifier.

Le droit est donc issu de la force mais il est autre chose que la force car « il est la justification par après ».

Le vainqueur reconnaît le vaincu comme son égal et comme un être libre afin que sa propre loi puisse être acceptée comme juste.

Mais cetteliberté qu'il reconnaît au vaincu n'est pas la liberté concrète, « c'est la liberté absolue ». « l'Etat n'existe donc pas de toute éternité.

Il y a eu des sociétés qui se sont tirées d'affaire sans lui, qui n'avaient aucune idée de l'Etat et du pouvoir d'Etat.

A un certain stade de développement économique, qui était nécessairement lié à la division de lasociété en classes, cette division fit de l'Etat une nécessité.

Nous nous rapprochons maintenant à pas rapides d'un stade dedéveloppement de la production dans lequel l'existence de ces classes a non seulement cessé d'être une nécessité, mais devient unobstacle positif à la production.

Ces classes tomberont aussi inévitablement avec elles.

La société, qui réorganisera la production sur labase d'une association libre et égalitaire des producteurs, reléguera toute la machine de l'Etat là où sera dorénavant sa place : au muséedes antiquités, à côté du rouet et de la hache de bronze.

» Engels . Dans les étapes de l'évolution sociale prochaine qu'imaginent Engels & Marx , ils annoncent la nécessaire dictature du prolétariat.

Mais, en réalité cette dictature n'est qu'une étape provisoire.

S'efforçant. »

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