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Peut-on vouloir le mal ?

Publié le 01/01/2004

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      « Nul n’est méchant volontairement « dit Socrate dans Hippias majeur. En effet, celui qui agit mal non seulement ignore la valeur de ses actes, mais est aussi malheureux parce que tout homme veut naturellement le bien.

            Poser la question de savoir si on eut vouloir le mal, revient à se demander  s’il est possible d’établir des rapports entre la volonté et le mal. La volonté en général permet d’assembler des forces en vue d’une action ; elle peut donc être ce que veut quelqu’un et sa traduction par une action effective, conformément à son intention. Mais vouloir consiste aussi à se déterminer librement en connaissant clairement les raisons et les conséquences de notre acte. Quoi qu’il en soit, la volonté est toujours affirmative, positive, en tant qu’elle s’oppose à la passivité. Le mal quant à lui est l’objet de désapprobation ou de blâme ; le mal physique, moral ou ce que Kant appelle « troisième antifinal « se regroupent essentiellement sous le mal moral. Il est nuisible car contraire à la loi morale, à la vertu ou au bien. En ce qui concerne le mal métaphysique, nous ne pouvons pas le vouloir car il ne dépend pas de nous.   

            Se pose alors la question de savoir si les termes « vouloir « et « mal « sont contradictoires, si nous sommes – en tant qu’être raisonnable – autorisés à vouloir le mal, et si nous sommes capables de le réaliser.

            Si vouloir c’est être au principe de ses actions, alors on pourrait dire que faire le mal est forcément un acte de la volonté. Mais si vouloir dépend avant tout d’un strict choix de la raison, celle-ci en tant que fondatrice des principes du bien et du mal ne peut pas vouloir le mal. Mais si la volonté est un principe vital, une affirmation, comment peut-elle vouloir le mal ?

 

« attelage composé d'un cocher et de deux chevaux.

L'un est blanc, docile, l'autre est noir, à les oreilles poilues et semontre sourd aux injonctions du cocher ; il menace ainsi l'équilibre de l'attelage.

Il y a donnc trois instance dansl'âme.

Le cocher figure la raison, qui a pour tâche de diriger.

Le « cheval blanc » représente le siège de l'honneur, de la colère.

Le « cheval noir » symbolise l'âme concupiscible, siège des désirs, et plus précisément des désirs liés au corps.

Or ces désirs ont pour caractéristiques d'être multiples, tyranniques, de ne rien respecter ( Platon anticipe dans certaines descriptions sur tous les cas cliniques décrits par Freud ). Or, la justice consiste d'abord dans le respect de la hiérarchie naturelle des trois instances, qui doivent s'ordonnersous la conduite de la raison.

Se dominer, être maître de soi, tenir en bride le « cheval noir », c'est faire régner l'ordre.

L'injustice consiste au contraire dans la subversion de cet ordre, dans la prédominance que l'on accorde àl'âme concupiscible.

C'est une maladie, une perversion, qui remet en cause la totalité de l'individu.

Dans cettetyrannie du supérieur par l'inférieur, l'homme devient esclave des désirs sans frein ; c'est pourquoi il estnécessairement malheureux.

Il devient incapable de jugement, d'honneur, et, au lieu d'être maître de soi, il estsoumis à ce qu'il y a de plus bestial en lui. Céder aux passions, au désir, rêver d'être tyran est donc en fait rêver d'être impuissant, confondre ce qui estagréable avec ce qui est bon.

Nul ne peut être véritablement maître des autres sans être d'abord maître de soi.

Leprojet d'hommes comme Calliclès est contradictoire : on ne peut à la fois être soumis à ses propres désirs et libre, être maître et serviteur. Le « Grogias » filait la métaphore des deux tonneaux.

L'homme maître de lui-même, ordonné, est celui qui sait combler ses désirs sans leur céder, accorder au corps ce qu'il faut.

L'homme tyrannique poursuit sans trêve desplaisirs nouveaux, comme on verse du liquide dans un tonneau ; mais ce que ne sait pas cet être de la démesure,ce qu'il ne veut pas voir, c'est que sa conduite déréglée en fait un « tonneau percé ».

Il peut sans fin accumuler lesplaisirs : il ne sera jamais comblé, et s'épuisera en pure perte. Le dérèglement est donc d'abord une faute de jugement : c'est une incompréhension de ce qu'est le bien véritable,une confusion entre bon & agréable.

Ainsi, il est clair que « Nul n'est méchant volontairement ».

Eclairer les intelligences, c'est ipso facto redresser les conduites. Mais puisque l'injustice est une maladie de l'âme, une perversion de l'ordre, alors la punition est leremède approprié.

Le châtiment est conçu par Platon comme analogue du médicament.

On accepte la souffrance physique pour se soigner, pour réparer un mal, parce qu'on sait que le traitement enduré est finalement bénéfique.

Ildoit en aller de même pour l'âme : la souffrance endurée, là encore, doit être comprise comme nécessaire au rétablissement d'un équilibre que l'injustice avait compromis.

C'est pourquoi, aussi paradoxale que paraisse la thèse,« il est pire de ne pas être puni que de l'être ».

L'homme injuste impuni est semblable au malade abandonné à son sort. Platon inaugure la grande tradition de l'ascétisme.

En un sens, toute notre morale est restée imprégnée des thèses platoniciennes, et il n'y a guère que Nietzsche pour avoir reconnu en Calliclès un modèle. ¦ Aristote pose au contraire que la perversité est volontaire, ce qui découlelogiquement de l'affirmation que nous sommes cause de nos actes.

C'estd'ailleurs ce qui justifie la louange ou la sanction.¦ Si la méchanceté est volontaire, c'est l'orientation même de l'être qui doitêtre corrigée ; si le mal est une erreur sur ce qui apporte son bien propre,c'est avant tout l'éducation qu'il faut développer, pour éclairer le jugement.¦ D'après Kant, l'homme est selon la raison capable d'action morale, mais sespenchants animaux le poussent aussi à la facilité d'un plaisir sans jugementqui, s'il perd toute référence à la loi morale et à sa transgression, devientperversité.Le mal radical (le diable dans les traditions religieuses) doit donc être posé : ily a une force du mal, qui pousse à la négation de la loi morale, mais l'on nepeut jamais dire d'aucun homme qu'il est radicalement mauvais.¦ Nietzsche retourne le problème : il a fallu, nécessairement, user de cruautépour que l'animal humain devienne « capable de faire des promesses », donccapable d'un comportement moral.

Inversement, nos actions mauvaisesprocèdent de notre intérêt, comme la plupart de nos actions bonnes.¦ L'interprétation freudienne de la perversion montre le lien entre l'actioncapable de faire souffrir et la satisfaction anarchique de pulsions partiellesbrutes : sadisme et masochisme, exhibitionnisme et voyeurisme sont desperversions lorsqu'ils s'exercent au-delà de la petite enfance.

d'abord lesperversions, c'est-à-dire la déviation par rapport à l'acte sexuel " normal " (par exemple le sadisme où la jouissanceest obtenue sans acte sexuel, l'homosexualité etc ...

) qu'il y a une sexualité infantile (que Freud décrit comme "une disposition perverse polymorphe ") et des stades de développement qui ont pour fin " normale " la sexualitégénitale adulte.. »

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