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Phedre aveu

Publié le 07/02/2012

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I- Le déchirement tragique   A) Dégoût et folie   La révélation passionnelle de Phèdre n’a rien de tendre, de romantique. Le personnage atteint le paroxysme du déchirement tragique. Cela passe par les indices exprimant la folie de ce qu’elle ressent, ainsi que par un dégoût d’elle-même qui en semble pouvoir trouver d’issue que dans l’horreur, la violence et la mort.   Les champs lexicaux sont très révélateurs de cette dimension ; on relève ainsi celui de : - la haine qu’elle a pour elle-même, et qui fait écho au malaise et même à la haine ressentis par Hippolyte (« ma honte ne peut plus soutenir votre vue/et je vais… «) : « abhorre «, « odieuse «… - Il est important de noter que son dégoût d’elle-même est indissociablement lié à celui qu’elle perçoit et anticipe chez Hippolyte lui-même. Ils forment un duo haine/amour très présent dans cet extrait. - la folie ; à cet égard Phèdre ne manque pas d’expressions, telles « fureur « (qui au sens littéral du mot désigne la folie, non la colère), « trouble ma raison «… - l’anticipation de la violence, indissociable des sentiments qu’elle éprouve : « prête-moi ton épée «, « expier son offense «, « coup «…   B) Douleur et passion   On le voit, cet aveu passionnel est marqué par la souffrance. Cela débouche sur plusieurs conséquences :   D’abord, Phèdre se considère comme une erreur de la nature : « la veuve de Thésée ose aimer Hippolyte ! «, et « monstre « ou « sang vil « montrent à quel point elle ne supporte pas ce qu’elle est devenue. Non seulement elle parle d’elle à la troisième personne, comme s’il était trop atroce de s’impliquer directement, mais en plus elle se considère comme un monstre, c’est-à-dire une créature qui n’est pas, n’est plus inscrite dans ce que l’on considère être dans la norme. L’étymologie de ce mot, de plus, désigne celui qui montre, dévoile, porte quelque chose sous le regard d’autrui. Mais même dans ce rôle, Phèdre sait qu’elle échoue, puisque l’être aimé ne peut la regarder dans les yeux.   A cela vient s’ajouter une culpabilité forte, celle de n’avoir pu se contenir, tant au niveau des sentiments que de l’aveu lui-même. Cela projette Phèdre dans une démarche masochiste, au c½ur de laquelle son amour est transformé en douleur quasi physique, comme une punition. Elle appelle sa propre mort, par le « bras « puis « l’épée « d’Hippolyte. Cela serait en effet pour elle « un supplice si doux «. Quoi qu’il en soit, la douleur et la violence sont décuplées en raison de la lucidité de Phèdre, qui sait où est la faute et qu’elle va en mourir. Le fait d’être conscient, de lutter malgré des forces qui les dépassent, voilà toute la grandeur des héros tragiques.

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