Le philosophe est-il menacé par le mal ?
Publié le 06/03/2004
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PHILOSOPHIE (gr. philo, désirer; sophia, savoir) Étymologiquement, « amour de la sagesse ». Cependant, la sagesse n'étant qu'un art de vivre, la définition commune de la philosophie comme sagesse" est critiquable. En effet, sophia désigne en fait moins un savoir empirique adapté à la conduite de la vie qu'un savoir abstrait. En ce sens, la philosophie est essentiellement élévation de la pensée, théoria, contemplation. Cependant, comme l'indique l'allégorie de la caverne de Platon, le philosophe ne quitte le monde sensible que pour y redescendre, puisqu'il lui revient de gouverner la cité idéale. S'il s'agit de s'exercer à l'abstraction, il faut ne pas s'y perdre. Or, si la philosophie ancienne reste encore marquée par l'opposition de la contemplation (théoria) et de l'action (praxis"), la philosophie moderne est plutôt soucieuse d'abolir cette distinction, comme le signale le projet cartésien de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Elle cesse alors d'être un savoir désintéressé pour se mettre au service de la construction d'un monde régi par la science". Du coup, elle risque ou bien de devenir une spécialité comme les autres, ou bien, refusant cette spécialisation, de passer pour une activité dilettante réservée à quelques dandys de la pensée. Telle est l'aporie du philosophe contemporain : rester un généraliste sans sombrer dans l'insignifiance. Dès lors, pour éviter ce piège, la philosophie doit affirmer son sérieux par la prudence d'un jugement née de l'accumulation du savoir. Elle devient ainsi histoire de la philosophie, non pas connaissance érudite des doctrines, mais plutôt éveil de la pensée à elle-même à partir de ce qu'ont pensé les autres. Le développement de la philosophie peut alors se comprendre comme celui de la vérité à travers les différents moments nécessaires à son déploiement. Cette définition dialectique, proposée par Hegel, permet de saisir la nécessité rationnelle qui gouverne l'histoire de la philosophie : le philosophe est fils de son temps, et comme ceux d'hier, il lui revient de répondre aux besoins de son époque. La philosophie ne se réduit donc pas à ses oeuvres qui sont comme les tombeaux de la philosophie passée : elle est essentiellement vivante dans l'activité présente de penser, qu'exprime magnifiquement tout enseignement où le maître, à la manière de Socrate, requiert la participation du disciple.
«
Le philosophe n'est pas menacé par le mal
tU•H•
S'il est un homme qui échappe au mal, c'est bien le philo
sophe.
Le mal n'est possible que parce que les hommes,
aveuglés par leurs passions, ne voient pas où est le bien.
Le
philosophe peut les éclairer et leur montrer la voie à suivre.
Le philosophe
sait où est le bien
P
our de nombreux
philosophes, le mal
n'est qu'un résultat
de l'ignorance .
Les
hommes commettent le
mal parce qu'ils ne
savent pas où se trouve
le véritable bien .
Pour
Platon, par exemple, le
rôle du philosophe est
de dessiller les yeux des
ignorants, qui sont abu
sés par leurs sens et leurs
passions,
ët de leur per
mettre de contempler,
grâce à l a réflexion, le
souverain bien.
Le mal est un pro
blème politique
M
arx propose une
interprétation pure
ment politique du mal.
Le mal, c'est l'aliénation
des travailleurs et l'ex
ploitation d'une majo-
« Il est évident que [la] fin demière [de nos actes] peut être le bien et même le bien suprême.
• Aristote,
Politique
rité d'hommes pauvres
par une minorité d'hom
mes riches.
le mal n'est
donc pas un problème
ontologique insoluble ,
mais bien un pro
blème politique.
Lors
que les travailleurs se
révolteront contre les
bourgeois qui les exploi
tent et établiront enfin
une société juste, le mal
disparaîtra .
Le mal
peut se soigner
P
our la psychanalyse,
le mal s'expliq ue
par
des pulsions négatives
et n'a donc pas une ori
gine extérieure à l'hom
me.
En même temps
qu'une pulsion de vie,
une pulsion de mort
nous habite et peut se
transformer en agres
sivité, en sadisme,
en désir de meurtre
quand notre rapport
à autrui est négatif.
Le
mal
peut donc se soigner.
Le
mal n 'a pas une existence ontologique.
Il provient de l'ignorance ou de l'injustice , et la philosophie
peut donc le réparer ..
»
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