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Le philosophe peut-il se satisfaire du langage ordinaire ?

Publié le 12/01/2004

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Si le philosophe rechigne à se satisfaire du langage ordinaire, c'est parce qu'il est trop ébahi devant cet objet pour prendre vraiment la mesure de sa perfection. D'où sa tentation philosophique de mettre le langage ordinaire « en congé ». Il faudrait au contraire, préconise Wittgenstein, ramener le philosophe à la considération permanente de la langue de tous les jours. Ce n'est pas la critique du langage ordinaire, mais l'observation de ses jeux et de sa manière de travailler qui permettra de résoudre, ou plutôt de dissoudre, les problèmes philosophiques traditionnels.III - Le langage ordinaire comme guide pour la pensée1 - Le langage ordinaire, unique thème de la philosophie ?Le langage ordinaire n'est pas dépourvu d'enseignements pour le philosophe. Faut-il cependant se contenter de plier le genou devant sa sagesse infinie ? Austin lui-même relève que le langage ordinaire, s'il doit toujours avoir le premier mot, ne garde pas forcément le dernier. Le langage ordinaire n'est pas à étudier pour lui-même. Il nous sert de « truchement pour observer les faits vivants qui constituent notre expérience et que nous aurions trop tendance, sans lui, à ne pas percevoir ».
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« Austin, dans « Plaidoyer pour les excuses », « sont certainement plus nombreuses, plus solides, puisqu'elles ont subiavec succès le long test de la survivance du plus apte, et plus subtiles [...] que toutes celles que vous ou moisommes susceptibles d'élaborer dans un fauteuil un après-midi ». 3 - Faut-il se dispenser de la philosophie ? Si le philosophe rechigne à se satisfaire du langage ordinaire, c'est parce qu'il est trop ébahi devant cet objet pourprendre vraiment la mesure de sa perfection.

D'où sa tentation philosophique de mettre le langage ordinaire « encongé ».

Il faudrait au contraire, préconise Wittgenstein, ramener le philosophe à la considération permanente de lalangue de tous les jours.

Ce n'est pas la critique du langage ordinaire, mais l'observation de ses jeux et de samanière de travailler qui permettra de résoudre, ou plutôt de dissoudre, les problèmes philosophiques traditionnels. III - Le langage ordinaire comme guide pour la pensée 1 - Le langage ordinaire, unique thème de la philosophie ? Le langage ordinaire n'est pas dépourvu d'enseignements pour le philosophe.

Faut-il cependant se contenter de plierle genou devant sa sagesse infinie ? Austin lui-même relève que le langage ordinaire, s'il doit toujours avoir lepremier mot, ne garde pas forcément le dernier.

Le langage ordinaire n'est pas à étudier pour lui-même.

Il nous sertde « truchement pour observer les faits vivants qui constituent notre expérience et que nous aurions troptendance, sans lui, à ne pas percevoir ».

C'est bien aux choses elles-mêmes qu'il s'agit de retourner. 2 - Intérêt philosophique de certaines ambiguïtés L'usage ordinaire de la langue doit surtout être apprécié pour les richesses qu'il peut receler.

L'équivocité d'un termepourrait ainsi être accueillie non pas comme un obstacle au déploiement de la pensée rationnelle, mais au contrairecomme une chance, une invitation à approfondir la réflexion.

C'est ainsi que Hegel louait l'allemand courant de nedisposer que d'un mot (Geschichte, Histoire) pour désigner ces deux choses distinctes que sont l'aventure humaineen son cours effectif et la science qui la prend pour objet : indice de ce qu'un commun fondement interne fait semanifester ensemble histoire effective et science ou chronique historiques. 3 - La langue comme maison de l'être Allons plus loin.

« Le langage est la maison de l'être », affirme Heidegger dans sa Lettre à Jean Beaufret « sur l'humanisme ».

Il souligne par là que c'est dans la mesure seulement où il a lalangue — et une langue, à chaque fois, héritée de l'histoire — que l'hommepeut appréhender ce qui est en tant que tel, et même avoir trait à l'être engénéral.

Dans cette perspective, il apparaît que le philosophe ne doit surtoutpas se soucier de remédier aux prétendues imperfections de la languecommune, mais doit au contraire s'en faire l'hôte respectueux ou le pensifgardien.

Le « souci pour l'usage de la langue », lisons-nous dans la Postface àQu'est-ce que la métaphysique, est donc pour une pensée en quête du sensde l'être une tâche insigne et presque un devoir de piété : « la pensée del'être veille sur la langue et dans une telle vigilance remplit sa destination ». Conclusion C'est peu de dire que le philosophe doit se satisfaire du langage ordinaire — àcondition qu'il n'en nourrisse pas une conception instrumentale, qui letransformerait en mécanicien.

Le souci pour l'usage de la langue permet aupenseur de ne pas s'éloigner de ses propres chemins, et à l'homme de semontrer à la hauteur de sa responsabilité de « berger de l'être ».. »

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