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LA PHILOSOPHIE DE BERGSON

Publié le 23/12/2009

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Né à Paris le 18 octobre 1859, Bergson fut au Lycée Condorcet un élève remarquable, en sciences comme en lettres, couronné au concours général pour le français et pour les mathématiques. A cette époque déjà, comme à la nôtre, on poussait systématiquement les meilleurs élèves vers les sciences. Mais Bergson refusa de préparer Polytechnique et se tourna vers Normale Supérieure Lettres où il entra en 1878 (il eut pour camarades de promotion Jaurès et Maurice Blondel).  Agrégé de philosophie en 1881, il enseigne au Lycée d'Angers (1881-1883), puis de Clermont-Ferrand (1883-1888) où il prononce en 1885 un discours de distribution des prix sur la politesse. En 1889 il soutient sa thèse les Données immédiates de la conscience, assez nouvelle pour surprendre ses juges qui ne lui donnent que la mention honorable. Il est encore professeur de Lycée, à Paris, lorsqu'il publie en 1897 Matière et Mémoire. C'est à partir de ce moment qu'il accède aux honneurs et bientôt à la plus grande célébrité. Nommé maître de conférences à l'École Normale Supérieure, puis en 1900 professeur au Collège de France (il y attire des auditoires mondains), il sera en 1901 à l'Académie des Sciences Morales, en 1918 à l'Académie française, en 1928 prix Nobel de Littérature. Il a publié en 1900 Le Rire, en 19197 l'Évolution Créatrice, en 1922 des études sur les théories d'Einstein Durée et Simultanéité ; en 1932 Les Deux Sources de la Morale et de la Religion. D'autre part, il réunit en volumes des articles et conférences dispersés, sous le titre l'Énergie Spirituelle (1919) et La Pensée et le Mouvant (1934).  Conduit par l'évolution de sa pensée (en méditant sur les oeuvres des grands mystiques) au seuil du catholicisme, il refuse pourtant de se convertir, afin de manifester sa solidarité avec la communauté juive que les hitlériens commencent à persécuter. Bergson meurt le 4 janvier 1941 en pleine occupation allemande. Sa femme et sa fille, Paul Valéry représentant l'Académie Française et Édouard Le Roy, son successeur au Collège de France, se trouvaient presque seuls pour suivre sa dépouille.

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« durée.

La science transpose toutes les données sensibles en objets mesurables dans l'espace et « cueille desrépétitions le long de ce qui ne se répète pas ».

Elle explique rationnellement le mouvement à partir de l'immobile.Elle exprime donc la ruse de l'intelligence aux prises avec la nature, elle augmente notre pouvoir sur le monde et parlà est au service de notre confort et nos plaisirs.

La philosophie, intuition de la durée, nous révèle l'Être en sa vérité« sub specie durationis », nous fait coïncider avec la fluidité, la continuité indivisible de tout ce qui dure et qui vit.Tandis que le savant, selon le mot de Bacon, obéit pour commander, le philosophe cherche moins à dominer lanature qu' à sympathiser avec elle.

La connaissance philosophique bergsonienne serait donc ce que Claudel a appeléune connaissance, une coïncidence avec l'Être profond qui est durée vivante.

Tandis que la science sert nosplaisirs, la philosophie qui nous porte au coeur même de l'Être pourrait, selon Bergson, nous donner la joie.Il nous reste à montrer que toutes les oeuvres de Bergson répondent à ce programme.

Toutes visent — dans desdomaines divers — à critiquer la confusion banale de l'espace et de la durée.

Toutes ses oeuvres sont desprotestations (Bergson est, quoi qu'on en dise, un philosophe essentiellement polémiste) contre le scientisme,contre un certain intellectualisme qui fausse tous les problèmes en parlant de la durée comme on parle de l'espace. Les données immédiates de la conscience : le problème de la liberté chez BERGSON a) Les solutions classiques au problème de la liberté — c'est-à-dire le déterminisme qui voit dans nos actes larésultante de forces psychologiques, les motifs, ou la théorie du libre arbitre qui suppose que nous faisons un choixtranscendant (au-delà de tous les motifs) entre les possibles qui s'offrent à nous — sont fausses l'une et l'autre.Elles posent mal le problème, car elles transposent abusivement dans l'espace notre expérience psychologique.

Lelangage même dont on se sert est ici révélateur.

On parle de délibération, c'est-à-dire de pesée (la « livre » est uneunité de poids) comme si les motifs étaient analogues à des charges sur les plateaux d'une balance.

Ou encore, onse représente un carrefour — avec deux chemins qui partent dans des directions différentes — et on suppose quenos décisions sont analogues à celle du voyageur qui opte entre l'un ou l'autre de ces chemins.

Poser le problème dela liberté avec des images spatiales (la balance, le carrefour) c'est finalement donner raison au déterminisme.Puisque l'expérience montre que j'ai choisi l'un des deux chemins tracés d'avance, c'est que mon choix n'était pas audépart indifférent.

D'autre part, c'est nécessairement le poids le plus lourd (le motif le plus fort) qui fait incliner labalance.b) Mais le problème est mal posé.

On considère ici l'acte volontaire tout achevé — déjà refroidi — comme on faitl'autopsie d'un cadavre.

L'acte qui se présente alors comme une chose dans l'espace se laisse tout naturellementdisséquer, apparaît comme la conséquence de facteurs multiples.

La théorie du libre arbitre est finalement perdantedans toutes les discussions parce que si nous choisissons entre des possibles donnés d'avance, il est inévitable deconclure que le possible le plus attirant impose ma décision.

Mais, en tout cela nous supposons la décision déjàprise, l'acte déjà accompli.

La vérité, c'est qu'au moment où je me décide les possibles ne sont pas clairementdéfinis, les chemins qui partent du carrefour ne sont pas encore tracés.

Le possible n'est qu'une illusionrétrospective.

Après coup j'imagine que l'acte que j'ai accompli était possible, comme on parle du « romantisme decertains classiques du XVIIe siècle » ! Pour Bergson les possibles ne sont pas dessinés d'avance.

Un journaliste luidemanda un jour : « Maître, que sera d'après vous le Théâtre de demain ? » Bergson répondit : « Si je le savais, jele ferais ».

Car le théâtre de demain ne se précède pas — à titre de « possible » — dans la conscience d'aujourd'hui.c) La véritable liberté n'est pas un choix entre des possibles donnés d'avance.

Elle est une invention, une création.Il faut « chercher la liberté dans une certaine nuance ou qualité de l'action même et non dans un rapport de cetacte avec ce qu'il n'est pas ou avec ce qu'il aurait pu être ».

Au lieu de considérer l'acte de l'extérieur, tel qu'il aété exécuté, dans l'espace, et de le comparer avec d'autres actes possibles, il faut par intuition, s'efforcer, pourcomprendre, de coïncider avec le moi qui dure, qui mûrit sa décision.

L'acte libre apparaît alors comme lesurgissement d'une nouveauté dans la durée.

Ce n'est pas en nous référant à la morale (choix entre le bien et lemal) que nous comprendrons la liberté, mais en songeant aux oeuvres d'art.

Le rapport entre le moi et l'acte libre semontre sous une forme privilégiée dans le rapport entre l'artiste et son oeuvre.

Nous reconnaissons au premierregard un Cézanne ou un Van Gogh sans regarder la signature.

L'acte libre ressemble au moi créateur commel'oeuvre ressemble à l'artiste, mais bien entendu ne se déduit pas du moi, il est une imprévisible nouveauté qui jaillitdu moi créateur. Matière et mémoire — l'âme et le corps chez Bergson a) L'explication matérialiste de la mémoire, par des « traces » gravées dans le cerveau ( à la manière de Ribot),suppose, elle aussi, une confusion de la durée spirituelle avec l'espace matériel.

Ce qu'on peut expliquer par lecerveau, c'est seulement la mémoire motrice, autrement dit l'habitude.

Par exemple, je récite correctement unpoème parce que des lectures répétées ont solidement lié entre eux les mots articulés qui correspondent à desmouvements neuro-musculaires.

Mais, si je me souviens que j'ai lu pour la première fois ce poème au fond d'unjardin, sur un vieux banc vermoulu, voilà un souvenir image qui ne doit rien aux répétitions, qui n'a rien à voir avec lecerveau.

C'est l'esprit qui se souvient, qui est mémoire pure, en tant qu'il vit et qu'il dure.b) Dans ces conditions, si la mémoire vraie ne dépend que de l'esprit, c'est l'oubli qu'il faut expliquer ! En fait, nousdit Bergson, nous n'oublions rien du tout, puisque l'esprit est pure mémoire ! Le cerveau qui n'explique pas lesouvenir, explique l'apparence de l'oubli — de l'oubli normal d'abord, parce que le cerveau filtre les souvenirs, nelaisse passer dans la conscience que les souvenirs utiles à l'action présente — de l'oubli pathologique, ensuite, parceque des lésions cérébrales ne suppriment pas le souvenir, mais empêchent seulement son évocation.

Et Bergsonpense que dans le rêve nocturne — lorsque nous devenons indifférents à l'action et au présent — (« rêver c'est sedésintéresser ») tous les souvenirs que nous jugions perdus reviennent en désordre à la conscience.

Le cerveauexplique donc l'actualisation du souvenir — et les défaillances de cette actualisation (ce que nous « oublions » lemoins ce sont les verbes, à la différence des noms et surtout des noms propres, parce que le verbe exprime. »

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