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La philosophie nous détache-t-elle du monde ?

Publié le 28/02/2004

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L'étonnement, pour les Grecs, est donc l'origine véritable de la recherche philosophique. L'étonnement consiste en l'arrêt admiratif devant une chose que l'on ne comprend pas. Le mot n'est pas à comprendre au sens moderne cad la stupéfaction devant quelque chose d'inhabituel.Le sens commun, la plupart des hommes ne s'étonnent que devant un phénomène extraordinaire, qui échappe à la routine, et dont il est clair qu'on ne le comprend pas, qu'on ne peut le classer dans les rubriques habituelles. Or les phénomènes les plus communs ne sont pas les plus connus, tant sen faut, et le sentiment de connaître ce que l'on voit souvent n'est qu'une illusion.L'étonnement qui frappe le philosophe concerne n'importe quelle chose, aussi banale soit-elle en apparence. C'est d'abord l'admiration devant la nature, et l'aveu de son incompréhension devant ses mécanismes. « Or apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance [...] ainsi donc ce fut pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie. »  [La philosophie n'est pas ce savoir abstrait, théorique.

Face à un grave problème, dans la vie de tous les jours, le sens commun veut qu'il faille "prendre les choses avec philosophie". Cette expression propose à l'individu mis face à des soucis de se détacher des contingences du monde physique, pour oublier ses ennuis. Ainsi, être philosophe serait être capable de se désolidariser des choses réeles - le philosophe aurait "la tête dans les nuages", pris dans des questions métaphysiques sans importance pour la réalité. On dit d'ailleurs souvent, faussement, que la philosophie tire sa valeur de son inutilité. Comme c'est souvent le cas avec le sens commun, il y a dans cette opinion une certaine part de vérité, nous verrons dans une première partie dans quelle mesure on peut affirmer que la pratique philosophique "détache du monde". Mais peut-on épuiser la philosophie dans cette attitude insouciante ? La philosophie n'est-elle pas au contraire toute concernée par la place de l'homme dans l'univers ? Le philosophe n'est-il pas l'homme interessé par le monde, par excellence ?

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« En 1845, Marx écrit les « Thèses sur Feuerbach ».

La onzième précise que « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, ce qui importe, c'est de letransformer ».

Contrairement à ce que prétend une interprétation courante, il ne s'agit pas pour Marx de répudier la philosophie et le travail de réflexion, mais de le redéfinir, et de lui donner une nouvelle place, une nouvelle tâche.

Marx ne récuse pas la pensée, mais sa transformation en idéologie, son éloignement de la pratique. La onzième thèse clôt la série de note rédigées par Marx en 1845 qui constitueront le point de départ de la rédaction, avec la collaboration d' Engels , de l' « Idéologie allemande » (1846).

Ces thèses, qui ne sont pas initialement destinées à la publication, paraîtront après la mortde Marx à l'initiative de Engels , qui les présente comme un document d'une valeur inappréciable puisque s'y trouve « déposé le germe génial de la nouvelle conception du mode ». Etape décisive dans la maturation de la pensée de Marx , cet ensemble d'aphorismes, en dépit de son apparente limpidité, ne peut être compris indépendamment de ce qui précède et de cequi suit le moment de sa rédaction.

Nul texte, en ce sens, ne se prête davantage au commentaire,alors même, paradoxalement, que cette onzième thèse semble dénier toute légitimité à l'activitéd'interpréter. Formé à l'école de la philosophie allemande, lecteur de Hegel avant de devenir émule de Feuerbach (qui est un « matérialiste » au sens des Lumières), Marx construit sa propre compréhension du monde en « réglant ses comptes avec sa conception philosophique antérieure ». Le terme de « philosophie » désigne ici la représentation théorique dominante à son époque, qui fait de la transformation des idées la condition nécessaire et suffisante de la transformation du monde.

(Ce qui constitue une vision « idéaliste » de l'histoire et des rapports de la théorie à la pratique.) Brocardant ceux qui possèdent « la croyance en la domination des idées », Marx leur oppose l'affirmation que « les représentations, la pensée, le commerce intellectuel des hommes apparaissent […] comme l'émanation directe deleur comportement matériel ». Là gît le fond du désaccord avec Feuerbach : si celui-ci affirme bien la nécessité de faire commencer la philosophie avec et dans la « non-philosophie », dans la vie réelle, il réduit celle-ci à l'existence individuelle d'un homme pensé de manière abstraite, coupé des rapports sociaux (et par suite restreint à sa dimension sensible). L'opération critique effectuée ici par Marx consiste à redéfinir la réalité humaine.

Il s'agit de rejeter la thèse de l'existence d'une nature humaine et de lui substituer l'analyse d'une réalité sociale complexe et structurée, où leshommes édifient historiquement leur individualité en « produisant leurs conditions d'existence ». Il s'agit donc de récuser une vue abstraite et éloignée du réel pour s'attacher à ce que sont les hommes concrets etleur évolution historique. La sixième thèse énonce que « L'essence humaine n'est pas une abstraction inhérente à l'individu pris à part, dans sa réalité, c'est l'ensemble des rapports sociaux. » Il ne s'agit aucunement, contrairement à ce que maintes lectures hâtives ou prévenues affirment, de réduire l'individu aux rapports sociaux, mais d'affirmer que l'essence humaine n'apas la forme du sujet pensé par la psychologie. Autrement dit, que la clé de la compréhension de la personnalité concrète ne se trouve pas dans la conscienceindividuelle.

Mais, à l'inverse, celle-ci ne se détermine singulièrement que dans le cadre de rapports sociaux qui luipréexistent et qui constituent de ce fait ses « présuppositions réelles », base de sa formation effective et point de départ de son intelligence véritable. On ne peut donc pas comprendre l'individu en l'isolant de la société dans laquelle il s'insère, travaille, etc.

Il faut aucontraire, pour saisir l'individu dans sa singularité, ne pas prendre pour base les illusions qu'il peut se faire sur lui-même, en ce sens qu'il est victime des préjugés de son temps et que « les idées dominantes sont les idées de la classe dominante ». Par suite, l'activité individuelle est essentiellement, constitutivement, sociale et ne peut en aucun cas être réduite àl'ensemble des perceptions sensibles de l'individu isolé et des représentations qui en dérivent : « La véritable richesse des individus réside dans la richesse de leurs rapports réels .

» Par suite encore, les formes de conscience, que Marx désigne du terme d'idéologie, n'ont pas d'autonomie mais bien une spécificité.

Car, si « ce n'est pas la conscience qui détermine la vie mais la vie qui détermine la conscience », il reste à expliquer historiquement l'apparente séparation et opposition entre la réalité matérielle et les représentationsque l'on s'en fait. Le problème n'est donc pas tant de récuser une philosophie qui s'invente un monde séparé et dédaigne les hommesréels, que de mettre au jour les conditions de possibilité d'une telle méprise, que de dégager les prémissesmatérielles d'une telle conclusion.

La réponse proposée dans « L'idéologie allemande » est la notion de division. »

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