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La philosophie a-t-elle une patrie ?

Publié le 25/01/2004

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En Crète, s'était développée, dès le IIIe Millénaire, une civilisation préhellénique. De bonne heure, les Grecs avaient créé des colonies sur le littoral asiatique de la mer Égée, en Sicile, en Italie méridionale, jusqu'à Marseille et en Espagne. Par là, la Grèce a été l'initiatrice, en Europe, d'une pensée diversifiée. Les sages de l'Orient jouissaient, sur son territoire, d'un grand prestige. Parmi eux, il faudrait mentionner les Égyptiens, qui avaient eu, en des temps anciens, de hautes conceptions religieuses et morales, les Iraniens, dont l'influence a persisté longtemps en Occident, les Hindous, profondément méditatifs, les Chinois. Tous ces peuples, dont les civilisations ont devancé celle de la Grèce, se sont interrogés sur le principe des choses, le salut, l'art de vivre selon une loi de l'esprit. Ils ont certainement influencé les Grecs dans leur conception de la sagesse qui est, originellement et étymologiquement, l'essence de la philosophie.La race hellène a elle-même des origines multiples. Elle est issue des populations égéennes et d'envahisseurs venus d'Europe centrale. Elle a donné un peuple de philosophes et d'artistes dont la pensée est caractérisée par la précision, l'ordre, la mesure et l'harmonie.
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« Il y a, en Chine, une sagesse traditionnelle authentique, mais en même temps, dans le Tao, un refus marqué pour ladialectique, l'abstrait et le conceptuel.

La métaphysique est reléguée.

C'est dire qu'il existe des obstacles culturels,ici aussi.Cependant, au XIXe siècle, la culture occidentale s'est tournée vers l'Orient.

Le cours d'histoire de la philosophie deVictor Cousin, en 1830, fait une immense place à la philosophie hindoue qu'il couvre d'éloges.

Edgar Quinet parled'une «renaissance orientale ».

En conjuguant la source grecque et une source non grecque il envisage laconstitution d'un humanisme authentiquement universel.

Cet enthousiasme se retrouve en Grande-Bretagne maissurtout en Allemagne.

Herder, Schlegel, Schelling sont fascinés par l'Inde.

Ils apprennent le sanscrit.

Ils proclamentque tout, sans exception, est originaire de l'Inde.

Schopenhauer obtient un succès tardif en établissant laconcordance entre le bouddhisme et sa philosophie.

Nietzsche a été au moins très intéressé par la philosophie bouddhiste.

Rapidement, cet enthousiasme s'est atténué.

L'Occident reprocheà la pensée extrême-orientale son nihilisme, son goût pour l'anéantissement.L'a-t-on suffisamment approfondie? Parfaitement comprise?L'Orient n'a pourtant pas cessé de susciter l'intérêt des penseurscontemporains.

Simone Weil, pendant l'hiver de 1940, a pris contact avec laphilosophie hindoue.

Elle a lu la Bhagavad-Gîta et les très beaux exposés deKrishna.

Elle n'a pas abandonné, pour autant, les auteurs grecs en qui elle atoujours vu ses maîtres, mais elle écrit : «Quand on prend pour sujet l'Orient,il est bon de ne l'opposer à l'Occident que pour le préférer, mais peut-êtreinsiste-t-on trop sur cette opposition.

» Elle fait des rapprochements entreHéraclite ou Protagoras et des textes hindous.

On a cru pouvoir discerner unerelation entre l'expérience mystique de Simone Weil et l'expérience de soi et«du Soi ».

Bergson a été marqué par la philosophie hindoue.

Il a affirmé lasubstantialité du changement, et on lit dans le Veda qu'il en est du corpscomme d'une rivière dans laquelle les flots ne cessent de succéder aux flots.Il y a eu une sympathie réelle entre le parfait disciple de Râmakrishna et leBergson mystique des Deux sources.Si, de nos jours, la philosophie a été, pendant un temps, délaissée en France,elle suscite, dans le monde entier, un vif intérêt.

Comprenant leur erreur, lesFrançais se réveillent.

Ils se remettent à philosopher.

L'histoire du passé doitnous donner une leçon.

L'avenir de la philosophie implique qu'elle ne soit pastrop occidentale.

Pas trop marquée, non plus, par le désir, manifesté maintenant, d'affirmer une identité nationale, elle ne doit pas comporter d'exclus.

Le philosophe du présent et del'avenir doit être un voyageur, un homme qui franchit les frontières, qui engage inlassablement un dialogue.

Il ne luisuffira pas, en effet, de bâtir un système cohérent.

Son objectif est d'aimer la multiplicité des cultures commeautant de sources, et de puiser en elles à la fois la rationalité et les intuitions spirituelles qui permettent auxhommes de se comprendre, de s'apprécier, de fraterniser, de prononcer sur l'existence un jugement significatif etvivifiant et de donner un sens de plus en plus riche au mot sagesse.. »

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