Devoir de Philosophie

La philosophie peut-elle être considérée comme un art ?

Publié le 28/02/2004

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La philosophie, comme son étymologie l'indique (amour de la sagesse et du savoir) a pour vocation de développer une potentialité inscrite dans l'existence humaine, la connaissance et la conduite morale. Ceci suppose alors que, au-delà de la vie simplement biologique il existe une vie bonne, une vie heureuse, que l'homme peut atteindre à travers la connaissance et la pratique de la philosophie. La philosophie serait alors l'art de vivre, de développer la sagesse à travers la connaissance du monde et atteindre le bonheur humain. Cependant, on peut interroger cette assimilation, dans la philosophie, de la sagesse et du savoir. En effet, la sagesse, état de l'âme de celui qui vit sous la raison, le propre de l'homme, ne peut se passer d'une connaissance du monde. Néanmoins, cela conduit à l'idée que la sagesse est impossible. Car une perception adéquate du monde n'est pas à la portée de l'homme. Alors ne faut-il pas penser une sagesse proprement humaine qui se passe de la curiosité du monde pour se consacrer à l'essentiel ? Non seulement la connaissance du monde paraît un idéal inaccessible, mais même cette connaissance peut être de l'ordre de la curiosité, non de la sagesse. Il convient donc de se demander si le concept de philosophie peut se développer à partir de celui d'art de vie, qui inclus en lui sagesse et connaissance du monde.
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« – Cependant, une telle conception de la philosophie comme art de vivre et recherche de la sagesse, identifie lasagesse à l'épanouissement, définissant la vertu à partir du bien propre de chaque activité et du bonheur quis'en dégage.

Or, le caractère moral d'une action, donc, l'action du sage, doit être plutôt liée au devoir qu'aubonheur.

La vertu ne consiste pas tant en l'activité de notre nature, qui peut être est mauvaise, qu'en uneaction faite par devoir.

C'est bien ce que remarque Kant lorsqu'il distingue dans la Critique de la raison pratique , le prudence et la morale.

Le bien, qui concerne le devoir, n'est pas pourautant le bonheur.

Ce dernier en effet peut être interprété comme lasatisfaction de tous nos désirs en extension (quantité), intensité (qualité)et protension (durée).

Or, si le bonheur est satisfaction du désir, il n'estpas à l'origine d'un acte moral, fait par devoir.

Soit en effet j'agis ensuivant mon plaisir, l'inclination de ma nature et de ma sensibilité, soitj'agis librement, c'est-à-dire sans prendre en considération mon plaisir,mais uniquement mon devoir.

Or, le sage n'est-il pas celui qui est ainsicapable de sacrifier son bonheur au nom du devoir ? De ce point de vue, iln'est besoin pour être sage que de connaître son devoir.

La connaissancedu monde n'est requise que pour la prudence, c'est-à-dire pour l'art dubonheur.

Mais la prudence n'est pas la sagesse, au sens du devoir.

Or, ledevoir de chacun lui parle en lui même, dans son universalité : considérerautrui toujours comme une fin et jamais comme un moyen, et êtresusceptible d'universaliser la maxime de son action (c'est-à-dire, rendreson action susceptible d'être faite par tous, en tout temps et tout lieu)sont les conditions d'une action morale, donc sage.

Or, nul n'est besoin icide connaissance théorique du monde, ni de connaissance pratique.

Eneffet, la sagesse réside dans l'intention.

Il n'y a de bon qu'une bonnevolonté.

La connaissance du monde regarde la réalisation de l'action, nonson intention.

Le sage est celui qui veut le bien, même s'il échoue à leréaliser. – On peut donc ici conclure que si la sagesse philosophique ne consiste pas dans l'épanouissement, mais dans lacapacité d'agir librement, c'est-à-dire par devoir, alors une connaissance du monde n'est pas requise.

Le devoirparle directement à chacun de nous dans l'intimité de sa conscience, pour autant qu'il possède une raisonpratique qui lui enjoint de faire son devoir, parfois au détriment de son bonheur.

Le sage n'est pas l'hommeheureux, c'est l'homme vertueux.

Et la vertu renvoie au devoir, non au bonheur.

L'identification du bonheur et dela vertu présupposait en effet que la nature humaine est fondamentalement bonne.

La philosophie ne peut alorsplus être comprise comme art de vivre, ou art du bonheur : elle n'est pas prudence, mais sagesse véritable,c'est-à-dire art de la liberté. Conclusion Ainsi, selon qu'on considère la sagesse comme bonheur (art de vivre), ou comme capacité à réaliser sondevoir (art de la liberté), la philosophie pourra ou non être considérée comme un art de vivre.

Dans le premier cas,elle l'est sous la double forme d'une connaissance théorique de soi qui permet de reconnaître le propre de sa naturedans la différence qu'elle a avec le reste du monde, et d'une connaissance pratique (prudence), qui permet deréaliser et voir l'action à accomplir, dans un monde qui connaît de nombreux hasards et incertitudes.

Dans lesecond, la philosophie ne peut être un art de vivre heureux : le devoir parle directement à la conscience morale dechacun sous la forme d'un impératif catégorique (il faut quelles que soient les conditions), et non sous les formed'un impératif hypothétique (si tu veux le bonheur, fais ceci).

L'action morale n'est donc pas l'action prudente.

Lecalcul des moyens n'appartient pas au sage, mais au stratège.

Le philosophe, amoureux de la liberté plus que dubonheur, n'attend donc pas de la philosophie le bonheur.

La philosophie n'est pas donc pas l'art d'être heureux, oul'art de vivre heureux, mais celui de la liberté.. »

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