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LA PHILOSOPHIE SPÉCULATIVE DE DIDEROT

Publié le 16/06/2011

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Cette philosophie est évidemment dirigée contre le christianisme et contre toute religion qui prétend, au nom d'une révélation, imposer des dogmes auxquels la raison ne saurait rien comprendre. La critique est directe dans les ouvrages que Diderot n'a pas publiés. Elle est masquée par des déclarations d'orthodoxie dans ceux qu'il a fait paraître ; mais elle n'y est pas moins évidente. Dans les 'Pensées philosophiques, dan, la Lettre sur les aveugles, dans les Pensées sur l'interprétation de la nature, dans De la suffisance de la religion naturelle, dans l'Introduction aux grands principes, dans l'Entretien d'un philosophe avec la maréchale de ***, etc... (et dans l'Encyclopédie), Diderot s'évertue pour nous convaincre et se convaincre que la religion chrétienne est oeuvre humaine, oeuvre de la faiblesse et de la superstition humaines et qu'elle n'a aucun droit à vouloir s'imposer par la force au nom d'une vérité que la réflexion dément à chaque pas. Dans sa polémique Diderot recourt, comme nous l'avons dit, à toutes les sortes d'arguments qu'on avait allégués bien souvent avant lui. Absurdités logiques, sottises, puérilités, cruautés des livres soi-disant révélés, difficultés ou impossibilités de se fier à des livres dont l'exégèse montre la confusion, les contradictions, la valeur historique faible ou nulle, etc...

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« tes récompenses de l'autre monde s'il y en a un.

» Puis l'évolution s'achève et Diderot s'installe dans undéterminisme matérialiste qui n'est pas batailleur, qui n'est pas même, nous le verrons, selon son coeur mais auquelsa raison l'obligera, jusqu'au bout, d'adhérer, Il renonce, sans espoir de retour, au providentialisme, dans les Penséessur l'interprétation de la nature.

Le monde auquel il croit est celui d'une matière unique dont l'organisation estseulement plus complexe dans la matière vivante que dans la matière brute, dans la matière pensante que dans lamatière où la pensée raisonnante n'apparaît pas.

Il est régi par les mêmes lois fatales.

C'est le thème de la Lettre àLandois (1756) : « Le mot liberté est un mot vide de sens...

Il n'y a qu'une sorte de cause à proprement parler, cesont les causes physiques.

Il n'y a qu'une sorte de nécessité, c'est la même pour tous les êtres...

» Le même thèmesera indiqué ou commenté à cent reprises dans la plupart des oeuvres postérieures de Diderot, l'Entretien avec lamaréchale de ***, le Rêve de d'Alembert, Jacques le fataliste, le Neveu de Rameau, les Eléments de physiologie, laCorrespondance, etc..., etc...

: « Le monde moral est tellement lié au monde physique qu'il n'y a guère d'apparenceque ce ne soit une seule et même matière.

Vous avez été un atome de ce grand tout ; le temps vous réduira à unatome de ce grand tout...

Le paysan qui voit une montre se mouvoir et qui, n'en pouvant connaître le mécanisme,place dans une aiguille un esprit, n'est ni plus ni moins sot que nos spiritualistes.

» Les apparencesd'indétermination, de liberté, tiennent simplement à l'extrême complexité et subtilité des causes : « la cause subittrop de vicissitudes particulières qui nous échappent pour que nous puissions compter infailliblement sur l'effet quis'ensuivra.

La certitude que nous avons qu'un homme violent s'irritera d'une injure n'est pas la même que celle qu'uncorps qui en frappe un plus petit le mettra en mouvement.

»Le problème demeure évidemment de savoir comment (Diderot, conformément aux exigences de la méthodeexpérimentale, veut supprimer le pourquoi, tous les pourquoi) cette matière unique passe de l'état inorganique àl'état vivant et à l'état pensant.

Pour résoudre le problème il a, ou croit avoir des preuves expérimentales surlesquelles nous reviendrons.

Mais elles sont évidemment fort insuffisantes.

Il faut bien faire appel à la spéculation.Celle qui séduit le plus Diderot est que toute matière est plus ou moins organisée, plus ou moins « sensible» ; la vien'est que le développement de propriétés qui existent, à l'état obscur, dans le caillou comme dans la plante.Hypothèse qui n'a pas même un commencement de preuve, et Diderot qu'elle séduit vers 1765 en est moins satisfaitun peu plus tard quand il réfute l'Homme d'Helvétius.Tout ce matérialisme spéculatif n'a rien d'original.

Qu'il vienne de l'atomisme d'Epicure, de la logique géométrique deSpinoza (dont l'influence sur Diderot est douteuse), des athées anglais, des traités qui circulaient en manuscrit etdont quelques-uns sont athées, notre philosophe ne fait qu'exprimer avec plus de verve ce qu'on avait déjà dit.

Parcontre il est soutenu et transformé par une philosophie expérimentale qui est, elle, en grande partie neuve.. »

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