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Le physicien a-t-il affaire à la réalité ?

Publié le 02/03/2004

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physicien

Le sujet comporte : une catégorie de scientifiques (le physicien), et de sciences de la nature (la physique), et un concept : celui de réalité. A propos du premier, on ne vous demande pas de savoir exactement en quoi consiste le travail du physicien, et cela d'autant moins que la physique recouvre des domaines de recherche fort différents. Pour comprendre le sujet, il suffit de comprendre que l'objet d'étude de la physique consiste dans l'ensemble des phénomènes naturels, de l'infiniment grand à l'infiniment petit, de l'astrophysique qui étudie l'univers à la physique des particules qui étudie l'atome et le cœur de la matière. Il importe donc seulement de distinguer la science physique, qui vise à une connaissance de la réalité, et les sciences mathématiques qui s'occupent non d'objets réels, mais d'idéalités, d'objets de l'esprit (comme les figures géométriques ou les nombres). Il existe bien des mathématiciens et des philosophes pour penser que les objets mathématiques sont réels, mais ceci est une autre question. De toute manière, quand bien même ils seraient réels, ce ne serait pas au même titre que les corps et les mouvements qu'étudie la physique.

C'est justement la réalité qui est en question dans le sujet. La réalité est une notion en apparence facile à se représenter : au premier abord, c'est le concret, ce que l'on peut voir, toucher, etc. Il faut se faire violence pour admettre que cette première conception n'est pas sans naïveté. Et pourtant, un physicien sait bien qu'un atome n'est pas réel au même titre qu'une chaise, pourtant faite d'atomes elle-même. Pour baliser la compréhension du sujet, il faut savoir qu'en philosophie, on distingue depuis Platon la réalité sensible (l'ensemble des phénomènes qui tombent ou peuvent tomber sous les sens), et la réalité intelligible (celle à laquelle, selon Platon, les mathématiciens ont accès).

physicien

« totalement avec l'expérience sensible.] Le physicien ne parle pas du réelIl n'y a aucun rapport entre le temps du physicien et celui vécu.

Le temps mesuré par le scientifique est untemps objectif, homogène, spatialisé.

En revanche, le temps vécu est subjectif, hétérogène, durée pure.

Uneseconde pour le physicien vaut n'importe quelle autre seconde.

Au contraire, une heure passée auprès del'aimé semble n'avoir duré qu'une fugitive seconde.

Or, précisément, le fait que tous les temps se valent exclutle temps véritable, celui que nous vivons et qui ne fait jamais surgir deux fois la même réalité.

Jankélévitchparlera de "primultimité", chaque première fois et aussi toujours la dernière.

Chaque amour est à la fois premieret dernier.

Lorsque le physicien cherche des lois, il met de côté le fait que l'homme ne connaît pas cetterépétition des événements dont la science a besoin pour formuler ses lois.

En effet, sans répétition desphénomènes, sans déterminisme, aucune science ne serait possible.Bachelard considérait l'expérience immédiate comme le premier obstacle à la connaissance scientifique.

Lesinformations fournies par les sens, le vécu sont source d'erreurs.

Ainsi, par exemple, de ce que cette pierretombe plus vite que ce morceau de liège, j'en viendrai à établir une distinction entre «lord» et «léger» et àconclure que la vitesse de la chute des corps est liée à leur masse.

Or les scientifiques ont établi que, dans levide, tous les corps tombent à la même vitesse.

La formule scientifique par Galilée de la loi de la chute descorps e= ½ gt2 contredit les données communes de la perception. TEXTE : Les concepts scientifiques en rupture avec l'expérienceimmédiate. « Les philosophes aiment à donner comme exemple de loi physique laloi universelle de la chute des corps: tous les corps tombent.

Mais ilsexplicitent rarement la contradiction qui donne vie à la loi.

Oui, tous lescorps tombent, même ceux qui ne tombent pas.

Le vol est une chuteniée.

La feuille morte qui descend en une capricieuse spirale vers le soltombe verticalement.

Si les souffles de l'air d'automne troublentapparemment la verticalité de la chute, ils sont comptés pouraccidents par la pensée rationnelle qui a découvert la loi profonde de lachute droite malgré les apparences de chute oblique.

La rationalité dela loi de chute, pourvue d'une algèbre simple, est inscrite dans lemouvement de tous les corps à la surface de la terre.

Il faut convertirl'immense variété de la phénoménologie de la chute des corps enl'absolue universalité de la nouménologie du mouvement de la chutedes graves.

Et ainsi le verbe tomber passe du langage empirique aulangage rationnel; la chute, dès qu'on a réduit les aspects immédiats,les aspects phénoménaux, reçoit son noumène.

Elle peut donner lieu àdes problèmes rationnels, à des problèmes mathématiques.Ainsi la science n'est pas le pléonasme de l'expérience.

Ses concepts ne sont nullement les concepts d'un empirisme par principe attaché aux objets séparés présentés parl'aperception.

Nous aurons à revenir, pour les caractériser philosophiquement, sur les inter-concepts quiforment la contexture d'une science particulière.

Pour l'instant, il suffit de noter le travail d'extension desnotions en dessous des apparences immédiates, par l'action d'une essentielle réflexion qui critique sans cesseles données premières.

En somme l'empirisme commence par l'enregistrement des faits évidents, la sciencedénonce cette évidence pour découvrir les lois cachées.

Il n'y a de science que de ce qui est caché.

»(BACHELARD, Le.

rationalisme appliqué, p.

38.) Le fait scientifique est introuvable dans la natureLe physicien néglige un nombre considérable de circonstances accessoires ou contingentes qui, pour lui, n'ontaucune influence sur le fait étudié.

Aristote disait qu'il n'y a de science que du général et non du particulier.Aux faits « colorés et divers » de la perception commune elle substitue un univers de quantités abstraites : à la place du sensible sonore et coloré elle découvre des vibrations dont on peut mesurer longueur d'ondes etfréquence : à la diversité empirique elle substitue l'unification rationnelle : non seulement, pour la chimie, lescorps infiniment divers se ramènent à une centaine de corps simples, mais encore ceux-ci sont-ils composésd'atomes, d'électrons : là où la perception immédiate voit des êtres, la science ne connaît que des rapports ;toutes les propriétés apparentes des choses se ramènent à des relations avec d'autres choses ; la chaleurapparente d'un corps s'explique par sa « conductibilité », le poids dépend du champ de gravitation , la couleur d'un objet de la lumière qu'il réfléchit.De plus, les faits ne sont remarqués que s'ils correspondent à une idée préalable, que s'ils possèdent unesignification par rapport à elle.

Cette signification est solidaire d'une théorie. Les faits scientifiques ne sont rien moins que des données.

Ce sont des « construits » si l'on peut dire, qui ne trouvent leur pertinence, leur intelligibilité et leur être même qu'à travers un réseau de médiationsinstrumentales et donc théoriques, puisque les instruments sont la réalisation technique ou technologique dethéories. Ainsi la science va-t-elle au réel et n'en part pas.

En tout cas, le réel de la science, produit d'une véritableépuration technico-rationnelle, est un résultat.

C'est la deuxième leçon platonicienne.

La réalité qui. »

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