Devoir de Philosophie

LES PLAIDEURS DE RACINE (ANALYSE)

Publié le 06/06/2011

Extrait du document

racine

I. - LA COMPOSITION DE LA. PIÈCE.

La Préface de Racine nous renseigne. Il s'était fort amusé à la lecture des Guêpes d'Aristophane et pensait écrire une farce, imitée des Guêpes, pour les comédiens italiens. Ces comédiens qui jouaient avec grand succès à l'Hôtel de Bourgogne étaient des bouffons qui, comme nos « farceurs « français, brodaient, sur un simple canevas, toutes sortes de plaisanteries, grimaces, pirouettes, bastonnades. La tâche de Racine se serait donc bornée à tracer ce canevas. Mais, vers le milieu de 1668, les comédiens italiens quittèrent Paris. « Quelques-uns des amis « de Racine le prièrent alors d'écrire une véritable pièce. Il se défendit, puis il céda ; ses amis l'aidèrent « moitié en l'encourageant, moitié en mettant eux-mêmes la main à l'oeuvre «. La pièce fut écrite rapidement, elle « ne tarda guère à être achevée «.

racine

« Ainsi s'explique sans doute l'échec momentané des Plaideurs.

Ceux qui aimaient la comédie sérieuse, la « grandecomédie » se sont offusqués, comme le pense Racine, des « badineries » et des « extravagances » ; ceux quiaimaient la farce ont dû trouver que les badineries manquaient de gaieté et les extravagances de folie.

Mais c'est làaussi ce qui fait l'originalité des Plaideurs.

Avant la pièce, et d'ailleurs après elle, il y avait des comédies d'intrigue,parfois avec une ébauche de comédie de caractère, comme Le Menteur de Corneille — ou bien les comédies decaractère et de moeurs de Molière où le comique naît de la peinture exacte de la vie et de quelques traits de farce— ou bien des farces pures, des caricatures populaires.

Les Plaideurs sont le premier badinage pour honnêtes gens,la première caricature de bonne compagnie. IV.

- LA PORTÉE DE LA PIÈCE. Il ne faut pas y chercher, en effet, autre chose qu'un badinage.

La pièce, écrite au xviiie siècle par unBeaumarchais, aurait pu avoir une portée sociale profonde.

Parmi tous les abus de l'ancien régime, ceux de la justiceétaient, avec ceux de la finance, les plus odieux et les Cahiers de remontrance des paroisses, en 1789, montrerontqu'on n'avait pas moins de haine contre les Perrins-Dandins que contre les Turcarets.

Vénalité des charges qui, nonseulement donnaient les postes de judicature à des incapables ou à des fripons mais qui obligeaient les juges, par leprix excessif qu'ils avaient déboursé, à se faire payer par les plaideurs — abus scandaleux de ces cadeaux forcés ou« épices » et des interminables « sollicitations » auprès des juges — complications inextricables et duréeinterminable des procédures qui prolongeaient certains procès pendant plusieurs générations — diversité profondedes « coutumes » ou législations locales grâce à quoi un procès pouvait être gagné ou perdu selon que l'objet dulitige était à gauche ou à droite d'une route, etc...

De tous ces abus il n'y a rien ou à peu près rien dans la pièce deRacine.

Jamais il n'attaque les institutions.

Il ne s'en prend qu'au caractère des hommes.

Il ne veut pas démontrerque la justice est mal organisée, que la plupart des juges ou beaucoup de juges sont vénaux et les procès jugésselon l'intérêt et à l'aventure.

Il nous montre seulement qu'il peut y avoir des juges et des plaideurs maniaques, queleur mania et non la force des choses rend ridicules et dangereux.

Les vers même sur la torture qui « fait toujourspasser une heure ou deux » ne sont pas une protestation contre cette torture mais un trait du caractère de Perrin-Dandin, de la manie d'esprit qui lui enlève toute sensibilité humaine dès qu'il est pris par le plaisir de ses fonctions.La tirade d'Alceste contre le franc-scélérat avec qui il a le procès qu'il va perdre a presque plus de portée que toutela comédie de Racine.

Encore la satire y reste-t-elle assez discrète.

Il faudra attendre la fin du siècle et La Bruyèrepour que l'amertume et un commencement de révolte apparaissent.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles