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PLATON: Telle est la puissance de la rhétorique.

Publié le 31/01/2011

Extrait du document

platon

Socrate : « Gorgias, je te demande depuis longtemps quelle est la puissance de la rhétorique. Elle me paraît en effet merveilleusement grande. «

Gorgias : « Que dirais-tu si tu savais tout, si tu savais qu'elle embrasse en elle-même pour ainsi dire toutes les puissances. Je vais t'en donner une preuve frappante. J'ai souvent accompagné mon frère et d'autres médecins chez quelqu'un de leurs malades qui refusait de boire une potion ou de se laisser amputer ou cautériser par le médecin. Or, tandis que celui-ci n'arrivait pas à les persuader, je l'ai fait moi, sans autre art que la rhétorique. Qu'un orateur et un médecin se rendent dans la ville que tu voudras, s'il faut discuter dans l'assemblée du peuple ou dans quelque autre réunion pour décider lequel des deux doit être élu comme médecin, j'affirme que le médecin ne comptera pour rien et que l'orateur sera préféré, s'il le veut. Et quel que soit l'artisan avec lequel il sera en concurrence, l'orateur se fera choisir préférablement à tout autre ; car il n'est pas de sujet sur lequel l'homme habile à parler ne parle devant la foule d'une manière plus persuasive que n'importe quel artisan. Telle est la puissance de la rhétorique. «

PLATON.

Remarque

Dans la première partie du dialogue, Socrate et Gorgias discutent pour définir la fonction exacte de la rhétorique, dont Gorgias fait profession. Le texte constitue l'une des réponses que fournit à Socrate son interlocuteur.

1 - Les idées principales

a) L'art de persuader

La question de Socrate (de formulation ironique) permet à Gorgias de préciser quelle est selon lui la puissance de la rhétorique. Celle-ci se présente, en une première approximation, comme un art de persuader, c'est-à-dire d'obtenir l'assentiment d'un interlocuteur sans autre technique que la parole. Telle est la signification de l'exemple choisi par Gorgias devant un malade qu'il faut persuader, le rhéteur sera mieux armé que le médecin, parce qu'il fera un usage plus adapté du langage.

platon

« b. Gorgias fait apparaître, sans le dire explicitement, le problème de l'articulation entre la domination et lesprincipes qui la justifient.

Dans la suite du dialogue, Socrate soutiendra, contre Polos, le paradoxe (apparent) du malheur du tyran, si ce dernier détient un pouvoir injuste ou usurpé.

Gorgias, comme les autres interlocuteurs du dialogue, soutient, au contraire, que seule compte la puissance, indépendamment des conditions de son exercice.

Ce problème se retrouve posé chez lesphilosophes modernes, de Machiavel à Rousseau et au-delà. c) La puissance de la séduction La rhétorique, méprisée par Socrate parce qu'illusoire et moralement laide, est-elle pourtant absolument condamnable ? De nos jours, les hommes politiques utilisent des formes modernes de rhétorique pourpersuader leurs électeurs : la publicité politique est-elle autre chose qu'une rhétorique au sens de Gorgias ? Est-elle condamnable ? Telle est l'une des questions directement pratique que l'on peut extraire du texte. c) Persuader et convaincre La condamnation de Socrate prend son origine dans le fait que la rhétorique n'apprend rien, mais tire sa puissance de l'ignorance de la foule, qu'elle encourage.

Elle dénonce clairement le danger démagogique dudiscours politique, et plus généralement de la parole comme moyen de séduction.

On peut se demander,cependant, si l'analyse de Socrate n'est pas trop sévère, et si le propos de Gorgias ne renferme pas quelque aspect positif.

En effet, l'art de persuader n'est pas nécessairement inutile,comme le montre l'exemple choisi par Gorgias : que serait l'art du médecin s'il nepouvait convaincre son patient de subir les traitements qu'il lui prescrit ? On connaît les fragments des Pensées où Pascal ne répugne pas à user des moyens de la rhétorique pour convaincre son lecteur.

Suffit-il de détenir la vérité, ou faut-il encore la présenter de façon acceptable àson interlocuteur ? Art de persuader et art de convaincre ne sont pas nécessairement antagonistes, ilspeuvent très bien se compléter.

En réalité, comme le fait remarquer Gorgias, le rhéteur n'est pas obligé d'abuser de son art, et les usages excessifs qui peuvent en être faits, ne sont pasà imputer à la rhétorique. C'est seulement la conception très particulière de la vérité selon Socrate qui le conduit à cette position très tranchée.. »

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