Devoir de Philosophie

La poésie au 20ème siècle

Publié le 18/04/2011

Extrait du document

Au XXème siècle, le poète acquiert un nouveau statut et une nouvelle fonction :

 

Le poète assume son statut marginal et réussit à le concilier avec une vie ordinaire ; il travaille avec d’autres artistes (peintres, musiciens…)

 

Chaque poète est libre de créer comme il veut

 

Le poète fait partie d’un mouvement collectif littéraire et politique (sympathie pour le communisme) ; Provocateur, il fait de la poésie un art de vivre : passivité (« Lit et ratures »), ouverture à l’insolite et à la nouveauté, esprit de créativité, amitié et amour, liberté, engagement.

 

Le poète est un homme ordinaire, intégré à la société, discret, qui trouve dans la poésie une autre façon d’être lui-même ; parfois reconnu par les media : Printemps des Poètes, poèmes adaptés en chansons.

 

De plus, la poésie elle-même se voit assimilée à de nouveaux mouvements et une nouvelle fonction :

 

L’Esprit nouveau

 

La modernité crée de nouvelles réalités (urbanisation, progrès techniques, découverte des pays étrangers avec leur culture, peinture cubiste et abstraite…) auxquelles la poésie cherche à s’accorder : refus des « écoles » poétiques, modernisation des formes

 

DADAÏSME et SURRÉALISME

 

Après la 1ère GM, sous l’influence de Freud, le dadaïsme (démolition du sens et du langage), puis le surréalisme cherchent à changer la poésie en se libérant de la raison au moyen de toutes les formes de création : peinture, sculpture, photo, cinéma, écriture automatique. Son programme est « l’exploration de ces continents inconnus que sont l’inconscient, le merveilleux, le rêve, les états hallucinatoires »

 

Plus de mouvement

 

 

 Le Rap et le Slam suscitent également des évolutions intéressantes avec une priorité donnée au rythme et à la parole dite plutôt que chantée.

On peut finalement noter quelques formes et thèmes apparus au XXème siècle :

 

 La poésie moderne

 

- thèmes de la ville, du train, de l’avion, de l’électricité, des pays étrangers

APOLLINAIRE Alcools 1913

CENDRARS La prose du transsibérien

- thème de l’amour associé au concret, au réel : APOLLINAIRE Poèmes à Lou

- formes modernes : absence de ponctuation, vers libres, calligrammes, lyrisme très personnel…

 

 La poésie surréaliste

 

- thèmes du rêve, de la magie, de la liberté, du désir, de la folie, du hasard, de la femme.

BRETON, SOUPAULT, ELUARD, REVERDY, DESNOS

- formes : jeux sur les mots, les sons, associations inattendues, créations dues au hasard (cadavres exquis)

 

 La poésie contemporaine

 

- thèmes des réalités quotidiennes : PONGE

- thèmes liés au langage et à la création : QUENEAU, PREVERT

- thèmes d’actualité

- formes : humour, dérision, sobriété, diversité, lien avec la chanson et la musique, lyrisme humble, ouvert sur le monde : CADOU, ROY, SIMÉON, SERRE.

 

 

En Prose

 

 

1. Temps et lieux.

 

Le poème en prose naît officiellement en 1842 avec la parution de Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand. Cependant, il a eu des précurseurs tels que Évariste Parny (1753-1814) avec les Chansons madécasses (1787), Alphonse Rabbe (1786-1829) avec l'Album d'un pessimiste (1835) et le poète allemand Novalis (1772-1801) avec les Hymnes à la Nuit (1800, écrits en vers et en prose).

Le poème en prose existe plus que jamais aujourd'hui, après avoir connu un essor considérable à travers le monde à partir des années soixantes.

Apparu en France, le poème en prose est resté longtemps le domaine des poètes français. Ce n'est qu'au XXe siècle que sa pratique s'est répandue peu à peu hors de France: en Europe de l'Est et de l'Ouest, en Scandinavie, en ex-Union Soviétique, en Amérique du Nord et du Sud et même au Japon.

 

2. Auteurs et œuvres.

 

Aloysius Bertrand (1807-1841), Gaspard de la nuit.

Charles Baudelaire (1821-1867), Le Spleen de Paris.

Arthur Rimbaud (1854-1891), Illuminations.

Max Jacob (1876-1944), Le Cornet à dés.

Pierre Reverdy (1889-1960), Plupart du temps.

Francis Ponge (1899-1988), Le Parti pris des choses.

Jean Tardieu (1903), La Part de l'ombre.

Maurice Chapelan (1906), Amoralités familières.

René Char (1907-1988), Le Nu perdu.

Günter Eich, poète allemand (1907-1972), Rêves.

Robert Bly, poète américain, The Morning glory (1975).

Helga Novak (1935), poète allemand, Palisaden.

Certains des recueils cités ne contiennent pas que des poèmes en prose.

 

3. Définition et fonction dans la société.

 

Le poème en prose (comme le vers romantique et, plus tard, le vers libre) est né d'une révolte contre les règles contraignantes, tyranniques du poème en vers classique. En l'affranchissant des conventions de la métrique et de la prosodie, le poème en prose a permis au poète d'explorer de nouvelles terres langagières, hors de la raison et de la logique traditionnelle. Le poète a découvert dans la prose de nouveaux rythmes, de nouveaux moyens d'expression qui donnent la possibilité de mettre en forme une vision du monde inédite, originale, en accord avec la complexité de l'époque moderne. Le rêve et le fantastique, grâce à la forme souple et libre du poème en prose, prennent enfin une place importante en poésie. Cette exigence relative autant à la forme qu'au but recherché montre bien que la liberté du poème en prose ne correspond pas à un laisser- aller esthétique. Le poème en prose est la manifestation d'un esprit d'individualisme qui refuse les principes d'un monde établi. Sa principale fonction historique a été d'attirer l'attention sur la crise des valeurs et des formes en littérature, mais aussi dans la société en général; il a témoigné (et témoigne encore) du désordre de l'époque moderne. Le poète qui pratique ce genre littéraire (très peu de poètes le pratiquent de manière exclusive), malgré le rôle important qu'il joue, est considéré comme un marginal. Il n'a pas beaucoup de lecteurs en raison du caractère déconcertant de son art.

4. Origines et postérité.

 

Origines.

Le poème en prose a été rendu possible grâce à la déversification de la poésie. La publication, au XVIIIe siècle, de nombreuses traductions françaises de poèmes d'auteurs étrangers avait fait prendre conscience d'une chose capitale: la rime et la mesure ne sont pas tout dans un poème; celui-ci, même sans les rimes et la mesure de la version originale, peut avoir de la valeur. La prose avait réussi à intégrer des cadences et des thèmes poétiques de chansons et de ballades: la poésie pouvait donc exister hors des contraintes du vers. Le poème en prose à ses débuts est proche par sa régularité de la poésie en vers traditionnelle. Les poèmes d'Aloysius Bertrand se présentent en effet sous la forme de couplets (en général, il y en a six) de longueur à peu près égale. Mais ce qui comptait pour les premiers auteurs de poème en prose, c'était d'éviter de faire de lui un substitut, un dérivé du poème en vers. Ils voulaient créer un genre littéraire à part entière, jouissant d'une complète autonomie.

 

Postérité.

Le poème en prose au XIXe siècle avait un caractère métaphysique très marqué. Chez Baudelaire et surtout chez Rimbaud, le poème en prose représentait un moyen d'explorer l'univers infini du Moi et de se rapprocher d'une réalité supérieure, à laquelle l'ancienne poésie ne pouvait accéder, à cause de l'emprise de la raison et de la logique traditionnelle. Depuis le début du XXe siècle, le poème en prose s'est beaucoup transformé et diversifié. Il a accueilli l'humour et l'insolite (cf. Max Jacob) et s'est mis de plus en plus à l'écoute des intimes et infimes manifestations de la réalité concrète, prosaïque. Cette tendance, que l'on trouvait un peu déjà chez Baudelaire et Rimbaud, s'est accentuée durant les cinquante dernières années (auteur important: Francis Ponge).

 

Liens utiles