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LA POESIE AU XVIIIe SIECLE

Publié le 16/05/2011

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poesie

1719 Houdar de La Motte, Fables nouvelles 1723-36 J.-B. Rousseau, Odes, Cantates 1728 Voltaire, La Henriade 1734 Gresset, La Chartreuse 1734-37 Voltaire, Discours en vers sur l'Homme 1736 Voltaire, Le Mondain 1734-63 Le Franc de Pompignan, Poésies sacrées 1748 Louis Racine, La Religion 1766 Léonard, Idylles morales 1769 Saint-Lambert, Les Saisons 1772 Gilbert, Le Poète malheureux 1778-81 Parny, Poésies érotiques 1780 Delille, Les Jardins 1794 Chénier, Iambes

poesie

« XVIIIe siècle, la faillite du pouvoir est assez évidente pour que ce qui avait pu un moment donner l'illusion de lagrandeur ne paraisse plus que mensonge et convention.

La poésie de Corneille et celle de Racine elles-mêmesn'échappent pas toujours aux accusations, plus ou moins nettement formulées, de grandiloquence etd'invraisemblance.

Parfois c'est la notion même de poésie versifiée qui est mise en cause.

Houdar de La Motte neva-t-il pas jusqu'à traduire en prose le premier acte de Mithridate afin de montrer que la tragédie y gagnerait enclarté et en force ? Fénelon de son côté, reproche à la rime de défier la raison et, par ses exigences, de faire passerle fond après la forme.

De telles conceptions supposent évidemment que le poète ne soit plus un « faiseur » usantde la référence mythologique comme d'un code accessible seulement aux initiés pour parer le réel de faussescouleurs, mais un homme qui participe au combat philosophique et dont l'art ne doit plus être un « beau mensonge »mais une arme efficace.

Dès lors, « l'enthousiasme », la « fureur » que feignent d'éprouver les versificateurs,fussent-ils les moins doués, doivent céder le pas à la « Raison » qui permet de dénoncer les préjugés et d'exposerune conception du monde et de la vie conforme aux impératifs de la Justice et de la Liberté.Ainsi on le voit, sont posés les principes d'une poésie militante à la fois réaliste, utile et accessible à tous.

Maisparce qu'ils n'ont pas su voir que le formalisme, la convention d'une certaine poésie ont avant tout des causespolitiques et non esthétiques.

parce qu'ils ont rendu l'art des vers et le choix des images responsables des faiblessesde la poésie du « Grand Siècle » alors qu'ils n'en étaient que l'illustration, la plupart des théoriciens du XVIII° ont dumême coup condamné la nouvelle poésie à la pauvreté esthétique (donc à l'inefficacité) en voulant qu'elle soitproche de la prose et qu'à la limite plus rien ne puisse l'en distinguer.

En d'autres termes, une des causesessentielles de la sécheresse poétique du « Siècle desLumières », vient de l'incapacité des penseurs de la bourgeoisie à cerner le domaine spécifique de la poésie tout enlui assignant des buts progressistes.

Critiquant la « faux ampoulé » du style Louis XIV, ils n'ont pu lui substituer quedu « vrai prosaïque ».Certains comme Voltaire, ont bien pressenti que le domaine de la poésie n'était pas seulement celui de la raison maisaussi celui de la sensibilité, de l'imagination, du coeur.

Pour lui le vrai poète est celui qui sait créer dans un état «d'enthousiasme raisonnable » (Dict.

Philos, Art.

« Enthousiasme »).

En fait, chez lui encore la raison l'emportelargement et la rime seule lui parait suffire à assurer la spécificité de la poésie en produisant une certaine harmoniequi parle au coeur : « Le génie de notre langue est la clarté et l'élégance : nous ne permettrons nulle licence ànotre poésie qui doit marcher comme notre prose dans l'ordre précis de nos idées.

Nous avons donc besoin du retourdes mêmes sons pour que notre poésie ne soit pas confondue avec notre prose.

» (Préface d'OEdipe, 1730).D'autres théoriciens, comme Louis Racine, Vauvenargues et surtout Diderot font preuve de plus de hardiesse. La responsabilité des théoriciens n'est pas seule à mettre en cause.

D'autres facteursméritent en effet d'être considérés.

Les conditions mêmes de la lutte des classes auXVIIIe siècle et d'une manière générale, avant 1789, l'absence d'événementsspectaculaires, ne pouvaient guère favoriser l'éclosion d'un génie poétique authentiquequi eût réellement concilié l'enthousiasme et la raison, l'efficacité et l'émotion et qui, parson exemple, eût montré la voie.

On connaît les réflexions désabusées d'un Voltaire : « LeFrançais n'a pas la tête épique » ou encore : « De toutes les nations polies la nôtre estla moins poétique ».Plus révélatrice est l'opinion de Diderot : « La poésie veut quelque chose d'énorme, debarbare, de sauvage...

Le siècle d'or e0t produit une chanson peut-être, ou une élégie.La poésie épique et la poésie dramatique demandent d'autres mœurs...

des événementsextraordinaires.., des désastres...

des malheurs ...».Or, le combat que mène la bourgeoisie contre le féodalisme se déroule surtout sur le plandes idées.

Peu de hauts faits et de héros, du moins tels qu'ils puissent inspirer un poète.D'ailleurs, faut-il s'en étonner ? le sens même de ce combat n'apparaît pas toujoursclairement et beaucoup se compromettent avec l'ennemi.

Celui-ci enfin, pour une largepart, continue à faire et à défaire les renommées et, à sa pression plus ou moins directe, s'ajoute, à l'intention desesprits rebelles, le poids d'une censure tâtillonne.Ainsi se trouvent taries les sources de l'épopée, du lyrisme impersonnel et de la grande satire.

Le poète en estréduit à « gonfler » des sujets très minces ou à tenter de faire revivre laborieusement quelque grand événement dupassé.

De là également l'abondance d'oeuvres mineures visant à satisfaire la demande des salons.Le lyrisme impersonnel se réfugie sur le terrain religieux avec les Odes et les Cantates de J.B.

Rousseau (1671-1741), de Lefranc de Pompignan (1709-1784), de Louis Racine (1692-1763), de Gilbert (1751-1780).

En ce quiconcerne l'épopée, longue lut la polémique qui opposa, dans le premier tiers du XVIIIe siècle, les partisans dumerveilleux chrétien à ceux du merveilleux païen.

On sait comment Voltaire, dans sa Henriade (1728), tenta dedonner une solution à ce problème.

La poésie satirique, pour sa part, est surtout représentée par la multituded'épigrammes qui vit éclore le XVIIIe siècle dans tous les milieux et sur tous les sujets.

Voltaire bien sûr mais aussiPiron (1689-1773), J.B.

Rousseau, Ecouchard-Lebrun (1729-1807) se distinguèrent particulièrement dans le genre.La poésie de salon, enfin, dont les élégies, pastorales, impromptus, madrigaux, etc., célèbrent les charmes d'unépicurisme raffiné est représentée par des poètes comme Chaulieu (1639-1720), La Faye (1644-1712), Fontenelle,Saint-Aulaire (1643-1742), La Faye (1647-1731), Grécourt (1683-1743).

Bernis (1715-1794), Dorat (1734-1780),Boufflers (17381815), Gresset (1709-1777), Gentil-Bernard (1710-1775), pour ne citer que les principaux.Enfin cette analyse serait incomplète si elle négligeait le rôle de la tradition, particulièrement important en ce quiconcerne la poésie.

Certes, nous l'avons vu, les théoriciens bourgeois du début du siècle n'ont pas hésité à critiquercertains aspects de la poésie du XVIIe, y compris des oeuvres les plus consacrées.

Mais la grande majorité despoètes du XVIII° et ces théoriciens eux-mêmes, quand ils se transforment en praticiens, restent fidèles auxexemples donnés par les écrivains du « Grand Siècle ».

Le prestige de Corneille et de Racine ne fut jamaissérieusement atteint et c'est alors que Boileau apparut comme « le Régent du Parnasse ».

Ainsi s'explique lapersistance tout au long du XVIII° siècle d'un style poétique dit « néo-classique » et présentant tous les défauts,. »

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