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La politesse est-elle une hypocrisie ?

Publié le 08/10/2005

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« Par le fait que les hommes jouent ces rôles, les vertus dont, pendant longtemps, ils ne prennent que l'apparence concertée, s'éveillent peu à peu et passent dans leur manière « (Kant). L'apprentissage de la politesse apparaît ainsi comme une condition nécessaire à l'acquisition de la morale.    

III - La sincérité de la politesse  

-         La politesse n'est pas seulement coercitive, elle n'est pas qu'une norme, une règle imposée de l'extérieur par la société ou l'éducation. En effet la politesse peut partir du sujet : elle est alors un choix, un acte de liberté, et non plus seulement une norme subie. Elle reste contraignante, puisqu'elle est toujours une règle, mais une règle à laquelle je choisis d'adhérer et qui, par conséquent, ne m'ampute pas de ma liberté. Ce choix se fait sur la base d'une réflexion, c'est-à-dire que la politesse est pensée et non plus seulement reçue, je la fais mienne jusqu'à en oublier qu'elle est un produit de l'éducation. Dès lors je ne suis plus poli parce que j'ai été éduqué ainsi, mais parce que dans la politesse réside ce que Kant appelle le « sens de l'humanité «, comme une bienveillance spontanée à l'égard d'autrui. Il s'agit ici d'une politesse sincère, mue par la volonté d'accueillir l'autre dans ma subjectivité, au-delà de la place artificielle que lui réserve la norme sociale.

-         On peut donc distinguer deux sortes de politesse : la politesse « étiquette «, rigide, mécanique et hypocrite, mondaine dirons-nous, et ce que Bergson appelle politesse « de coeur «, qui consiste à ménager la sensibilité d'autrui et suppose « une connaissance approfondie du coeur humain «.

La politesse est une composante essentielle de la vie en société, qu’elle contribue à régler. Elle définit pour chacun une façon de se comporter qui lui permette de vivre en communauté. Plus qu’une simple option, la politesse est une exigence sociale (on apprend à un enfant la politesse, parce qu’un adulte impoli est socialement mal considéré). Pourtant, si on la considère dans son contenu, la politesse semble n’être qu’un art de faire illusion, de sauver les apparences, bref une hypocrisie (lorsque nous disons « bonjour « à quelqu’un, lui souhaitons-nous sincèrement de passer une bonne journée ?). Souvent nous ne pensons pas à ce que nous disons,  nous sommes polis par habitude ou par intérêt, indistinctement envers tout le monde. Si la politesse n’est qu’hypocrisie, l’impoli devient alors un modèle d’honnêteté, qu’il est légitime de préférer à la politesse hypocrite.

            Peut-on cependant envisager une société où la politesse ferait défaut, autrement dit n’y a-t-il pas une nécessité de la politesse en dépit de l’hypocrisie dont on l’accuse ?

            Enfin, ne peut-on penser une politesse qui permettrait de vivre en société sans être hypocrite, une politesse sincère dans son rapport à l’autre ?

 

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