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La politique est-elle une affaire spécifiquement humaine ?

Publié le 27/02/2008

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Analyse du sujet   La politique est la quête et l'exercice de l'autorité publique au sein de la communauté des citoyens. Aristote a défini l'homme comme un animal politique, autrement dit comme un vivant pour lequel l'existence politique constitue une possibilité d'existence éminente. Seuls des êtres libres, égaux et capables de délibérer en commun du juste et de l'injuste, sont en effet considérés par les Grecs comme dignes du statut de citoyen. Les barbares, les esclaves, les animaux domestiques, dominés par un maître et privés du libre usage de leur raison, sont condamnés à une forme de vie infrahumaine. C'est dire que non seulement la politique est le propre de l'homme, mais qu'en outre les sociétés humaines ne se hissent pas toutes, ou pas toujours, au niveau d'une organisation proprement politique. Or, c'est précisément ce présupposé selon lequel la politique serait spécifiquement humaine qu'il faut ici interroger. Car, en effet, ne peut-on pas, en droit sinon en fait, penser un exercice politique qui ne soit pas le fait des hommes ? Pensons ainsi à la monarchie de droit divin : qui est-ce qui au fond, en la personne du roi, devait réellement gouverner sinon le dieu ? La politique humaine n'est-elle pas qu'une pâle copie de la perfection dans l'exercice politique propre au divin ? Dire que la politique est une affaire spécifiquement humaine c'est en réalité, du même coup, proposer une définition de l'homme lui-même, à savoir comme étant un vivant - et le seul vivant - proprement politique. Or, cette définition de l'essence de l'homme est-elle pleinement satisfaisante ? L'exercice politique n'est-il pas rendu possible par  autre chose, qui le précèderait toujours déjà ? Et qui du même coup définirait plus spécifiquement l'homme en tant que tel (et dont l'exercice politique ne serait plus que l'expression, la traduction dans les faits - elle en serait un effet mais non pas une cause). C'est donc sur la nature de l'essence même du politique que notre étude doit se porter, mais c'est aussi a fortiori sur celle de l'homme en tant que l'on cherche ce qui peut bien le définir en propre.   Problématique               Est-ce en invoquant l'activité politique que l'on peut définir l'essence propre de l'homme, c'est-à-dire encore le distinguer des autres vivants, tels que les animaux, mais encore que l'on peut le distinguer de Dieu ? Que signifie donc pour l'homme d'être un vivant politique ? En découvrant la nature de la politique, c'est au fond celle de l'homme qui va apparaître au jour.

« La raison appartient alors au politique, elle en est l'instance, et c'est une anthropologie politique quenous livre Aristote.

Dès lors la politique est ce qui touche l'homme dans son essence même, elle estce qui fait partie de lui et de son rapport au monde et aux autres. II.

La spécificité de la spécificité de la politique comme proprement humaine à la lumière d'un pouvoir divin · Si donc, en tant qu'on l'a comparé aux « sociétés » animales qui ne sont jamais politique – puisque celle-ci est affaire de raison et non pas d'instinct – il apparaît que la politique estspécifiquement humaine.

Pourtant, il ne faut pas oublier celui qui pourrait être souverain, à savoir ladivinité. · Dans le Politique, Platon tente de définir la nature justement de l'activité politique.

Or, pour lui, à l'origine, le troupeau des hommes était guidé par un pasteur qui n'était autre que le dieu lui-même.

Eneffet, c'est par un mythe que Platon opère son analyse : il fait appel à un état de l'histoire du mondedans lequel les hommes étaient gouvernés par les dieux pasteurs d'un troupeau humain ; or cet étatest révolu : les gouverneurs aujourd'hui ne sont pas des dieux.

S'annonce alors la nécessité, pour lacommunauté humaine, de vivre dans un certain rapport au divin pour vivre dans la perfection dont elleest capable.

Cette définition du politique comme pasteur du troupeau humain insatisfaisante mais pasfausse.

Elle est insatisfaisante par qu'elle correspond à un certain âge d'or de la politique, âge d'or quin'est plus de mise aujourd'hui.

Il semble alors que, au moins de droit (puisqu'en fait il semble que ledieu se soit retiré de la gouvernance du troupeau) la politique n'est pas une activité spécifiquementhumaine.

Il semble au contraire que ce soit une activité que l'homme non seulement partage avec ledieu mais encore qu'il faille que ce même homme se rapproche au plus près de la perfection de lagouvernance divine d'autrefois.

Le politique, ici, ne se pense pas sans référence à un modèle divin quinon seulement lui préexisterait mais en plus lui serait nettement supérieure en perfection. · Le dialogue fait la preuve de son aptitude savante et aussi de son utilité civique.

Le politique dit que la philosophie est la seule connaissance, la seule science, le seul discours à même de définir levrai politique, or celui-ci est la condition de l'excellence et du bonheur de la cité ; moyennant quoiseule la philosophie est capable de donner à la cité ce dont elle a besoin pour être vertueuse etheureuse.

Elle est la plus à même de forger ce qui convient aux mœurs humaines, à leur formation,parce qu'elle connaît les modèles d'excellences auxquels les mœurs doivent être soumises.

La citéatteint l'excellence qui lui est propre, la justice, lorsque les éléments qui la constituent sont disposésde façon à ce que chacun puisse accomplir sa fonction propre.

La politique est définie comme unetechnique d'usage directive qui gouverne toutes les activités dans la cité et qui tient son autorité deson aptitude savante à forger l'unité de la cité et qui la réalise.

La philosophie aura fait ladémonstration de son aptitude à définir ce qui manque à la cité pour être juste et vertueuse et que lepolitique véritable c'est le philosophe véritable.

Cette définition est le résultat d'un certain nombred'hypothèses. · Autrement dit, ceux qui sont vraiment aptes à gouverner sont ces philosophes sages, savants, c'est-à-dire encore ceux qui sont le plus proche de la divinité.

L'activité politique ne semble donc passpécifiquement humaine, d'autant plus qu'elle semble par-là emprunter son modèle archétypal au divinet non pas à la communauté humaine elle-même. III. La politique comme activité spécifiquement humaine en tant qu'elle est la source de la raison et l'expression de la liberté de l'homme, même imparfaite · Pourtant, la politique ainsi définie précédemment, même si elle a parfois cherché à se fonder sur un modèle divin, reste cependant proprement humaine dans son imperfection même.

celle-ci témoigneà la fois de la présence en l'homme de la raison, mais elle est aussi, et du même coup, l'expression desa liberté en tant qu'elle chercher à rendre compatible l'individu en tant qu'unique et singulier etl'individu en tant que citoyen. · Ainsi, Rousseau met en place dans le Contrat Social, le concept de volonté générale : celle-ci est l'union des hommes sous le contrat social, l'accord de chacun avec tous.

Dès lors, toute loi estl'expression de la volonté générale, c'est-à-dire l'expression de chacun, au sein de la communauté.

Enacceptant une loi et en s'y soumettant, la volonté générale ne fait que manifester le choix de chaqueindividu, étant la réunion de ces individus.

La loi est alors compatible avec la liberté, dans la mesureoù elle fait l'objet d'un choix unanime.

J'obéis à la loi et Je la fais.

Dès lors, quand j'obéis à la loi, jen'obéis en fait à personne dans la mesure où je m'obéis à moi-même.

La politique est l'expression dema liberté, elle est obéissance à une loi que l'on s'est soi-même prescrite, au travers de la volontégénérale.

Les lois sont alors les manifestations mêmes de la liberté.

La volonté générale est alors cetintérêt commun qui unit les hommes, les citoyens au sein d'une même communauté.

Elle est cettecommunauté d'intérêt qui manifeste au mieux la liberté de chacun.

C'est en ce sens que la politiqueest spécifiquement humaine, c'est-à-dire en tant qu'elle consiste en l'expression de la libertéintrinsèque de l'homme.

Elle apparaît en effet comme actualisation de l'humanité en l'homme puisqu'ellelui donne les conditions de possibilité de l'exercice de la raison et de sa propre liberté.

La politique estdonc une sorte d'activité qui, en tant qu'on la considère comme spécifiquement humaine, apparaîtcomme une sorte de persévérance dans son être : elle est condition d'une dynamique, moteur deprogrès.

Et c'est cette dimension presque créatrice de l'homme par lui-même qui constitue ladimension proprement humaine de la politique.

Il a besoin de la politique pour se définir comme un. »

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