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La politique n'est-elle qu'un simple savoir-faire ?

Publié le 11/01/2004

Extrait du document

Car il y a force et force. Chaque animal dans le nature est ce qu'il est. Les espèces le font différent. Mais l'animal en l'homme est multiple. D'où cette extraordinaire galerie d'animaux : le loin, le loup, le renard. Tant qu'à être, la vanité du Prince se satisferait d'être lion, le roi des animaux. Mais dans la tripartition des animaux que propose Machiavel, seule l'alliance, si disparate, du lion et du renard permet de triompher. Car deux types d'obstacles sont présents. On connaît toujours plus fort que soi. C'est le cas du lion qui ne sait, par sa taille même, se dépêtrer des filets (des « rets ») des chasseurs.

« mais ce savoir se structure selon un principe qui est celui de la division (une dualité) qui est celle même des êtresvivants dans la nature : l'homme d'une part (dans son unicité), les animaux d'autre part (les bêtes dans leurdiversité).

Chacun a sa manière de combattre (car gagner ou garder le pouvoir est un combat) qui lui est propre(particulière, qui lui appartient e propre).

D'un côté les lois (intitulées dans leur diversité par « les »), d'un autre la force (unique –malgré la diversité des acteurs : les bêtes). Ce qui est propre n'est ni totalement efficace (« la première bien souvent ne suffit pas »), ni exclusive (« il faut recourir à la seconde »).

On aurait pu s'attendre au contraire que la manière de combattre propre à l'homme (« les lois »), puisqu'elle lui est propre, soit recommandée (au niveau moral) comme exclusive, qu'elle soit (par principe moral) la seule prônée (et que corollairement la seconde manière de combattre, si elle demeure possible, soitcependant écartée, interdite, condamnée). 2) Ce n'est pas le cas.

Parce qu'il ne s'agit pas ici de morale (le respect d'un principe, doublé d'un interdit) mais d'action.

Et celle-ci tout entière située dans le domaine du pratique, et non pas du théorique, ou bien triomphe, ou bien échoue, selon une loi qui est celle dutout ou du rien.

D'où l'idée implicite d'un maximum qu'il faut mettre en oeuvre et de là l'expression : « ne suffit pas ».

Comme ce qui est propre à l'homme (dans la manière de combattre) est le recours aux lois, il faudra ajouter, dès que le besoin, un surplus, que l'hommepuisera dans son propre fonds, qui est celui de l'animal qu'il continue (secrètement) de porter en lui.

Car le recours (lorsque l'usage dupropre « ne suffit pas ») à la force n'est pas un recours à quelque chose d'étranger ou d'extérieur à l'homme.

Le secret que nous révèle Machiavel , c'est que dans l'homme civilisé (celui qui habite les cités, qui institue les lois), il y a une énergie terrible, en réserve, qui est celle de la bête que nous portons en nous – et qui ajoute à la force insuffisante des lois (« la première bien souvent ne suffit pas »), la force décisive de la nature. Mais cela ne peut se dire à tous, car l'homme, en toute occasion, cherche à paraître homme (en prônant le respectdes lois), et donc cache au plus haut point l'animalité qui est en lui.

Machiavel expose donc une vérité (ou plus exactement la vérité, qui n'est pas bonne à dire).

Face à un type de discours truqué, qui est le discours dominant,moralisateur, qui affirme (au mépris du réel) qu'il faut réprimer l'animalité en nous (sans se soucier d'efficacité).

Faceà un type de discours amputé qui n'ose pas aller jusqu'au bout et dire l'intolérable de l'extrême.

Face à un type dediscours voilé qui se refuse à révéler le secret de notre double dimension. Ici au contraire Machiavel parle en toute clarté, parce qu'il écrit à un seul au Prince (on sait que le livre intitulé « Le Prince » ne sera pas publié comme tel qu'après la mort de l'auteur...) et que son discours est un texte d ‘éducation.

D'où la formule du maître qui transmet son savoir et qui dicte au Prince (son élève potentiel), en une tournure impersonnelle, la conduite à tenir : « [Il] est nécessaire au Prince de bien savoir... » Mais ce savoir de Machiavel n'est pas seulement puisé dans l'expérience méditée sur l'histoire de son temps.

Il est nourri de la lecture continuelle des auteurs de l'Antiquité (« les anciens auteurs ») dont la leçon est à déchiffrer, car leur secret, qui n'a pas à être connu du commun des mortels est « voilé ». D'où l'interprétation, que fournit Machiavel , qui révèle le sens caché de cette fable mythologique racontée par différents auteurs selon laquelle Achille (dans l' « Illiade ») reçut son éducation d'un centaure (« mi-homme, mi- bête »).

Savoir doublement confirmé – par le moderne et l'antique – qui nécessite toujours d'aller au-delà : au-delà de la diversité des expériences, pour dégager des principes ; au-delà des fables et des mythes, pour dégager lesens implicite.

Ainsi, Machiavel ne prétend rien dire de neuf.

Il suffit d'observer le présent (pour comprendre), de lire les anciens (pour entendre).

Le secret est ancien (« cette règle fut enseignée aux Prince s »), et permet de comprendre l'actuel, il est efficace (on connaît la gloire d'Achille et ses combats victorieux), et peut être repris.Laurent II de Médicis sera un nouvel Achille , Machiavel se veut un nouveau Chiron . Encore que Machiavel ne prétende pas être un précepteur (qui a besoin de temps pour transmettre son savoir).

La situation historique ne le permettrait pas : Laurent II a déjà plus de vingt ans.

Le secret peut se dire d'un coup comme une règle impérative, au Prince adulte : il faut.

« Il faut savoir » dit l'attaque du texte, auquel répond « il faut qu'un Prince sache user ».

Ajuster sa pratique (« il faut qu'un Prince sache user » au savoir (« il faut savoir »), c'est être sûr de l'emporter.

Alliance nécessaire de la théorie et de la pratique, mise en place d'une pratique (« usage ») conforme à la théorie (« savoir »). Alors que jusqu'ici Machiavel parlait du recours à la force (« il faut recourir ») comme complément à l'usage des lois (« la première bien souvent ne suffit pas »), il fait maintenant allusion à un usage (équilibré ?) de « l'une et l'autre » nature.

Peut-être que le Prince ne songerait à recourir qu'à la force, cela ne convient pas (« user de l'une et l'autre nature ») – pas plus que de recourir seulement aux lois (cela, on le savait déjà...).

Mais c'est que le pouvoir n'est pouvoir qu'à exercer durablement, dans le temps.

Et qu'un coup de force ne fait le pouvoir que s'il triomphe, cad s'ilse maintient. 3) Cependant, le recours à la force (même doublé d'un recours aux lois) n'est pas suffisant.

Car il y a force et force.

Chaque animal dans le nature est ce qu'il est.

Les espèces le font différent.

Mais l'animal en l'homme est multiple. D'où cette extraordinaire galerie d'animaux : le loin, le loup, le renard.

Tant qu'à être, la vanité du Prince se satisferait d'être lion, le roi des animaux.

Mais dans la tripartition des animaux que propose Machiavel , seule l'alliance, si disparate, du lion et du renard permet de triompher.

Car deux types d'obstacles sont présents.

Onconnaît toujours plus fort que soi.

C'est le cas du lion qui ne sait, par sa taille même, se dépêtrer des filets (des« rets ») des chasseurs.

C'est le cas du renard, trop faible devant le loup.

Mais la force (ou la ruse) de l'un, sert l'autre : la force du lion élimine le loup qui prétendait attaquer le renard, la ruse du renard vient au secours du lion. »

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